Sylvie Nicolas : écrire les beautés discrètes

Le 18 octobre dernier, Sylvie Nicolas publiait Chapitre 15.  Le roman parait aux éditions Druide sous la direction littéraire d’Alain Beaulieu et présente une intrigue ancrée dans le quartier Saint-Sauveur.

Sylvie Nicolas : écrire les beautés discrètes | 16 novembre 2023 | Article par Olivier Alain

L’intrigue du roman de Sylvie Nicolas se déroule en partie dans le quartier Saint-Sauveur.

Le 18 octobre dernier, Sylvie Nicolas publiait Chapitre 15.  Le roman parait aux éditions Druide sous la direction littéraire d’Alain Beaulieu et présente une intrigue ancrée dans le quartier Saint-Sauveur.

Un premier roman

Pour Mme Nicolas, les motivations à se lancer dans l’écriture d’un roman restent mystérieuses. Plus habituée à une écriture en vers ou en prose fragmentée, elle sentait que les personnages de Chapitre 15 et l’histoire qui se construisait peu à peu se devaient d’être livrés sous la forme du roman.

« Je considère ça comme mon premier roman, pour moi les autres ouvrages que j’ai écrits en prose sont plus comme des récits […] J’ai résisté, parce que je ne me sens pas du tout comme une romancière ».

Malgré ses appréhensions quant à la structure imposée par le roman, l’autrice s’est plongé dans l’écriture avec une réelle joie. En huit mois, le livre était pratiquement terminé. À titre comparatif,  l’écriture de son dernier ouvrage, un récit poétique publié chez Hamac l’an dernier, s’était étirée sur presque huit ans.

Sylvie Nicolas affirme ne pas avoir eu dès le départ l’ambition de publier son manuscrit. Il s’agissait avant tout de raconter une histoire qui s’offrait à elle, qui l’habitait depuis plusieurs mois.

C’est l’enthousiasme d’Alain Beaulieu, avec qui elle a entre autres travaillé pour sa thèse de doctorat, qui a rendu possible la publication du roman.

« J’ai une confiance absolue dans la lecture d’Alain ».

La force d’un lieu

L’autrice avait une vision claire du personnage de John Pelham dès le début de l’écriture. Originaire de la Nouvelle-Écosse et installé dans le quartier Saint-Sauveur dans les années 1990, au moment où les anglophones quittent massivement Québec, Pelham acquiert une librairie d’occasion et se spécialise dans les livres rares.

Rapidement, l’idée que l’écrivaine se faisait de la librairie s’est imposée à un lieu bien connu du quartier Saint-Sauveur : l’ancien magasin Mlle M.A Verret. Ce commerce de la rue Saint-Vallier Ouest, aujourd’hui fermé, demeure un mystère pour Mme Nicolas qui confie n’y être jamais entré. La vitrine à elle seule avait quelque chose de fascinant. On y voyait des aquariums, des vêtements pour bébé et des items de couture.

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Mlle Verret
La boutique Mlle Verret en 2022.
Crédit photo: Google Street View

Pour Sylvie Nicolas, le commerce donnait l’impression d’avoir franchi discrètement les barrières du temps en laissant un héritage  dans la mémoire et dans l’imaginaire.

« L’idée de vivre parmi autrui de façon occulte, sans être remarqué, est au cœur du roman ».

Plusieurs chapeaux

Sylvie Nicolas œuvre dans plusieurs domaines du milieu littéraire. Elle est autrice, directrice littéraire aux éditions Hannenorak, slameuse et traductrice.

« J’aime être derrière les autres voix » .

L’écrivaine dit vivre beaucoup de joie à faire de la traduction littéraire, à occuper une place discrète. «J’aime arriver à saisir l’âme et le souffle de l’auteur ».

Elle a traduit les œuvres d’auteurs anglophones, dont Joel Thomas Hynes, dans le milieu du roman trash. Un univers littéraire qui traite du désœuvrement et met en lumière une jeunesse négligée.

Moins présent dans Chapitre 15, ce côté subversif teinte plusieurs de ses ouvrages. Le recueil Nos yeux dans le bac bleu publié chez Moult, par exemple, est beaucoup plus engagé. On y retrouve une poésie guerrière et résistante. Les thèmes développés dans ses slams ont aussi quelque chose de plus militant.

Venant tout juste de publier Chapitre 15, Mme Nicolas ne s’est pas encore lancé dans un nouveau projet d’écriture. « Pour l’instant la place est à la lecture et l’accompagnement ». Une chose est sûre, la nécessité d’écrire est encore bien présente. Elle désirera toujours capter, par l’écriture, les instants de beauté et de magie.  Ces anomalies qui suspendent le temps et permettent de prendre du recul.

« Pourquoi j’écris ? Je n’ai pas de réponse claire, mais je sais que je ne peux pas arrêter », confie-t-elle en riant.

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