Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réitère son appel aux gouvernements provincial et fédéral afin que les deux paliers accordent un financement adéquat à la construction de nouveaux logements sociaux. Le regroupement espère de bonnes nouvelles lors de la prochaine mise à jour économique du gouvernement Legault, le 7 novembre.
FRAPRU: de grands espoirs pour le logement
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réitère son appel aux gouvernements provincial et fédéral afin que les deux paliers accordent un financement adéquat à la construction de nouveaux logements sociaux. Le regroupement espère de bonnes nouvelles lors de la prochaine mise à jour économique du gouvernement Legault, le 7 novembre.
Les attentes quant à cette mise à jour économique et financière sont « extrêmement élevées », affirme Véronique Laflamme, organisatrice et porte-parole au FRAPRU, en entrevue, le 11 octobre.
« La rumeur veut que le gouvernement profiterait de cette mise à jour pour investir enfin des sommes supplémentaires dans le logement social et augmenter ses objectifs de développement. C’est sûr qu’on attend! Ça fait quatre ans qu’on demande à ce gouvernement-là d’en augmenter le développement! », ajoute-t-elle.
Mme Laflamme craint toutefois que cette future annonce en matière de logement social ne soit qu’une « opération de communication publique ».
« Il faut absolument que ce soit de nouvelles unités qui soient annoncées… Pas que l’on compte encore les logements qui étaient promis et attendus dans le premier mandat (du gouvernement Legault). On espère donc de cette mise à jour économique, que le gouvernement augmente ses objectifs: de nouveaux logements, qui vont permettre de lancer de nouveaux projets ».
« Le Québec doit augmenter ses objectifs de développement de logements sociaux. Il doit aussi sans plus attendre avoir un programme adapté et dédié au logement social dont le financement se suffit à lui-même. Il en a les moyens, lui qui prive les fonds publics de 2 milliards $ par année de façon récurrente avec les plus récentes baisses d’impôts », clame quant à lui le FRAPRU dans une déclaration.
Grands besoins à Québec
À Québec, plusieurs projets sont attendus. Le long du parcours du tramway, par exemple, les besoins sont grands. Il faut notamment « agir maintenant » afin d’éviter que « la spéculation immobilière fasse encore plus de dommages, dit la porte-parole.
Le gouvernement caquiste fait du surplace en matière de financement du logement social. Même des projets annoncés par la Ville de Québec ne sont pas encore en mesure d’être réalisés car les fonds provinciaux ne sont pas au rendez-vous, renchérit Véronique Laflamme, en citant en exemple le site de l’ancien bar Kirouac, dans Saint-Sauveur.
Rappelons qu’au centre-ville, plusieurs ménages ont des besoins urgents en matière de logement, comme le rapportait Monquartier le 13 octobre.
Un programme « qui marche »
Afin de permettre une plus grande construction de logements sociaux, un programme efficace serait nécessaire, selon l’interlocutrice.
« Ça prend un programme qui marche. Actuellement, là où le bât blesse, c’est que le gouvernement du Québec a abandonné le programme Accès Logis qui permettait depuis 25 ans de financer exclusivement les projets de logements sociaux en marché privé pour un nouveau programme qui a été bâti d’abord pour le secteur privé…. Mais (qui n’intéresse pas ce dernier) au final et auquel on demande au milieu communautaire de s’adapter. Ça n’a pas de bon sens! », dit la porte-parole au sujet du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), dévoilé en février 2022.
Ce dernier a porté peu de fruits et est peu adapté à la réalité du marché privé, dit-elle. En 2022, deux projets ont par ailleurs été sélectionnés sur le territoire de la ville de Québec, l’un provenant d’un organisme-jeunesse de Sainte-Foy et l’autre d’une coop d’habitation de Beauport. L’appel de projets du PHAQ pour 2023 s’est terminé en septembre dernier.
« Ça nous prend un programme dédié au logement social sous toutes ses différentes formes. Ça nous prend des projets pour que ça marche. Il faut que ça marche rapidement. Il faut faire des logements publics gérés par les offices d’habitation, mais il faut que ça marche aussi pour des coopératives et des OSBL en habitation qui répondent à une diversité de besoins », martèle Mme Laflamme.
Les locataires n’ont pas à faire les frais du manque de volonté politique de ce gouvernement, ajoute-t-elle.
« Le logement social représente la seule façon d’améliorer de façon durable la situation des ménages locataires, des personnes et familles en situation d’itinérance, ainsi que de progresser dans la mise en œuvre du droit au logement », indique le FRAPRU.
Revendications au gouvernement fédéral
Le 5 octobre, le FRAPU et plusieurs groupes alliés ont manifesté à Ottawa afin de se faire aussi entendre du gouvernement fédéral.
Ils souhaitaient alors presser les troupes de Justin Trudeau « de cesser de dilapider les milliards $ de sa Stratégie nationale sur le logement dans des initiatives qui, pour l’essentiel, ne répondent en rien aux besoins des ménages ayant des besoins impérieux de logement et les sans-abris, pour plutôt concentrer ses investissements sur le logement social. »
« Le gouvernement fédéral peut faire une très grande différence. J’espère d’ailleurs (que le député de Québec Jean-Yves Duclos) va lire votre article, car dans sa circonscription, il y a des locataires mal pris qui ont besoin des logements sociaux », plaide Véronique Laflamme.
