Des représentants de groupes communautaires de la région de Québec sont sortis dans la rue le 17 octobre afin de demander au gouvernement Legault d'agir contre « la crise de la pauvreté ». Ils souhaitaient dénoncer le fait de voir leurs conditions de vie se dégrader alors que les plus riches semblent continuer à se remplir les poches.
Pauvreté: des groupes pressent le gouvernement Legault d’agir
Des représentants de groupes communautaires de la région de Québec sont sortis dans la rue le 17 octobre afin de demander au gouvernement Legault d’agir contre « la crise de la pauvreté ». Ils souhaitaient dénoncer le fait de voir leurs conditions de vie se dégrader alors que les plus riches semblent continuer à se remplir les poches.
Cette mobilisation avait lieu dans le cadre de la Journée internationale de l’élimination de la pauvreté. Après une matinée de réflexion, quelque 150 personnes ont pris part à une manifestation qui s’est notamment déroulée dans le quartier Saint-Sauveur.
Le Regroupement d’Éducation Populaire en Action Communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) et le Collectif de Lutte et d’Action contre la Pauvreté de la région de Québec (CLAP-03) coorganisaient l’événement.
« On avait trois thèmes principaux qui étaient l’aide sociale (pour la réforme de l’aide sociale à venir); le salaire minimum et puis, l’itinérance», explique Laurent Lévesque, militant salarié à l’Association pour la Défense des Droits Sociaux du Québec Métropolitain (ADDSQM), en entrevue téléphonique.
L’ADDSQM est membre du RÉPAC, un regroupement basé comme elle dans le quartier Saint-Sauveur,
Les militants et militantes souhaitent des actions « plus robustes » pour ces « trois avenues » de la part du gouvernement de François Legault, ajoute-t-il.
« Les revendications (du 17 octobre) visaient beaucoup le revenu. Le salaire minimum ou l’aide sociale, ce n’est plus suffisant pour vivre. Ce n’est plus suffisant pour avoir un loyer. Même les chambres sont rendues plus chères qu’un chèque d’aide sociale. C’est ce qui nous a été confirmé par le Comité maison de chambres de Québec », décrit M. Lévesque
Action et éducation populaire
Le choix de tenir cette action publique dans des quartiers populaires plutôt que devant l’Assemblée nationale s’est fait de manière bien consciente. Les problématiques soulevées par les groupes communautaires impliqués sont très présents au centre-ville. Pour le militant de l’ADDSQM, défiler ainsi dans la rue se veut une manière de montrer aux citoyens et citoyennes qu’ils ne sont pas seuls.
« On veut être vus de la population. On a eu beaucoup de soutien tout le long de la manif. Il y a des organismes communautaires qui sont sortis sur leur parvis, qui nous ont encouragés. Il y a aussi des citoyens qui se sont joints à nous en cours de manif, ce qui est assez rare, mais assez agréable», s’est réjoui l’interlocuteur au lendemain de la marche.
Le panel du matin a quant à lui rassemblé une centaine de personnes, comme des gens issus des groupes populaire ou l’experte Marie-Hélène Deshaies, professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Les discussions ont abordé différentes solutions pour enrayer la pauvreté.
M, Lévesque qualifie la rencontre, qui s’est faite dans une approche de conscientisation, d’éducation populaire et de démarche citoyenne, de « succès ».
Revendications
Les inégalités sociales étaient aussi au cœurs de l’action du 17 octobre. « On s’appauvrit. Ils s’enrichissent» : voilà le message qui était lancé par les manifestants et manifestantes.
Cette thématique « s’inscrit dans une logique d’inégalités sociales grandissantes et surtout, aussi, d’inaction du gouvernement. On a pu le voir, par exemple, avec l’augmentation du salaire des députés. Il y a vraiment une déconnexion par rapport à ce que les personnes en situation de pauvreté vivent », précise M. Lévesque, en faisant allusion aux gestes et propos de certains élus de la CAQ, comme ceux tenus par la ministre responsable de l’Habitation, en juin. Rappelons que France-Élaine Duranceau avait alors conseillé aux locataires mécontents d’investir en immobilier.
