Ici vécut : Paul-Émile Rochette, au 580, rue Franklin

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l'histoire de la ville. Paul-Émile Rochette (1908-1982) a fondé une manufacture de chaussures qui a employé plusieurs travailleurs du quartier Saint-Sauveur.

<em>Ici vécut</em> : Paul-Émile Rochette, au 580, rue Franklin | 7 septembre 2024 | Article par Simon Bélanger

Paul-Émile Rochette a vécu au 580, rue Franklin. Le bâtiment a été construit au début du 20e siècle et a été agrandi quelques décennies plus tard.

Crédit photo: Simon Bélanger - Monsaintsauveur + Archives BAnQ, Le Soleil

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l’histoire de la ville. Paul-Émile Rochette (1908-1982) a fondé une manufacture de chaussures qui a employé plusieurs travailleurs du quartier Saint-Sauveur.

L’industrie de la chaussure était un véritable moteur économique à Québec il y a une centaine d’années. Lors de l’année 1933, 27 entreprises avaient à leur emploi environ 2 500 travailleurs, qui se retrouvaient dans les manufactures de chaussures. La plupart d’entre elles se retrouvaient dans le quartier Saint-Roch, comme celle de Jean-Herménégilde Larochelle.

Le quartier Saint-Sauveur avait quand même des manufactures, en plus de fournir de la main-d’Å“uvre.

Au 580, rue Franklin, une plaque nous rappelle la présence de Paul-Émile Rochette, «fondateur d’une manufacture de chaussures qui fut pendant cinquante ans le gagne-pain de plusieurs familles du quartier Saint-Sauveur».

Peu de détails sur Paul-Émile Rochette

Malheureusement, les journaux de l’époque sont très discrets sur l’Å“uvre de Paul-Émile Rochette. On sait que son père Wilfrid était pâtissier, tandis que Paul-Émile était décrit dans les Annuaires Marcotte comme un «tailleur de cuir».

D’autres personnes avec le patronyme Rochette ont aussi été impliqués, notamment à travers la manufacture de la Jobin et Rochette, située dans Saint-Roch, dans le secteur de l’îlot des Tanneurs. Les frères Gaspard, Olivier, Cléophas et Marcel Rochette auraient notamment été impliqués au tournant du 20e siècle.

Toutefois, nos recherches à travers les informations généalogiques disponibles ou les notices nécrologiques publiées dans les journaux ne nous permettent pas d’établir un lien direct.

La manufacture de la Jobin et Rochette était situé au 245-247, rue Christophe-Colomb Est. Rien n’indique de lien direct entre Paul-Émile Rochette et les Rochette de cette manufacture.
Crédit photo: Simon Bélanger

Nous savons cependant que Paul-Émile Rochette est mort le 15 juin 1982, à l’âge de 73 ans. Il était alors marié avec Marie-Blanche Ouellet. Ses funérailles eurent lieu à la résidence funéraire Sylvio Marceau.

Nous savons également que la maison située au 580, rue Franklin (autrefois 256, rue Franklin) a été bâtie au tout début du 20e siècle par Wilfrid Rochette. Il occupait un terrain qui appartenait auparavant à l‘Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur.

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Paul-Émile, fils de Wilfrid, aurait ensuite pris possession de la maison en 1948. À ce moment, la maison ne faisait qu’un étage. Elle a été exhaussée en 1949. Un deuxième bâtiment a aussi été construit du côté ouest, vraisemblablement pour accueillir une boutique.

L’épigraphe en l’honneur de Paul-Émile Rochette a été apposé sur le bâtiment en 2006.

La chaussure dans Saint-Sauveur

En 2016, le Carillon avait publié un court texte d’Émilie Lapierre-Pintal sur l’histoire de l’industrie de la chaussure dans le quartier Saint-Sauveur.

On pouvait notamment y lire que les manufactures et tanneries, surtout présentes dans Saint-Roch, mais également un peu dans Saint-Sauveur, profitaient d’une main-d’Å“uvre «abondante» et «à bas prix».

«En 1910, le salaire moyen d’un ouvrier est de 12$ à 14$ par semaine, ce qui est souvent insuffisant pour couvrir le loyer, la nourriture et le chauffage», pouvait-on lire dans cet article du Carillon.

On précise également que les femmes et les enfants de plus de 14 ans travaillaient pour des salaires encore plus bas.

Cet article nous apprend également que les femmes canadiennes-françaises mariées avec des hommes travaillant le cuir avaient tendance à avoir plus d’enfants que celles mariées avec des hommes de d’autres corps de métiers.

«La nécessité de joindre les deux bouts et d’assurer les besoins de base de la famille pourrait avoir exercé une influence en faveur d’une famille nombreuse qui permettait du même coup d’augmenter le nombre de travailleurs et travailleuses de la maisonnée», avançait-on comme hypothèse.

L’univers des manufactures de chaussures est aussi au coeur de l’oeuvre littéraire la plus connue associée au quartier. En effet, le personnage d’Ovide Plouffe, dans Les Plouffe, de Roger Lemelin, travaillait dans l’industrie de la chaussure.

Ce secteur manufacturier, qui a commencé son heure de gloire avec l’arrivée des machines à vapeur dans les années 1870, amorce son déclin après la crise économique de 1929.

Aujourd’hui, quelques manufactures de chaussures subsistent à Québec, surtout en périphérie. On peut penser à Bastien Industries, Alfred Cloutier ou Chaussures Saute-Mouton.

Toutefois, sur la rue Saint-Vallier Ouest, on peut encore se procurer des mocassins faits à la main, chez Cuir Indiana. L’artisan Daniel Ladouceur fabrique également des chapeaux et des ceintures 100% en cuir.

Comme quoi cet atelier-boutique d’artisanat permet de rendre hommage à un moment important de l’histoire économique et sociale de Saint-Sauveur!

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Annuaires de la ville de Québec, 1822-1976 : Liste des résidents de Québec par ordre alphabétique de noms de rues.

LAPIERRE-PINTAL, Émilie, «Fabriquer des chaussures dans Saint-Sauveur, une affaire de famille», Le Carillon, mai 2016, p. 4.

LEMOINE, Réjean, «Les derniers artisans de la chaussure», Cap-aux-Diamants, vol. 1, no 4, hiver 1986, p. 40.

LESTAGE, Marc, «Honneur à Paul-Émile Rochette», Le Soleil, 30 septembre 2006, p. A38.

L’Action, «Mort de monsieur Wilfrid Rochette», 19 décembre 1962, p. 19.

Le Soleil, «Décès et avis divers – ROCHETTE (Paul-Emile) Â», 16 juin 1982, p. H-15.

PARENT, Jean-Claude, «Le quartier Saint-Roch de Québec – Synonyme de chaussures», Bulletin de l’Association québécoise pour le patrimoine industriel, vol. 5, no 3, 1993, p. 4-6.

Ville de Québec, «Fiche d’un bâtiment patrimonial – 580 à 586, rue Franklin», Répertoire du patrimoine bâti.

Ville de Québec, «Fiche d’un bâtiment patrimonial – Manufacture de la Jobin et Rochette», Répertoire du patrimoine bâti.

Ville de Québec, «Saint-Roch – Manufactures de chaussures et industrialisation à Québec».

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