Presbytère Saint-Joseph : des logements pour les femmes

L'ancien presbytère Saint-Joseph, dans le quartier Saint Sauveur, abrite maintenant neuf logements sociaux destinés aux femmes victimes de tout type de violence. Le ministre fédéral Jean-Yves Duclos a visité les lieux le 10 octobre, aux côtés de Lorinne Larouche de la YWCA et Michel Côté d'Immeuble Populaire de Québec (IPQ), deux organismes impliqués dans ce projet.

Presbytère Saint-Joseph : des logements pour les femmes | 13 octobre 2023 | Article par Anne Charlotte Gillain

Le député Jean-Yves Duclos a visité le presbytère Saint-Joseph, à la suite des rénovations ayant permis de créer neuf logements sociaux pour des femmes victimes de violence.

Crédit photo: Anne Charlotte Gillain

L’ancien presbytère Saint-Joseph, dans le quartier Saint Sauveur, abrite maintenant neuf logements sociaux destinés aux femmes victimes de tout type de violence. Le ministre fédéral Jean-Yves Duclos a visité les lieux le 10 octobre, aux côtés de Lorinne Larouche de la YWCA et Michel Côté d’Immeuble Populaire de Québec (IPQ), deux organismes impliqués dans ce projet.

Le presbytère Saint-Joseph fait peau neuve avec neuf logements. Ceux-ci affichent tous complets.

« Il s’agit d’une acquisition dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL) avec le gouvernement fédéral et provincial », rappelle Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement.

Le presbytère Saint-Joseph est l’un des projets de création de 27 logements sociaux qui proviennent de cette entente. Les travaux de rénovation ont duré 18 mois au total. Ils ont débuté en novembre 2021. Les occupantes sont entrées en janvier dernier.

« Cet édifice patrimonial phare du quartier Saint-Sauveur, se situe au coeur de la paroisse Saint-Joseph, le lieu décrit par le grand écrivain Roger Hamelin, auteur des “Plouffe”. En 2023, la réfection du Presbytère redonne à la communauté un lieu emblématique », affirme le député fédéral de la circonscription de Québec.

Le presbytère Saint-Joseph procure une stabilité résidentielle à ces femmes. Ici, il n’y a pas de limite de temps.

« Une femme qui reste ici, c’est son chez elle », mentionne pour sa part Lorinne Larouche, directrice des programmes sociaux de la YWCA.

Guylaine Brisson habite au rez-de-chaussée du presbytère. Elle nous accueille dans son appartement.

« Pendant 25 ans, j’ai travaillé comme éducatrice pour les enfants. En 2021, je suis à la retraite et je me vois diagnostiquée bipolaire. J’ai accepté la médication. À partir ce moment-là, je me suis réappropriée ma vie à la YWCA. Un état de fête s’est produit. Puis, j’ai pris conscience et j’ai cheminé pour arriver jusqu’ici », témoigne cette résidente d’un des neufs logements.

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Depuis janvier 2023, elle habite ici.

« Il m’a fallu un mois pour m’acclimater. Je me sens en sécurité désormais. Cela m’aide à voir la vie du bon côté », confie la dame.

« Quand on arrive ici, on n’a plus de suivi avec la YWCA, mais le lien créé avec les intervenants depuis 2021 est toujours là. Je les vois encore quand je fais mon bénévolat là-bas à l’occasion de deux jours par semaine », explique-t-elle.

Les logements sont réservés exclusivement aux femmes de tous âges de la YWCA.

« Les logements sociaux offerts au Presbytère Saint-Joseph protègent des femmes plus vulnérables et les aide à contribuer à notre communauté », souligne le ministre Duclos.

Favoriser l’autonomie des femmes dans l’encadrement

Après avoir demandé de l’aide, l’organisme communautaire prend en charge en urgence les femmes pendant un mois. C’est gratuit.

Pour la YWCA, le but est de leur permettre de se poser et de souffler.

« Les femmes au presbytère sont complètement autonomes mais les intervenantes de la YWCA restent en soutien au besoin, à la demande des résidentes », précise Mme Larouche.

Chaque femme peut avoir une intervenante qui lui est attitrée. Une quarantaine d’intervenants à temps plein sont disponibles 24 heures sur 24. Ensemble, ils évoquent les objectifs de la personne et sa vision pour le futur.

« À la YWCA, on reçoit des femmes en situation de violence. Cela passe par l’itinérance, la violence conjugale, entre autres. Il s’agit de toute femme qui se présente chez nous avec un besoin de dormir ailleurs que chez elle. Si on a de la place, on va l’accepter », assure Lorinne Larouche.

Le rôle de la YWCA ne consiste pas à dire aux femmes ce qu’elles doivent faire.

« On est là pour les accompagner dans leur cheminement et les soutenir. On peut également leur proposer des organismes ou des solutions, mais les femmes restent vraiment maîtres de leur destin. Il faut qu’elles soient le plus autonome possible », détaille-t-elle.

Une forte hausse des demandes

« Les besoins en logements sociaux sont très grands dans la Ville de Québec », rapporte quant à lui le directeur général d’IPQ, Michel Côté.

M. Duclos observe le même constat. « Il reste encore beaucoup à faire pour appuyer les organismes communautaires à créer du logement social dans le contexte de la crise du logement », reconnait-il.

« Idéalement, on laisse personne dehors ou du moins c’est ce qu’on aimerait, mais on compte plus d’une trentaine d’appels téléphoniques par jour à qui on doit dire non », regrette la directrice des programmes sociaux de la YWCA.

« La moyenne a explosé en l’espace de deux ans. Ça a doublé. On est passé de 2 000 à 4000 appels par année pour dire qu’on n’a plus de place », indique-t-elle.

« Quand on doit dire non aux demandes des femmes, on les redirige vers d’autres organismes. Sauf qu’il y a un problème, puisque la YWCA accueille des femmes dans toute sorte de circonstances. On est généralement la dernière porte à laquelle les femmes vont venir frapper », constate Mme Larouche.

La YWCA les réoriente parfois aussi à Lauberivière. Cela leur permet de rester dormir une nuit, par exemple, mais elles se retrouvent alors dans une situation de précarité.

« L’avenir de la stabilité résidentielle passe par le soutien communautaire et les partenariats avec les propriétaires privés ou publics et des organisations comme la nôtre », plaide-t-elle.

« Ce n’est pas juste une question de donner du logement aux personnes, mais il faut les accompagner. L’accès à un toit est un droit. Il faut donc du financement à la hauteur des besoins du terrain », résume Lorinne Larouche de la YWCA.

Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local

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