Mercredi soir, une soixantaine de personnes étaient réunies dans le sous-sol du Patro Laval pour partager leurs préoccupations et leur vécu face à l'augmentation de l'itinérance dans le quartier Saint-Sauveur.
Comprendre l’itinérance dans Saint-Sauveur
Mercredi soir, une soixantaine de personnes étaient réunies dans le sous-sol du Patro Laval pour partager leurs préoccupations et leur vécu face à l’augmentation de l’itinérance dans le quartier Saint-Sauveur.
Organisée par la Table itinérance Saint-Sauveur, cette rencontre visait trois objectifs : mieux comprendre les préoccupations des gens du quartier Saint-Sauveur, informer la population du portrait de l’itinérance dans le quartier et faire connaître certains outils pour répondre à différentes questions en lien avec l’itinérance.
La soirée au Patro Laval s’est déroulée en trois temps.
La première partie consistait à présenter la Table itinérance, en plus de faire un état de la situation dans le quartier Saint-Sauveur.
Ensuite, plusieurs sous-groupes se sont formés, afin que chacun puisse partager ses appréhensions, ses craintes, ses expériences ou ses idées face à l’enjeu de l’itinérance.
Finalement, les animatrices des différents sous-groupes ont pu partagé à la salle les sujets qui ont été abordés lors des ateliers.
La soirée a été animée en majeure partie par Marc de Koninck. Aujourd’hui à la retraite, il a longtemps été organisateur communautaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN). Il a également été président de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.
«C’est important d’écouter la parole de celles et ceux qui habitent ce quartier, qui aiment ce quartier. […] Si vous vivez des difficultés et que vous observez des choses, ce soir, il faut que vous soyez à l’aise pour l’exprimer. Puis, il faut que tout le monde entende pour respecter cette parole », invitait d’entrée de jeu M. de Koninck.
Enjeux en matière d’itinérance
Cette soirée consistait la première activité publique organisée par la Table d’itinérance Saint-Sauveur. Celle-ci est composée de nombreux organismes du quartier et d’acteurs institutionnels : Comité Citoyen-nes Quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), Projet Intervention Prostitution Québec, Concertation Saint-Sauveur, église Mosaïque, Centre des femmes Basse-ville, Service d’entraide Basse-Ville, Centre Durocher, Ville de Québec, CIUSSS-CN.
«On a décidé de se réunir pour discuter ensemble des enjeux liés à l’itinérance dans notre quartier. […] De façon générale, on remarque des changements dans le quartier et on a des préoccupations par rapport à ça, on se pose des questions. On a décidé de se réunir pour être capables de travailler collectivement, de réfléchir à ces enjeux-là », explique Catherine Rainville, du CCCQSS.
La Table d’itinérance servira à répondre aux besoins des organismes communautaires, mais aussi à travailler sur les raisons de l’itinérance et sur le climat social dans Saint-Sauveur.
Marie-Ève Pineault, de l’équipe intervention, vivre-ensemble et cohésion sociale à la Ville de Québec, a profité de la soirée pour rappeler qu’un dénombrement avait eu lieu en 2022.
« On ne sait pas exactement le nombre de personnes en situation d’itinérance, parce qu’aujourd’hui, il y a un chiffre. Demain, il va y en avoir un autre. Donc, on parle d’une tendance », précise-t-elle.
Entre 2018 et 2022, on dénote une augmentation de 36% de l’itinérance à Québec. Mme Pineault souligne aussi que l’itinérance visible est maintenant présente partout sur le territoire de Québec, même dans les quartiers périphériques.
Trois autres crises sociales entraînent une augmentation de l’itinérance : crise du logement, crise de santé mentale et crise de santé publique liée au marché des drogues, qui sont plus dangereuses et de mauvaise qualité. La pandémie et l’inflation ont aussi eu leur rôle à jouer dans ce cocktail de crises.
Catherine Rainville, du CCCQSS, a précisé que la crise du logement affectait même les maisons de chambre.
«Les maisons de chambre sont reconnues comme le dernier rempart contre l’itinérance parfois. C’est rendu qu’il y a des enquêtes de crédit pour rentrer dans les maisons de chambre, qu’il y a de la discrimination au niveau du choix des chambreurs », se désole-t-elle.
Partage du vécu
En sous-groupes, les gens présents lors de la soirée ont fait part de quelques expériences personnelles vécues face à l’enjeu de l’itinérance.
Toutes les personnes en charge de l’animation ont souligné que les échanges se sont tenues dans la bienveillance et le respect, à la fois pour les personnes itinérantes que pour les opinions divergentes.
Plusieurs ont souligné des endroits dans Saint-Sauveur où l’itinérance pouvait être plus présente. Sur le boulevard Langelier, le parc du Moulin-de-l’Hôpital, voisin de la Maison Marie-Frédéric, a été nommé à quelques reprises. Notre collègue Anne Charlotte Gillain avait d’ailleurs déjà évoqué un sentiment d’insécurité grandissant dans le secteur. D’autres endroits, comme les environs de l’église Mosaïque ou la rue Saint-Vallier ont été nommés.
La plupart des gens se demandaient comment réagir face à une personne itinérante qui se trouverait en situation de crise. Même si quelques personnes ont déjà eu à appeler la police, plusieurs d’entre elles ont ressenti un malaise à le faire, en raison des risques de judiciarisation. Elles ont surtout utilisé cette solution, faute d’en connaître une meilleure.
Une commerçante a aussi évoqué qu’elle accueillait des personnes en situation d’itinérance dans son établissement. En raison du caractère agressif et insultant envers son personnel, elle s’est résolue à appeler la police, mais elle ajoutait que cette solution ne lui semblait pas la plus adéquate. Elle a aussi ajouté qu’elle permettait à cette clientèle d’utiliser la salle de bains. Toilettes publiques et douches semblent d’ailleurs bien rares dans le quartier Saint-Sauveur.
Éviter les amalgames
Lors du retour en grand groupe, quelques messages généraux sont ressortis.
D’abord, plusieurs ont souligné que les situations liée au trouble de l’ordre public, que ce soit le bruit excessif ou le grabuge, ne sont pas nécessairement causées par des personnes en situation d’itinérance.
Une dame a aussi souligné que les personnes itinérantes ne sont pas toutes droguées.
Finalement, ce qui est ressorti chez plusieurs, c’est que le désir d’aider et de contribuer au mieux-être de ces personnes était présent. Bien souvent, ce sont seulement les bons outils pour intervenir adéquatement qui sont manquants.
Une autre soirée consacrée à l’itinérance devrait être organisée dans les prochains mois.
Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
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301, rue de Carillon, Québec (Québec), G1K 5B3
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