Des habitants ne se sentent plus en sécurité chez eux dans Saint-Sauveur

Dans le quartier Saint-Sauveur, la Maison Marie-Frédéric accueille des jeunes en difficulté. Depuis ce printemps, d’autres personnes itinérantes se rendent au Parc du Moulin-de-l’Hôpital, situé à l’arrière de l’organisme communautaire. Plusieurs habitants constatent des problèmes de cohabitation.

Des habitants ne se sentent plus en sécurité chez eux dans Saint-Sauveur | 15 septembre 2023 | Article par Anne Charlotte Gillain

L’état de la table du Parc du Moulin-de-l’Hôpital, qui s’est dégradée depuis ce printemps 2023.

Crédit photo: Courtoisie Julie (photo recadrée pour publication)

Dans le quartier Saint-Sauveur, la Maison Marie-Frédéric accueille des jeunes en difficulté. Depuis ce printemps, d’autres personnes itinérantes se rendent au Parc du Moulin-de-l’Hôpital, situé à l’arrière de l’organisme communautaire. Plusieurs habitants constatent des problèmes de cohabitation.

Julie habite depuis deux ans dans un logement qui borde le Parc du Moulin-de-l’Hôpital. Elle vit d’ailleurs dans le quartier depuis 10 ans. Des familles résident aussi dans les environs, avec parfois des enfants en bas âge.

Pour elle, les nuisances autour du parc se font davantage ressentir depuis l’ouverture de l’abri de nuit de la Maison Marie-Frédéric.

« Depuis avril, des campements sont érigés tôt dans la saison, du tapage nocturne de deux heures jusqu’à cinq heures du matin, des cris, de la consommation de drogues dures, des party, des feux, de la prostitution, des déchets, des overdoses, dont deux où nous avons été témoins », confie Julie, qui ne souhaitait pas donner son nom de famille.

Des citoyens comme elle ont déjà suggéré plusieurs alternatives pour régler cette situation. « Nous avons émis plusieurs pistes de solution d’ordre urbanistique à la ville comme déplacer la table qui est isolée au fond du parc pour la mettre plus près de la rue, augmenter l’éclairage dans le parc, clôturer le parc, mais notre conseiller municipal ne semble pas penser que ça vaut la peine. »

La nuit, le problème persiste

Le jour, la situation reste vivable, contrairement à la tombée de la nuit.

« C’est la nuit, le problème. C’est à ce moment-là que des patrouilles devraient être présentes. Nous avons aussi tenté de contacter l’administration de la Maison Marie-Frédéric pour ouvrir le dialogue, mais nous n’avons jamais eu de retour. Notre but est la saine cohabitation », déplore Julie.

Bernard Stier, un autre habitant du quartier depuis une quinzaine d’années, observe le même constat. « La nuit, on ne dort plus. »

Selon lui, il n’est plus vraiment confronté à des problèmes en journée en ce qui concerne les seringues retrouvées dans le parc, mais il voit un paradoxe dans la solution apportée par la Ville.

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« Les seringues souillées sont ramassées tôt le matin et le ménage est fait fréquemment dans la journée. En réponse aux appels au 911 de résidentes et résidents, la police patrouille régulièrement le jour. Cependant, l’initiative de la Ville d’installer une boîte pour disposer des seringues souillées dans le parc, malgré son panneau d’interdiction, est une autorisation tacite à une interdiction explicite! », affirme Bernard Stier.

Ce même résident avance également quelques pistes de solutions similaires à celles de Julie. L’objectif serait de retrouver un meilleur équilibre en termes de cohabitation pour tous. « Enlever la table à pique-nique derrière le Moulin ou la mettre en avant, pour faire face à la rue; mettre des luminaires puissants dans le parc, enlever la boîte pour disposer des seringues usagées, faire respecter sa propre règlementation et se donner les moyens de patrouiller également la nuit en y dédiant des effectifs », propose Bernard Stier.

Précisions de la Maison Marie-Frédéric

De son côté, Sylvain Gervais, le directeur général de la Maison Marie-Frédéric, reconnaît avoir eu des retours d’habitants sur ces soucis de cohabitation, mais il ne partage pas le même avis. Il préfère relayer les plaintes au niveau de la responsabilité de la Ville.

Pour lui, le fond du souci ne viendrait pas de la mise en place de l’abri de nuit depuis ce printemps par la Maison Marie-Frédéric. Il n’y aurait pas de rapport direct.

« Ce parc est fréquenté par toute sorte de monde chaque été. 80% des adultes qui fréquentent ce parc-là ne peuvent même pas venir de notre abri, puisque nous prenons en charge des personnes entre 18 et 30 ans. Les gens de l’abri passent justement la nuit dans cet abri et non à l’extérieur », constate Sylvain Gervais, directeur général de la Maison Marie-Frédéric.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ)  a l’habitude de collaborer avec l’organisme communautaire.

« Le parc à proximité de la Maison est un endroit public. On répond à tous les appels du 911, mais on doit les gérer par ordre de priorité. Si un citoyen du secteur qui vit près du secteur et nous appelle pour une plainte de bruit, ça contrevient au règlement municipal. Il s’agit d’une priorité d’appel moindre », précise Marie-Pier Rivard, porte-parole du SPVQ.

Parmi les quatre champs d’actions de la Ville, l’enjeu de la cohabitation est mentionné avec la création de l’équipe MULTI depuis 2020. Dans ce cadre-là, « une police de proximité patrouille dans les secteurs attirant une clientèle plus vulnérable. »

Au moment de la mise en ligne, la Ville n’avait pas répondu à nos questions.

L’itinérance, un phénomène grandissant

D’après un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), on dénombre 10 000 itinérants dans la province.

Le nombre de personnes à la rue a bondi de 44% en cinq ans, selon ce même rapport, commandé par le ministère de la Santé et des Services sociaux. On parle d’itinérance visible dans ce cas-là.

Cette semaine, la Ville a annoncé qu’elle devenait la locataire principale du sous-sol de l’église Saint-Roch. En collaboration avec d’autres organismes, on souhaite y offrir un lieu de répit pour les personnes vulnérables, notamment en situation d’itinérance.

L’entente conclue avec la Fabrique de la paroisse de Sainte-Marie-de-l’Incarnation entre en vigueur dès le 1er octobre 2023. De cette manière, la Ville souhaite soutenir des projets d’organismes communautaires et culturels.

Ce vendredi 15 septembre, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) accueille le premier Sommet sur l’itinérance.

Les habitants des environs espèrent obtenir des réponses plus concrètes de la Ville, mais aussi de la Maison Marie-Frédéric, pour appréhender plus sereinement le printemps prochain.

Ce texte a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local.

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