« Le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé une stratégie sur le logement, dans laquelle on a ventilé des milliards de dollars dans une panoplie d’initiatives et de fonds qui ne se suffisent généralement pas à eux-mêmes (…). Ça ne suffit pas, ça ne finance pas en soi un programme de logement social. »
L’Initiative pour la création rapide de logements, qui finance l’ensemble des coûts de réalisation, s’avère une exception, sauf qu’elle n’est pas récurrente, dénonce-t-elle.
À son avis, le fédéral « éparpille » les fonds publics et ses milliards sont allés « majoritairement à des projets de logements privés trop chers et complètement inabordables pour les locataires qui en ont le plus besoin ».
Dans le passé, ce pallier de gouvernement a fait une grande différence en matière de logement social et créé des logements pérennes. Québec et Ottawa devraient donc concentrer leurs efforts pour créer à nouveau des logements durables et qui répondent à une diversité de besoins, tout en répondant en priorité à ceux des locataires les « plus mal pris ».
« Si le fédéral réaffectait les sommes de sa Stratégie et focussait vers le logement social en marché privé, ça pourrait faire une grande différence », souhaite-t-elle.
Entente de 900 millions $ sur le logement
Par ailleurs, le 13 octobre, la ministre ministre responsable de l’Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau, a annoncé avoir conclu une entente avec Ottawa en matière de logement. Les détails restent toutefois à confirmer.
« Je suis très heureuse d’avoir conclu pour le Québec une entente avec (le ministre fédéral du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités Sean Fraser) quant à l’attribution des sommes provenant du FACL (Fonds pour accélérer la construction de logements). Les détails de cette entente seront divulgués lors d’une annonce prochainement. Nous ne ferons pas d’autres commentaires d’ici là », a alors indiqué la ministre sur X (anciennement Twitter).
« Nous avons conclu une entente avec le Québec sur le logement. Cet accord est conclu à un moment où nous devons faire tout en notre possible pour résoudre la crise du logement. Plus de détails suivront sur cet accord historique », avait quant à lui indiqué M. Fraser, sur le même réseau social.
Selon La Presse canadienne, le montant de cette entente s’élève à 900 millions $.
Au cabinet de Mme Duranceau, lorsque contacté par Monquartier le 16 octobre, on n’avait « pas encore de détails concernant le moment de l’annonce ».
Une bonne nouvelle, mais…
Pour le FRAPRU, cet accord peut constituer une bonne nouvelle, mais…
« Le gouvernement du Québec recevra d’Ottawa 900 millions de $ et a laissé savoir qu’il égalera la mise du fédéral, ce qui représentera des investissements de 1,8 milliard de $ en cinq ans. Ces nouveaux investissements, même s’ils sont insuffisants, peuvent constituer une bonne nouvelle, mais reste à voir ce que Québec en fera. Ces fonds publics doivent servir à répondre aux besoins urgents et à financer entièrement des logements sociaux sans but lucratif qui demeureront à nos communautés de façon pérenne et pas des logements à l’abordabilité douteuse » a réagi le FRAPRU sur sa page Facebook à la suite de l’annonce de la ministre Duranceau.
« Québec doit utiliser cette occasion pour augmenter ses objectifs de développement du logement social, hors marché privé, et le faire enfin sur plusieurs années. Surtout, ils doivent servir à prévoir de nouveaux logements sociaux et s’ajouter à ceux déjà annoncés et attendus parfois depuis des mois. D’autres sommes sont déjà prévues du fédéral et doivent être elles-aussi être utilisées à cette fin » ajoute-t-il.
« Le fédéral devrait en faire plus, il a une Stratégie sur le logement dotée de 82 milliards $ sur 10 ans qui jusqu’ici sont éparpillés majoritairement dans des initiatives sans effet structurant qui ont servi majoritairement à financer la construction de logements privés beaucoup trop chers. Les fonds réservés au logement social, hors marché, sont largement insuffisants et Ottawa doit changer de cap », soutient l’organisme.
Campagne du FRAPRU
En parallèle au lancement de son huitième Dossier noir à la fin septembre 2023, le FRAPRU a donné le coup d’envoi d’une campagne offensive intitulée Au Front pour le logement social.
Celle-ci vise « à obtenir du gouvernement québécois le financement suffisant d’un programme de logement social, complet, pérenne et dédié uniquement au logement social ».
La prochaine action du regroupement aura d’ailleurs lieu devant l’édifice du Conseil du trésor, le 27 novembre, sur Grande Allée, « afin de mettre en lumière les besoins urgents de logements sociaux sous différentes formes à Québec».
À Québec, le Comité des Citoyens et citoyennes du Quartier St-Sauveur (CCCQSS) fait partie des membres du FRAPRU, un regroupement pan-québécois.
À lire aussi:
Logement: une vision de la Ville loin d’être «ambitieuse», dénoncent des organismes
Pour en savoir plus ...
301, rue de Carillon, Québec (Québec), G1K 5B3
301, rue de Carillon Québec (Québec), G1K 5B3
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.