Par conséquent, le RÉPAC 03-12 et le CLAP-03 revendiquent « une meilleure répartition de la richesse à l’avantage des personnes qui se trouvent en bas de l’échelle ». Le gouvernement de la CAQ n’a pas les priorités à la bonne place, ajoutent-ils.
«Il faut trouver une manière de renverser la vapeur. Des solutions, il y en a plein! L’aide sociale devrait au moins permettre de couvrir ses besoins de base, c’est le minimum. Suffisamment de logements sociaux pourraient régler une partie de la crise du logement et permettre de loger les personnes itinérantes avec un accompagnement adéquat. Même les personnes qui travaillent ne sortent pas nécessairement de la pauvreté en ce moment, le salaire minimum est trop bas! », martèle Laurent Lévesque.
« Tout le monde s’appauvrit, mais on n’a pas l’action politique. Ce sont des choix politiques qui doivent être faits, mais qui ne sont pas faits actuellement », ajoute-t-il.
Le gouvernement prévoit toutefois des sommes pour le logement dans sa mise à jour économique du 7 novembre, qui est fort attendue par plusieurs organismes.
Pauvreté et salaire minimum
Pour 2023, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a déterminé que le revenu viable pour une personne seule à Québec était de 31 104 $. Pour un ménage monoparental avec un enfant en CPE, le revenu viable est de 43 029 $, alors que pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants, il était de 69 781$.
Au Québec on peut travailler à temps plein sans arriver à vivre dignement. Même à 15,25$ l’heure, le salaire minimum ne suffit pas.
« C’est évident qu’en gardant le statu quo d’un salaire minimum insuffisant, on fragilise des ménages qui peuvent au premier obstacle voir leur situation économique basculer. C’est urgent de renflouer les organismes d’aide alimentaire, ceux qui offrent de l’hébergement d’urgence, mais il faut agir sur les causes. En mettant des plasters sur des plaies ouvertes on n’arrête pas l’hémorragie», a quant à lui dénoncé Vania Wright-Larin du RÉPAC 03-12 dans une déclaration transmise aux médias.
Aide sociale insuffisante
Mardi, les manifestants en ont aussi profité pour dénoncer le niveau de prestations d’aide sociale qui ne suffisent pas pour combler les besoins primaires.
« Le gouvernement a décidé de miser sur le logement abordable, mais (pour) la majorité des studios abordables, selon les nouveaux programmes du gouvernement, le prix du loyer est plus élevé que le chèque d’aide sociale. (Celui-ci) est à 770$ par mois et le seuil d’abordabilité pour des studios dans la ville de Québec dépasse ce montant-là. On voit qu’il y a un problème majeur au niveau du revenu! », dénonce Laurent Lévesque en entrevue.
« Avec l’explosion des prix, les personnes les plus pauvres sont actuellement maintenues dans une situation de très grande précarité qui affecte leur capacité à se nourrir, se loger ou s’habiller. Je reçois 770$ par moi à l’aide sociale. Des logements dits abordables se font construire dans mon quartier et le coût d’un 3 1/2 et d’un peu plus de 1000$ par mois! Non seulement ces logements sont inaccessibles, mais on se retrouve également dans une situation où l’on doit choisir entre l’épicerie, le loyer et notre santé! », a quant à elle déclaré Sarah Pelletier, prestataire de l’aide sociale et co-porte-parole de l’événement du 17 octobre, par voie de communiqué.
Une réforme de l’aide sociale se prépare par ailleurs cet automne. Un nouveau plan d’action gouvernemental contre la pauvreté devrait aussi voir le jour d’ici 2024, comme le rapportait Monquartier le 22 septembre 2023. Il reste à voir si le gouvernement Legault répondra aux demandes des groupes populaires et communautaires.
«Je travaille actuellement à moderniser les programmes d’aide sociale, ainsi que sur le prochain plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Je remercie d’ailleurs le milieu communautaire pour son importante contribution à ces démarches», avait d’ailleurs indiqué la ministre ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire Chantal Rouleau dans une déclaration transmise à l’auteure de ces lignes, en septembre.
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301, rue de Carillon, Québec (Québec), G1K 5B3
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