Tourneuse de bois, le métier passion d’Annie Choquette

Annie Choquette s'épanouit comme tourneuse sur bois. La résidente de Saint-Roch se consacre à sa passion depuis une vingtaine d'années. C'est dans Saint-Sauveur que se trouve son atelier.

Tourneuse de bois, le métier passion d’Annie Choquette | 17 mars 2023 | Article par Thomas Verret

Annie Choquette se lève chaque jour en faisant ce qu’elle aime : tourner le bois.

Crédit photo: Thomas Verret

Annie Choquette s’épanouit comme tourneuse sur bois. La résidente de Saint-Roch se consacre à sa passion depuis une vingtaine d’années. C’est dans Saint-Sauveur que se trouve son atelier.

Un grave accident de la route lui a ouvert les yeux et l’a convaincu de persévérer pour faire le métier de ses rêves. En 2002, une voiture l’a frappée, lui infligeant des blessures au visage.

Une vie à vivre

Annie a alors réalisé que la vie est trop précieuse pour faire un métier qu’on n’aime pas. À ce moment, elle travaillait au service à la clientèle d’une quincaillerie comme vendeuse de matériaux de construction. Ce traumatisme l’a amenée à se questionner sur ce qui la passionne.

« Moi, c’est de travailler le bois. Ce n’est pas d’être commis chez RONA l’entrepôt et de vendre des 2 par 3 », confie Annie Choquette.

Elle a donc démissionné. La meilleure décision qu’elle ait jamais prise.

Les paroles de l’artiste italien Amedeo Modigliani l’avaient beaucoup inspirée. Ton véritable devoir est de sauver ton rêve.

« J’ai commencé à bâtir ma vie autour de ça. »

Amoureuse du bois

Chaque matin, cette célèbre citation lui rappelle ce à quoi elle carbure. La phrase est gravée dans son atelier de la rue Raoul-Jobin. C’est dans cette véritable caverne d’Alibaba qu’elle taille le bois en utilisant différents couteaux.

« Je sculpte le bois en rotation. Ça permet de réaliser des objets assez rapidement, plus qu’en taille directe. »

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Annie réalise des objets de toutes sortes, comme des toupies, des bols, des cuillères, des assiettes, des pots et des boîtes cloches. Elle aime l’aspect utilitaire de ses créations.

« Quand c’est trop abstrait ou conceptuel, ça ne me rejoint pas. »

Annie Choquette dans son élément à l’intérieur de son atelier. À l’arrière, au mur, son légendaire support à bois.
Crédit photo: Thomas Verret

À certaines occasions, elle colore ses œuvres; d’autres fois, non.

« Je mets de la peinture pendant que ça tourne. La rotation propulse la peinture et ça fait automatiquement des rayons. »

Le grain et les cernes du bois lui servent également d’inspiration.

« Quand je touche avec le pinceau, ça fait toute de suite une ligne. Comme quand on lance une roche dans l’eau. Ça fait des cernes, image-t-elle. Les rayons et les cernes qui se rencontrent créent des trames dans le bois. Je m’inspire aussi du grain, le veinage. Des fois, c’est ce que je vais peindre. »

Les fameuses toupies colorées d’Annie Choquette.
Crédit photo: Marie-Josée Marcotte

Des cadeaux inestimables

Pour Annie Choquette, « chaque morceau de bois a son histoire ». Cette dernière revalorise différentes essences et des branches pour en faire des pièces uniques. Des âmes charitables lui donne du bois, « des pluies de grâce » tombées du ciel.

Le bois sec acheté lui sert quand elle enseigne à la coopérative La Patente, à Limoilou. Elle y transmet son savoir-faire, un partage qu’elle considère « très important ».

« Les gens sont de plus en plus intéressés à travailler de leurs mains », observe la volubile tourneuse sur bois.

À ses yeux, cette situation s’explique peut-être par le fait que beaucoup de métiers actuels exigent essentiellement des capacités intellectuelles. Les tâches manuelles permettent de maintenir un équilibre.

« La guerre est rendue psychologique, dit-elle. Les gens sont devant des ordinateurs toute la journée. On ne doit pas oublier qu’on a un cœur et un corps. C’est un ensemble. Il faut activer tout ça pour trouver une certaine forme d’harmonie. »

Le déclic

Annie Choquette a étudié trois années à la Maison des métiers d’art de Québec. Des mentors l’ont influencée, dont le professeur Robert Geoffroy, qui lui a transmis sa passion de la sculpture sur bois.

Elle est tombée véritablement sous le charme du tournage sur bois pendant un cours portant sur cette pratique ancestrale. C’était le début d’une grande histoire d’amour.

« J’ai vraiment eu un coup de foudre pour cette technique. »

À ses débuts, un maître tourneur sur bois, Jean-Marc Parent, l’a prise sous son aile.

« Je suis allée chez lui chaque automne pendant quelques années. Il m’a super bien formée. »

Persévérante

Après son diplôme, Annie a bûché cinq ans avant d’avoir son statut professionnel. C’est grâce à sa participation à la réalisation d’un prototype pour les écrins des médailles des prix Borduas qu’elle l’a obtenu.

« Je n’ai pas gagné, mais j’ai reçu une mention spéciale et un prix de 300 $ du ministère de la Culture », raconte-t-elle fièrement.

Son côté persévérant lui vient de ses proches, « une famille de boxeurs » de la Montérégie.

« J’ai été élevée dans le milieu de la boxe olympique amateure à Saint-Hyacinthe. Dans la vie, j’ai appris que c’est important de croire en notre rêve et de persévérer. Moi, les (films) Rocky, je les connais tous par cœur, lance-t-elle en riant. Encore aujourd’hui, je m’entraîne. Comme je fais des poids, quand je traîne des bûches, je me dis que ce n’est pas lourd. Ça me facilite la tâche dans mon atelier d’avoir du biceps! »

Annie Choquette a notamment une boutique en ligne sur Etsy. Cette plateforme lui permet de vendre ses objets à l’international.

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