Sécurité routière : « les bonnes mesures, les plus sécuritaires, au bon endroit », dit la Ville

Pour Pierre-Luc Lachance, il n'y a rien de surprenant avec le mémoire déposé par la Ville de Québec dans le cadre des consultations de l'étude du projet de loi 48.

Sécurité routière : « les bonnes mesures, les plus sécuritaires, au bon endroit », dit la Ville | 26 mars 2024 | Article par Thomas Verret

La Ville de Québec a recours à l’affichage dynamique pour inciter les autos à ralentir près des écoles. Globalement, elle utilise une approche « personnalisée » plutôt que mur à mur.

Crédit photo: Simon Bélanger

Pour Pierre-Luc Lachance, il n’y a rien de surprenant avec le mémoire déposé par la Ville de Québec dans le cadre des consultations de l’étude du projet de loi 48.

Le conseiller responsable de la sécurité routière au comité exécutif tenait à « apporter certaines nuances » aux critiques des 9 conseils de quartiers envers le mémoire soumis par l’administration Marchand à ce sujet à l’Assemblée nationale.

M. Lachance réfute l’idée selon laquelle la Ville va à contresens des autres mémoires, en questionnant le bien-fondé d’une limite de 30 km/h en tout temps dans les zones scolaires, une mesure qu’envisage le gouvernement provincial.

« Dans notre mémoire du projet de loi 48, pour nous, il n’y a aucune surprise, dans la mesure où on ne fait pas cavalier seul comme ville, loin de là. On vient renforcer le discours qu’on a toujours tenu, d’avoir les bonnes mesures, les plus sécuritaires, au bon endroit. »

M. Lachance assure que l’administration municipale s’appuie sur une approche « scientifique et documentée », avec des mesures de sécurité routière adaptées à l’environnement urbain propre à chaque milieu.

« Ce n’est pas le panneau qui réussit à faire ralentir, ce sont les mesures autour », affirme-t-il.

La Ville mise sur des panneaux dynamiques à affichage variable, qui clignotent pour attirer l’attention des automobilistes à proximité d’une école.

L’élu de Saint-Roch–Saint-Sauveur donne l’exemple de l’école Saint-Malo, située dans un secteur aux rues très larges. Près de l’institution primaire de la rue Marie-de-l’Incarnation, la Municipalité met des panneaux à affichage variable de 30 km/h durant la période scolaire et de 50 km/h lorsqu’il y a peu de circulation d’enfants.

« Quand on met le panneau à affichage variable de 30 km/h pendant la période scolaire, à ce moment, c’est beaucoup plus respecté, parce que les gens voient le panneau flasher », avance Pierre-Luc Lachance.

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Selon lui, la crédibilité de cette stratégie « fait office d’efficacité », spécialement sur des artères achalandées comme le boulevard Charest, le boulevard Henri-Bourassa, etc.

Sécurité près des écoles : le 30 km/h, « la base »

Jeudi dernier, un regroupement de conseils de quartier critiquait le mémoire de la Ville, dans lequel celle-ci remet également en question l’instauration de zones scolaires près des écoles secondaires.

La même journée, un sondage Léger réalisé à la demande de Piétons Québec révélait que 85 % des Québécois croient que 30 km/h est la vitesse acceptable pour assurer la sécurité des enfants à proximité d’une école.

Aux yeux de la présidente du Conseil de quartier de Lairet, « une limite de vitesse ne suffit pas ». Il faut aussi « des aménagements permanents, qui envoient un message de cohabitation », comme des saillies de trottoir ou des rues moins larges.

« Sinon, les automobilistes peuvent facilement avoir l’impression que le champ est libre et circuler au-delà des limites de vitesse. Les aménagements sont le nerf de la guerre et la sécurité doit être assurée autour des écoles pour faciliter les déplacements actifs. Le maintien de la limite de vitesse à 30 km/h, c’est la base », estime Julie Tremblay-Potvin.

