Associer la philanthropie et les jeunes à l’art

Dans Saint-Sauveur, à la galerie d’art Yann Lemieux, la première exposition du Collectif MUSAICUM est à découvrir jusqu’au 22 décembre. Des artistes québécois présentent plus de 100 œuvres originales en forme de mosaïque. Une partie des ventes sera reversée au Fonds philanthropique Benjo pour aider les familles défavorisées du quartier.

« Musaicum vient du latin et il signifie mosaïque. Au Moyen Âge, la mosaïque est un travail consacré aux muses. On y retrouve le thème d’inspiration », confie Yann Lemieux, artiste et propriétaire de la galerie.

Pour lui, le choix du nom de l’exposition était donc logique.

« Ce titre-là, Musaicum, était intéressant, surtout quand on rassemble en même temps 36 artistes québécois. L’inspiration entre artistes a d’ailleurs toujours fait partie de l’art », affirme-t-il.

Le format était la seule condition imposée aux artistes, mais la création est restée libre.

« Tous les artistes sont réellement sortis de leur zone de confort. Ces derniers travaillent beaucoup sur des grands formats. Ici, il a fallu s’adapter à un petit format », explique M. Lemieux.

De nombreux styles sont représentés à travers ce parcours artistique.

« J’ai beaucoup misé sur cette diversité. On retrouve de l’animalier, de la sculpture très contemporaine et de l’art abstrait », précise-t-il.

« Au début, je n’étais pas certain du résultat final avec autant d’artistes différents, mais ça donne finalement un très bel éclectisme. »

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Un «atelier-galerie»

La préparation de cette exposition remonte à cet été avec des sessions d’Art Jam.

« J’ai invité des artistes à venir collaborer ensemble et le public a pu aussi y participer. J’ai pris goût à ouvrir les portes de mon atelier. Être artiste est assez solitaire comme travail », raconte M. Lemieux

Pour l’artiste, l’objectif de ce processus est de rendre plus dynamique son atelier.

« Je veux vraiment donner de la vie à mon atelier-galerie. Je souhaite plonger les gens dans la création », estime-t-il.

Chaque samedi, des artistes de l’exposition peignent en direct à la galerie.

Un projet à grande échelle

Le Collectif MUSAICUM collabore avec le Fonds philanthropique Benjo.

« Un pourcentage de toutes les ventes est remis à Benjo », rapporte-t-il.

« En achetant une œuvre, les gens soutiennent la communauté et les personnes dans le besoin », ajoute-t-il.

« Pour cette collaboration, on redonne les bénéfices au Pignon Bleu », révèle Vicky Lamontagne, directrice marketing et développement du Fonds Benjo.

Yann Lemieux et Vicky Lamontagne sont originaires du même quartier.

L’an dernier, lors du dernier brunch caritatif de Benjo, l’artiste a réalisé une œuvre en direct au Château Frontenac, vendue ensuite à l’Encan silencieux.

« À cet événement, Yann a découvert le Pignon Bleu. L’organisme a retenu son attention. L’OBNL se situe aussi à quelques rues de sa galerie. C’est lui qui est venu vers nous. Ce partenariat allait de soi », rapporte Mme Lamontagne.

En face de la grande mosaïque, on peut d’ailleurs observer la Zone Jeunesse. L’un des objectifs du Fonds Benjo est d’encourager le développement des jeunes.

« On a donc intégré à cette exposition des jeunes du secondaire de 15 à 17 ans, du Séminaire Saint-François, qui ont créé leurs propres œuvres », évoque-t-il.

« Les trois enseignants en art plastique ont été très enthousiastes aussi. Ils leur ont acheté le matériel. »

Il y a une semaine, la galerie d’art a offert aux jeunes une soirée VIP. Le personnel enseignant et leurs proches étaient présents.

« Pour ces jeunes, notre but était de leur faire vivre l’expérience d’une exposition avec des artistes professionnels et dans un lieu de diffusion. Lors du vernissage, chacun a présenté son œuvre. Ça reste un moment unique à 15 ans d’exposer son travail comme ça », décrit-il.

Vicky Lamontagne du Fonds Benjo partage un avis similaire.

« Faire partie d’une telle exposition et d’avoir une portion de leurs toiles versée à une fondation pour redonner à des enfants défavorisés, ça rejoint nos valeurs », insiste-t-elle.

« On souhaite encourager le bien-être de la jeunesse. »

La galerie d’art existe depuis maintenant deux ans. Yann Lemieux pratique la peinture depuis huit ans.

À ses yeux, le métier d’artiste pour les jeunes devrait être plus mis à l’avant.

« C’est possible de vivre son art, mais il faut travailler dur », souligne-t-il

« C’est un des métiers les plus valorisants, surtout quand on s’implique aussi dans ce genre de causes. On peut apporter quelque chose et pas simplement du beau », résume-t-il.

L’exposition est accessible gratuitement le jeudi et le vendredi de 15h à 21h, ainsi que le samedi, de 13h à 18h. La collection est aussi visible en ligne.

Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local.