Par-dessus les passerelles: une plongée dans l’histoire de la Rivière Saint-Charles

Le spectacle de théâtre interactif Par-dessus les passerelles s’installe aux abords des passerelles de la Tortue et des Trois-Soeurs, au cœur du parc linéaire de la rivière Saint-Charles, du 24 au 27 août.

La compagnie de théâtre interactif Par Épisode se spécialise dans le théâtre interactif depuis 1987 et propose régulièrement des spectacles extérieurs. Cette compagnie s’est distinguée dans la création de soupers Meurtre et mystère, mais aussi de spectacles en ligne. Pendant la pandémie, Scalpel transformait le public virtuel en membre du jury.

«On se spécialise en théâtre interactif, c’est-à-dire en théâtre qui n’a pas de quatrième mur. Il y a toujours une partie scriptée, mais [aussi] une partie qui a une ouverture vers le public. […] C’est une compagnie qui se produit souvent en dehors des lieux conventionnels du théâtre», précise Marika Henrichon, directrice artistique.

Cette fois-ci, la rivière Saint-Charles est à l’honneur, dans le cadre du spectacle Par-dessus les passerelles.

«On avait envie de célébrer un lieu phare de la ville de Québec, la rivière Saint-Charles. Elle divise deux milieux très différents, qui se font face et qui ont chacun leur point de vue à offrir. D’où l’idée de créer deux spectacles complètement différents, inspirés de l’histoire», explique Mme Henrichon.

Deux comédiennes de Québec, Catherine Côté et Marie-Pier Lagacé, sont derrière l’écriture et la mise en scène des deux spectacles.

Chaque spectacle, d’une durée de vingt minutes, sera diffusé simultanément. À la fin de la représentation, le public est invité à se rendre à la seconde passerelle, une marche d’une durée d’environ 20 minutes.

Malgré les spectacles en cours, les deux passerelles demeurent accessibles aux cyclistes et aux piéton.ne.s.

Passerelle des Trois-Soeurs

La passerelle des Trois Soeurs, inaugurée en 2015, relie le parc Victoria et le quartier Vanier.

À cet endroit, Marie-Pier Lagacé a décidé de revenir sur quatre moments importants de l’histoire de la rivière Saint-Charles. Quatre personnages, rattachés à ces différentes époques, reviendront donc sur leur vie et leur relation avec la rivière, à travers des monologues.

Le premier personnage retourne à l’époque où la rivière Saint-Charles était un dépotoir à ciel ouvert, entre 1920 et 1960.

«On a un personnage qui dit que “si tu tombes à l’eau, t’as plus de chance de t’empoisonner que de te noyer”», illustre la créatrice.

Les périodes suivantes couvertes par la création de Marie-Pier Lagacé sont la période de la bétonnisation des berges, en 1969, suivie du «débétonnage» dans les années 1990.

Finalement, un nouvel arrivant assiste à la renaturalisation de la rivière Saint-Charles, au début des années 2000.

«On navigue dans des eaux parfois très drôles, parfois sensibles. Même si c’est historique […] et que je me suis inspirée de beaucoup d’articles de journaux, je tenais à ce que ce soit profondément humain, dans toute la sensibilité et la maladresse que ces humains-là ont à offrir», ajoute Marie-Pier Lagacé.

Passerelle de la Tortue

De son côté, la Passerelle de la Tortue relie le Parc de la Pointe-aux-Lièvres, dans Saint-Roch, au quartier Limoilou. Elle a été inaugurée en juillet 2021.

À cet endroit, Catherine Côté a plutôt décidé de revenir sur un événement historique cocasse. En 1972, on procédait à l’inauguration d’une réplique de la Grande Hermine, bateau de Jacques Cartier, dans le parc Cartier-Brébeuf. Ce navire avait d’abord été conçu pour l’Exposition universelle de 1967, à Montréal.

Alors que tout le gratin de Québec est réuni pour la mise à l’eau, le bateau se renverse dans la rivière.

«Je m’inspire de ce fait-là et je vais dans la fiction. J’essaie de voir pourquoi. Qui n’a pas fait sa job lors de sa mise à l’eau et pourquoi il est tombé? J’ai inventé des personnages et on va découvrir un peu ce qui s’est passé cette journée-là. On assiste à la cérémonie d’inauguration», explique Catherine Côté.

Elle précise que son texte s’inscrit dans un ton plutôt comique. L’autrice ajoute qu’elle s’est donnée comme défi d’écrire une histoire non-linéaire.

La Grande Hermine est finalement demeurée au parc jusqu’à sa démolition, en 2001.

Rivière Saint-Charles

Qu’est-ce qui attirait l’équipe de Prochain Épisode vers la rivière Saint-Charles?

Pour Marie-Pier Lagacé, le cours d’eau est «un peu mal-aimé».

«Elle fait partie de mon paysage depuis que je suis toute petite. Mon père habitait juste à côté. Mes marches en nature, je les ai faites sur le bord de la rivière Saint-Charles bétonnée. Je trouvais ça intéressant de mettre en lumière tout le chemin qu’elle a parcouru et de lui redonner un peu ses lettres de noblesse, chose qu’elle fait très bien toute seule. Je trouvais intéressant de rappeler aux gens d’où elle est partie, cette pauvre rivière», ironise-t-elle.

Pour la directrice artistique, la rivière Saint-Charles représentait un élément très riche dans l’histoire de Québec.

«La rivière pour moi est sortie comme un élément tellement important dans la ville, parce qu’elle divise deux parties de la ville. […] Je la trouvais riche pour le paysage de la ville et la façon dont la ville s’est construite», précise Marika Henrichon, qui estime qu’elle aurait pu mener à quatre ou cinq spectacles différents.

Elle précise d’ailleurs qu’elle ne détesterait pas avoir l’occasion de replonger dans l’histoire de la rivière Saint-Charles, pour d’autres projets.

Par-dessus les passerelles met en vedette Geneviève Boivin, Samuel Bouchard, Linda Boucher, Frédérique Bradet, Laurent Marion, Maureen Roberge, Justice Rutikara et Mathieu Turcotte.

Le spectacle Par-dessus les passerelles est offert les 24, 25 et 26 aoùt, à 18h30, en plus d’avoir des représentations à 15h les 26 et 27 août. Les spectacles sont gratuits, mais le public est invité à réserver, via la billetterie en ligne. 

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