Manque de denrées : cri du cœur d’organismes en aide alimentaire

Les organismes d'aide alimentaire et les ressources qui contribuent à leur approvisionnement souffrent d'un manque criant de denrées, alors que les besoins et les clientèles ne cessent d'augmenter. Ce manque affecte grandement des ressources du centre-ville. Monquartier a tâté le pouls de certaines d'entre elles. Celles-ci lancent un véritable cri du cœur.

Manque de denrées : cri du cœur d’organismes en aide alimentaire | 19 octobre 2022 | Article par Julie Rheaume

Crédit photo: Pexels - Cottonbro

Les organismes d’aide alimentaire et les ressources qui contribuent à leur approvisionnement souffrent d’un manque criant de denrées, alors que les besoins et les clientèles ne cessent d’augmenter. Ce manque affecte grandement des ressources du centre-ville. Monquartier a tâté le pouls de certaines d’entre elles. Celles-ci lancent un véritable cri du cœur.

« Notre réseau des Moissons connaît une baisse exceptionnelle de ses réserves en denrées sèches », écrivaient les Banques alimentaires du Québec sur le réseau social LinkedIn, cet automne. Conserves variées, riz et pâtes, sauces et céréales, entre autres aliments, étaient particulièrement recherchés. Les Banques lançaient alors un appel à la générosité des entreprises agroalimentaires afin de leur donner un coup de pouce.

Banques alimentaires du Québec est un réseau actuellement constitué de 19 membres Moisson, dont Moisson Québec dans la Capitale-Nationale, et de 13 membres associés. Ceux-ci approvisionnent à leur tour près de 1200 organismes locaux affiliés.

Moisson Québec, membre des Banques alimentaires du Québec, dessert 129 organismes dans la Capitale. Quelque 46 d’entre eux sont situés dans l’arrondissement La Cité-Limoilou.

En un an, à Québec, les demandes d’aide auprès de Moisson Québec ont doublé, indique Élisabeth Fortin, coordonnatrice aux communications de la ressource, en entrevue téléphonique le 18 octobre.

De nombreuses problématiques touchent la chaîne d’approvisionnement et les fournisseurs alimentaires partenaires de Moisson Québec, comme la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation ou la hausse des coûts de transports, explique Mme Fortin. Les fournisseurs ont donc moins de surplus d’aliments à offrir à l’organisme. Cela crée un manque, alors que 79 % des denrées reçues par la ressource provenaient de fournisseurs locaux, selon le rapport d’activités 2021-2022 de Moisson Québec.

Moisson Québec travaille fort pour continuer à bien servir ses membres, même si le manque d’aliments fait en sorte que la ressource pourrait être « obligée d’en donner un petit peu moins à tout le monde », note la responsable des communications.

Toutefois, la pandémie a suscité un bel élan de générosité, en ce qui a trait aux dons en argent des particuliers. « Les gens ont été très génereux », dit Mme Fortin. Les contributions ont augmenté et se maintiennent toujours à un niveau supérieur à celles d’avant la crise sanitaire, précise-t-elle. Pour le moment, l’inflation n’a pas mis un frein à la générosité du public.

À Lauberivière

Lauberivière est un refuge multiservice dans le quartier Saint-Roch. On y offre la soupe populaire, l’hébergement temporaire et des services de réinsertion sociale aux hommes et aux femmes de 18 ans et plus.

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Éric Boulay, directeur général de Lauberivière, fait remarquer que si Moisson Québec manque d’aliments, tous ses bénéficiaires, comme son organisme, en subiront les conséquences. Il constate d’ailleurs une baisse marquée au niveau des denrées recueillies par son organisation. Comme Moisson Québec, il note aussi un affaiblissement des dons au niveau des fournisseurs alimentaires. Certains aliments spécifiques se font désirer.

« L’été, on a vécu un manque de pain. C’est très symbolique, le pain. Ce n’était jamais arrivé de manquer de pain », raconte M. Boulay, en entrevue téléphonique le 18 octobre.

