Avec l'aimable autorisation du militant bien connu natif du quartier Saint-Sauveur, nous reproduisons ici des parcelles de vie qu'il a fait paraître récemment sur sa page Facebook, tout en glissant un mot sur son cinquième ouvrage : Dans la rue. Une histoire du FRAPRU et des luttes pour le logement au Québec.
François Saillant raconte ses racines
Avec l’aimable autorisation du militant bien connu natif du quartier Saint-Sauveur, nous reproduisons ici des parcelles de vie qu’il a fait paraître récemment sur sa page Facebook, tout en glissant un mot sur son cinquième ouvrage : Dans la rue. Une histoire du FRAPRU et des luttes pour le logement au Québec.
C’était il y a soixante-dix ans, le 8 janvier 1949
Mes parents, Léandre Saillant et Germaine Lafrance, se mariaient. Les deux avaient 35 ans.
Voici ce que j’écrivais sur mon enfance dans le chapitre premier de mon livre Le radical de velours, paru en 2012 chez M Éditeur.
« Quand on est de la Basse-Ville, on n’est pas d’la Haute-Ville ; y’en a qui s’en souviennent, d’autres qui s’en souviennent pas », chantait Sylvain Lelièvre. Moi, je m’en souviens !
Je viens de la Basse-Ville de Québec, plus exactement du quartier Saint-Sauveur, juste au pied de la falaise, en-dessous du chic quartier Montcalm, de son parc et de sa rue des Braves. J’y viens au monde en 1951 et j’y suis encore au moment de mon déménagement à Montréal en 1979.
Je vis presque toute ma jeunesse dans l’ouest du quartier, dans la paroisse Saint-Malo, près du parc industriel et de l’Arsenal où ma mère, comme plusieurs autres femmes de sa génération, a travaillé à la fabrication de cartouches durant la Seconde Guerre mondiale.
Saint-Sauveur est un quartier populaire, ouvrier. La verdure y est rare. Les rues sont étroites. Les trottoirs aussi, tellement que les passants doivent continuellement se méfier des portes qui sont nombreuses à ouvrir sur l’extérieur. Les maisons sont modestes, basses, sans galerie ni escalier extérieur, du moins du côté de la rue. Les ruelles sont inexistantes.
Ce quartier pourrait être tristounet. Il respire pourtant la vie, l’animation, les petits bonheurs ordinaires et les malheurs vécus tantôt dans la solitude tantôt dans l’entraide et la solidarité.
Mes parents sont locataires. Mes premiers souvenirs d’enfance remontent à une maison en bois de la rue Boisseau, véritable taudis où j’entends parfois les rats circuler entre les plafonds et la voisine hurler quand elle en aperçoit un dans ses rideaux. La maison sera démolie peu après notre déménagement. Nous vivons par la suite dans des logements beaucoup plus habitables que ma mère garde d’une propreté impeccable, tout en contestant toute augmentation de loyer qu’elle juge déraisonnable devant la Commission des loyers, ancêtre de l’actuelle Régie du logement…
Mon père est concierge à la Commission des écoles catholiques de Québec. Au cours des années 1960, son salaire, qui était jusque-là misérable, augmente graduellement, au rythme des luttes syndicales dans le secteur public. Notre sort s’en trouve grandement amélioré, y compris après la séparation de mes parents survenue vers la fin de la décennie […]. »
* * *
Cet extrait du livre racontant mon parcours militant ne le mentionnait pas, mais la famille de mon père, elle, demeurait depuis toujours à la Haute-Ville, d’abord dans le très bon populaire quartier Saint-Jean-Baptiste, puis dans le quartier Montcalm. Ma mère tenait à demeurer à la Basse-Ville, tandis que mon père aurait voulu aller rejoindre le reste de la famille. Ce sera un des sujets de tensions qui mèneront éventuellement à leur séparation.
Par la suite, mes parents conserveront des relations très harmonieuses jusqu’au décès de mon père en 1987. Ma mère, elle, succombera en 2010, à près de 97 ans. J’aimais les deux, même si je ne leur ai sans doute pas assez dit.
Sur cet autre livre à paraître de François Saillant
En librairie le 30 janvier prochain, le lancement de l’ouvrage Dans la rue. Une histoire du FRAPRU et des luttes pour le logement au Québec coïncide avec l’anniversaire de l’organisme dont François Saillant a été le porte-parole pendant près de 38 années.
« Depuis 45 ans, souligne l’éditeur Écosociété, le Front d’action populaire en réaménagement urbain est un acteur incontournable des luttes citoyennes. Il s’agit sans doute d’un des organismes communautaires les plus combatifs et créatifs que le Québec ait connu. […] »
À Québec, une séance de signatures pour saluer l’arrivée du cinquième livre de François Saillant aura lieu jeudi 8 février, à 17h00, à la succursale Saint-Roch de la librairie Pantoute.
Rappel : archives et souvenirs de familles recherchés
Afin d’enrichir nos capsules historiques, nous sommes toujours à la recherche de photos de famille rappelant des souvenirs de LSaint-Sauveur avant les années 2000. Comme l’a fait François Saillant, et aussi dans l’exemple ci-haut que nous avait offert Monique Brochu, nous vous invitons à partager vos « trésors qui dorment » évoquant votre quartier de jeunesse!
Vos photos peuvent, à titre d’exemple, immortaliser des fêtes ou divers événements populaires, des mariages, des commerces, des chantiers majeurs ou toutes autres scènes soulignant l’évolution sociale, culturelle et urbaine de nos quartiers centraux.
Si notre proposition vous intéresse, n’hésitez pas à contacter la rédaction : nouvelles@monquartier.quebec.
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