Sens unique sur Saint-Vallier : malgré la contestation, la Ville va de l’avant

Mardi en fin de journée, un groupe de personnes mobilisées du quartier Saint-Sauveur s'est déplacé jusqu'à l'Hôtel de ville, afin de déposer une pétition signée par plus de 700 personnes opposées à la transformation de la rue Saint-Vallier Ouest en sens unique. Du côté de l'administration Marchand, aucun recul n'est envisagé.

Sens unique sur Saint-Vallier : malgré la contestation, la Ville va de l’avant | 17 avril 2024 | Article par Simon Bélanger

Crédit photo: Ville de Québec - Capture d'écran

Mardi en fin de journée, un groupe de personnes mobilisées du quartier Saint-Sauveur s’est déplacé jusqu’à l’Hôtel de ville, afin de déposer une pétition signée par plus de 700 personnes opposées à la transformation de la rue Saint-Vallier Ouest en sens unique. Du côté de l’administration Marchand, aucun recul n’est envisagé.

La mobilisation face au projet annoncé par la Ville en décembre dernier sur la rue Saint-Vallier Ouest se poursuit. Pour l’instant, les manifestations, pétitions et autres lettres d’appui de différentes organisations n’ont pas eu l’effet escompté par les opposants.

Le principal point de discorde demeure lié à la desserte en transport en commun. Les autobus 1, 19, 80 et 85 devront circuler à travers des rues comme Saint-Luc, Montmartre et des Oblats en direction est.

«Alors que ce projet de réaménagement a tout le potentiel d’être un vecteur de développement social et communautaire dans le quartier, on pense que la Ville actuellement rate sa cible en diminuant l’offre de transport collectif sur un axe où elle gagnerait pourtant à être bonifiée », affirme Émilie Frémont-Cloutier, animatrice sociale du TRAAQ (Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec).

De son côté, Réal Couture demeure sur la rue Saint-Luc. Il garde de mauvais souvenirs de l’été 2022, au cours duquel de nombreux autobus ont été déviés devant sa fenêtre. À ce moment, une partie de la rue Saint-Vallier était piétonne.

«Les autobus n’ont pas affaire à passer dans une petite rue résidentielle, qui a à peine la largeur de l’autobus. Normalement, il faut qu’ils restent sur les rues principales», estime M. Couture. Il s’inquiète d’ailleurs de la sécurité pour les enfants qui circuleront sur ces rues, dénotant la présence de plusieurs garderies dans son secteur.

Guerre de chiffres sur la desserte

Du côté de la Ville de Québec, on estime que la desserte en transport en commun baissera d’environ 3%. Pour l’organisme Vivre en ville, on établit plutôt ce chiffre à 35%.

« [La Ville] ne considère pas la desserte réelle, c’est-à-dire qu’elle considère qui a accès à un arrêt de transport en commun. Avoir accès à un arrêt de transport en commun, ça ne veut rien dire si on n’a pas accès dans les deux sens, si on a accès à juste une ligne », soutien Pierre-Yves Chopin, de Vivre en ville.

Un article publié par l’organisme en mars dernier ajoute que le calcul derrière le 3% ne tient pas compte de la «desserte combinée liée au nombre de parcours passant aux arrêts». On peut aussi y lire que l’on se base sur une distance seuil de 400 mètres. Celle-ci équivaudrait à six minutes de marche pour des personnes ayant plus de difficultés à se déplacer.

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« Sous une apparence de résilience environnementale, le projet priorise le stationnement et le verdissement, tout en ignorant la réalité sociale, historique et géographique du quartier. En renonçant à la possibilité de faire circuler des bus dans les deux sens sur cette voie centrale du quartier, le projet de conversion à sens unique renonce à toute perspective d’amélioration de transport en commun pour les prochaines décennies et c’est ça qui est grave », ajoute M. Chopin.

Il estime qu’il est encore temps pour la Ville de faire marche arrière dans ce dossier.

Consultations «de façade», selon le CCCQSS

De son côté ,Cyane Topalovic-Tremblay, coordonnatrice du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), estime que le processus de consultation n’a pas permis de tenir compte des besoins et préoccupations des citoyens.

«Malgré les affirmations de nos représentants municipaux, les soi-disant efforts de consultation étaient en réalité des façades pour légitimer des décisions qui étaient déjà prises à l’interne. La vraie consultation citoyenne nécessite un dialogue ouvert et inclusif, ce qui a cruellement fait défaut dans ce cas-ci», accuse-t-elle.

Réal Couture, résident de la rue Saint-Luc, Cyane Topalovic-Tremblay, du Comité des citoyennes et citoyens du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), Pierre-Yves Chopin, de Vivre en ville, et Émilie Frémont-Cloutier, du Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ).
Crédit photo: Simon Bélanger - Monsaintsauveur

La Ville va de l’avant, confirment Marchand et Lachance

Lors de la période de questions venant des citoyens, à la séance du conseil municipal, Mme Topalovic-Tremblay et Guillaume Béliveau-Côté, tous deux du CCCQSS, ont interpellé le maire Marchand sur le projet prévu sur la rue Saint-Vallier Ouest.

M. Marchand a réitéré que le projet avait passé à travers plusieurs années de rapports et de consultations. Il estime aussi qu’il ne pouvait pas répondre à tous les besoins et les demandes. Selon lui, un arbitrage devait être fait.

«Est-ce que [le résultat] est parfait? La réponse est non. Est-ce qu’il tient compte de l’ensemble des critères dont on aurait voulu tenir compte? La réponse est non. Mais on ne pouvait pas répondre à tous les critères», a répondu M. Marchand.

Il ajoute que le projet permettra de solutionner d’autres enjeux.

«À travers ça, on crée aussi une ville où les gens peuvent se rencontrer, où les commerçants peuvent vivre, avoir des terrasses des deux côtés de la rue, où on peut avoir une piste cyclable, où on est capables d’amener de l’aménagement, de la verdure, de la santé, de corriger des zones accidentogènes qu’il y a sur Saint-Vallier », énumère Bruno Marchand.

De son côté, le conseiller municipal de Saint-Roch-Saint-Sauveur, Pierre-Luc Lachance, réitère que le projet ira de l’avant, dès cet été.

«Les plans et devis sont faits. Je ne peux être plus clair que les travaux vont se réaliser tels que présentés et tels qu’établis», répond M. Lachance.

Celui-ci ajoute qu’une séance d’information sur le chantier aura lieu au mois de juin, à une date qui demeure à déterminer.

Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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