Lauberivière garde le cap et continue d’offrir des services à ses clientèles malgré ces manques. Pour ce faire, l’organisme doit cependant piger davantage dans son budget pour acheter des aliments. Le directeur général estime qu’il devra dépenser environ 30 % de plus en achat de nourriture cette année, par rapport à l’année dernière.

Grands besoins pour les enfants et les familles

Du côté du Pignon Bleu, « les besoins ont tellement augmenté! », s’exclame la directrice générale Roseline Roussel. Le manque de denrées se fait bien évidemment sentir auprès de la ressource.

Le Pignon Bleu est présent dans Saint-Sauveur depuis plus de 25 ans, mais sa mission et ses services rayonnent bien au-delà de ce quartier. Il a entre autres pour but de favoriser la sécurité alimentaire des enfants et des familles de la ville de Québec, ainsi que de soutenir le développement des enfants et des familles dans le besoin.

« Les demandes globales dans tous nos secteurs d’activités ont triplé en 2022, par rapport à 2021. Tant au point de vue des dépannages alimentaires que de l’accompagnement », indique Mme Roussel.

L’été dernier, la demande a notamment bondi du côté des collations fournies aux jeunes des camps de jour. La faim chez les enfants se faisait ressentir non seulement dans les quartiers du centre-ville réputés défavorisés, mais aussi dans des secteurs reconnus comme mieux nantis comme Sainte-Foy ou Val-Bélair.

« Nous sommes passées de 22 sites accompagnés à 29, dans des secteurs qui n’avaient auparavant jamais été rejoints », précise Mme Roussel.

De plus, la demande pour des services a aussi grimpé du côté des petits déjeuners et collations offerts en milieu scolaire.

Pénurie de produits frais à Limoilou

La Bouchée généreuse, dans Limoilou, offre plusieurs services aux personnes dans le besoin dont la distribution hebdomadaire de paniers alimentaires et une épicerie communautaire à bon marché.

« Oui, nous éprouvons présentement des manques en denrées. Nous manquons principalement de fruits, légumes et produits laitiers (…). Les quantités récoltées sont inférieures au passé dans tous les produits », déplore Marie-Pier Gravel, assistante-directrice à La Bouchée généreuse, dans un courriel transmis le 18 octobre.

« Nous devons régulièrement faire l’achat de denrées alimentaires pour produire des paniers sains. Nous avons trouvé des fournisseurs qui nous obtiennent des prix extraordinaires. Malheureusement, même si nous achetons des denrées, les paniers sont plus petits », enchaîne-t-elle.

« Nous avons un budget réservé pour ce type de dépenses. Le budget est réparti par semaine et nous travaillons fort pour ne pas le dépasser. Nous ne pouvons malheureusement pas dépenser ce que nous n’avons pas et mettre en péril à long terme l’organisme », précise Mme Gravel.

Donner un coup de pouce

Comment soutenir les organismes et contribuer à soulager la faim?

La traditionnelle Guignolée des médias, dont bénéficie Moisson Québec dans notre région, aura lieu du 25 novembre au 31 décembre 2022. La population pourra contribuer en argent grâce, entre autres, à des dons en ligne, ou en apportant des denrées non périssables à des points de dépôt participants.

La collecte de dons par des représentants des médias sera de retour en personne cette année et se tiendra quant à elle le 1er décembre sur plusieurs artères de la ville.

Le public peut donner un coup de coup à La Bouchée généreuse en faisant des dons d’aliments ou en argent, en y faisant du bénévolat ou en sensibilisation leur entourage à la mission de cette ressource, mentionne l’assistante-directrice Marie-Pier Gravel.

On peut également aider Le Pignon bleu, Lauberivière ou tout organisme d’entraide alimentaire de son choix par des dons en argent.

De façon générale, pour les dons d’aliments, Éric Boulay de Lauberivière conseille d’appeler d’abord les organismes afin de s’enquérir de leurs besoins, de la cueillette et de la prise en charge des denrées.

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