M. Lachance soutient, de son côté, que la Ville de Québec fait figure de précurseur dans la province, elle qui possède une stratégie de sécurité routière depuis 2007. La dernière mise à jour de 2020-2024 prévoit des investissements de 60 M$ sur cinq ans, la mise en place de corridors scolaires au pourtour des 115 écoles primaires du territoire, la construction de 45 000 mètres linéaires de nouveaux trottoirs, la révision des limites de vitesse dans les quartiers résidentiels et la correction d’une cinquantaine de sites accidentogènes.

Travaillant actuellement sur celle de 2025-2029, la Municipalité réfléchit notamment à la question des écoles secondaires et des résidences pour personnes âgées.

« On pense qu’il y a beaucoup de travail à ce niveau-là, pour notre clientèle aînée. »

Projet de loi 48 : plus d’autonomie demandée

Dans son mémoire, l’administration Marchand demande d’ailleurs plus de liberté au ministère des Transports et de la Mobilité durable, dont un contrôle autonome de la signalisation et des équipements automatisés de détection de vitesse, de feu rouge ou même pour faire respecter les voies d’autobus, en dehors de la zone scolaire.

« Présentement, ça ne permet pas à une ville d’être agile », expose Pierre-Luc Lachance.

« Beaucoup de problèmes qu’on constate se déroulent ailleurs qu’en zone scolaire. Pour nous, cette liberté d’action est donc primordiale pour être capable d’intervenir. »

« Toutes ces technologies existent. C’est pour ça que c’est important, avec le projet de loi 48, de venir positionner le fait que la Ville de Québec veut être encore plus audacieuse dans son approche. »

La Ville demande en outre l’autonomie de la gestion des sanctions administratives pécuniaires, les tickets étant actuellement gérés par le gouvernement du Québec.

« Ce qu’on dit, c’est qu’on est capable de faire notre propre contrôle automatisé et d’émettre directement des sanctions qui sortent du cadre administratif pénal, ce qui allègerait le processus en ce qui a trait à l’émission des contraventions. On aimerait que la Ville puisse faire sa propre gestion », résume le conseiller Lachance.

« On ne tape pas sur le bon clou »

Pour sa part, le Conseil de quartier de Saint-Sauveur ne sent pas d’intérêt à joindre la sortie commune de ces 9 conseils de quartier.

Sa présidente considère que la Ville de Québec amène « des points légitimes » dans son mémoire, qu’elle qualifie de « cohérent », que ses six demandes « font du sens ». Aux yeux de Myriam Nickner-Hudon, le problème, « c’est la présence de trop de chars, trop gros, qui roulent trop vite. Moins de chars, moins de dangers ».

Cette dernière dénonce entre autres le fait que le gouvernement du Québec « prévoit retirer du financement lié aux surplus des tickets des radars de vitesse », dans son projet de loi 48.

Pour elle, la loi 48, telle que prévue, est une claque au visage des municipalités, car le ministère des Transports et de la Mobilité durable et sa ministre Geneviève Guilbault entendent « revoir la gouvernance pour reprendre plus de contrôle sur les types d’actions et les revenus des villes ».

« On enlève des sous et des capacités aux villes pour intervenir sur leur territoire et priorités », résume Mme Nickner-Hudon.

« Sans pouvoir et agentivité, la ville ne peut pas régler les problèmes. C’est le citoyen qui est perdant au bout du compte », déplore la présidente du Conseil de quartier de Saint-Sauveur.

« [Les villes] ont besoin qu’on facilite la réalisation de leurs plans en finançant davantage la mobilité durable, les infrastructures et chantiers, qui vont sécuriser les lieux problématiques. »

Enfin, l’aspect des investissements nécessaires à la sécurité routière, à l’échelle de la province, ne fait pas l’objet du projet de 48, bien que le gouvernement Legault prévoit investir 168M$ dans les cinq prochaines années pour soutenir l’ensemble des municipalités, un montant que la Ville de Québec juge « insuffisant ».

Le projet de loi 48 et les différents mémoires se trouvent sur le site de l’Assemblée nationale.

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