<em>David contre Goliath</em> : retour sur l’inachevé pour David B. Ricard | 27 avril 2023 | Article par Simon Bélanger

Image du film David contre Goliath, de David B. Ricard.

Crédit photo: Courtoisie Caroline Rompré, pixelleX communications

David contre Goliath : retour sur l’inachevé pour David B. Ricard

Le réalisateur de Québec David B. Ricard ressentait en lui une culpabilité : celle de ne jamais avoir terminé trois de ses films. Il a souhaité revoir des acolytes du passé pour mieux comprendre ce sentiment qui l’habitait, une quête mise en parallèle avec le combat de David face à Goliath.

Le documentariste David B. Ricard, qui habite aujourd’hui le quartier Saint-Sauveur, a déjà deux longs métrages documentaires derrière la cravate.

En 2018, son film Vocalités vivantes s’est penché sur le processus de création d’un spectacle de poésie et de musique dans la francophonie canadienne.

Son premier documentaire, Surfer sur la grâce (2016), établissait plutôt un parallèle entre son propre parcours et celui de son petit frère, un champion de slalom en planche à roulettes.

Dans son œuvre la plus récente, David contre Goliath, le réalisateur de Québec revient encore sur son parcours personnel. Il se replonge dans le processus de création et d’abandon de trois courts métrages tournés alors qu’il vivait à Montréal.

« En faisant de l’introspection, […] je trouvais souvent des sentiments de honte, de déception ou d’échec par rapport à certaines choses dans ma vie, dont la réalisation de ces films-là », souligne David B. Ricard.

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David contre Goliath est distribué par la coopérative SPIRA.

David B. Ricard, dans David contre Goliath.
Crédit photo: Courtoisie Caroline Rompré, pixelleX communications

Combat biblique et cinéma muet

Le récit du film s’articule autour du célèbre combat qui opposa le frêle mais confiant David au puissant mais fragile géant Goliath. Ce dernier est défait en raison d’une simple pierre lancée par la fronde de David.

« Le David de la Bible, c’est un personnage que je considère très loin de moi. Il avance sans crainte, sans peur, avec une foi insurmontable, avec une sorte d’arrogance dans ses pouvoirs. Je suis un peu fasciné par ce type de personnage », explique le cinéaste.

En contrepartie, il voit dans le personnage de Goliath « tout ce qui peut nous paralyser, nous faire peur ».

Dans des scènes rappelant l’époque du cinéma muet, David B. Ricard incarne les deux personnages. Il affirme s’être inspiré de La Passion de Jeanne d’Arc (1928), de Carl Theodor Dreyer, l’un des derniers films muets de son temps. Ce film devait d’ailleurs être un film parlant au départ.

« C’était un genre de cri du cœur d’un personnage qui essayait de s’exprimer, mais qui était pogné avec des surtitres, avec des panneaux écrits. Il y avait toute cette rage. On sent que le son essaie de sortir du personnage et qu’il n’y arrive pas. […] Il y a toute la question de la paralysie par rapport à la peur, qui pour moi est là-dedans », ajoute David B. Ricard.

Exttrait du film David contre Goliath, entrevue de David B. Ricard (droite) avec Eric K. Boulianne (gauche).
Crédit photo: Courtoisie Caroline Rompré, pixelleX communications

Replonger dans son passé

Pour sa démarche, le réalisateur a tenté d’entrer en communication avec l’ensemble des gens avec qui il a collaboré pour trois courts métrages : L’exécutrice (2008), Laquelle (2011) et Atonale (2012).

Plusieurs ont refusé; d’autres n’ont pas répondu. Un certain nombre de ses acolytes du passé ont accepté de revenir sur les événements, mais aussi sur la suite de leur vie après ces films.

On peut notamment voir à l’écran Éric K. Boulianne, coscénariste de Farador, Viking et Le Plongeur, Vincent Biron, réalisateur des Barbares de La Malbaie, ou la comédienne Dylane Hétu.

Dans certains cas, il s’agissait d’anciens colocataires, d’amis du cégep ou de l’université, avec qui David a passé plusieurs années. Il avoue que le sentiment de les quitter peut ressembler à celui d’une rupture dans un couple.

« Dans une rupture amoureuse, il y a le moment où on sent qu’il faut qu’on se sépare, mais on ne sait pas pourquoi. On est rentré dans certains patterns qui rendaient la situation ou la relation toxique ou difficile à vivre, pour un ou l’autre ou les deux. […] C’est une relation proche d’une relation intime », avoue le réalisateur.

David B. Ricard ne croit pas que ce film lui permettra de passer à travers son sentiment de culpabilité, sur lequel il continue de travailler. La reprise de contacts s’est poursuivie avec certains de ses anciens partenaires de travail.

Il se réjouit cependant d’avoir donné que les images de ses courts métrages aient trouvé leur place dans un projet.

« Ces images-là ont servi à quelque chose qui est proche de moi. À quelque part, il y a une partie de moi qui est contente d’avoir trouvé une raison d’être à ces images-là », explique David.

Sorties à venir

Le film David contre Goliath est projeté en avant-première le 2 mai 2023, au Cinéma Le Clap Ste-Foy. La sortie officielle est prévue le 5 mai 2023.

Il doit faire l’objet d’une présentation spéciale au Circuit Beaumont un peu plus tard. Le long métrage sera également projeté dans des salles montréalaises, comme au Cinéma moderne, à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Public .

Il a aussi été programmé en novembre 2022, lors des Rencontres internationales du documentaire de Montréal.

David B. Ricard aimerait que son film puisse trouver sa place dans les cégeps et universités, où s’offrent des programmes en cinéma.

« Je pense que c’est un film qui peut vraiment parler beaucoup aux créateurs émergents », estime le cinéaste. Il aurait lui-même aimé pouvoir voir un film comme celui-là lorsqu’il était étudiant.

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