Profilage racial : des groupes interpellent Québec

Des organismes communautaires demandent au gouvernement provincial de ne pas porter en appel le jugement interdisant aux policiers d'intercepter des automobilistes sans motif.

Profilage racial : des groupes interpellent Québec | 14 novembre 2022 | Article par Thomas Verret

Réunis en point de presse à Québec, des organismes demandent à Québec de ne pas porter en appel le jugement interdisant aux policiers d’intercepter des automobilistes sans motif.

Crédit photo: Thomas Verret

Des organismes communautaires demandent au gouvernement provincial de ne pas porter en appel le jugement interdisant aux policiers d’intercepter des automobilistes sans motif.

En fait, ce regroupement recommande à Québec d’aller plus loin que la récente décision historique en matière de profilage racial rendue à la Cour supérieure.

Des alternatives à l’article 636 du Code la sécurité routière

Dix organismes de Québec, Montréal et Repentigny se sont réunis, le 14 novembre, à la Ligue des droits et libertés, sur la rue Dorchester, dans le quartier Saint-Roch. Ceux-ci proposent deux alternatives à l’article 636 du Code de la sécurité routière, dont le retour à la version de 1990.

« À l’époque, un policier devait avoir un motif raisonnable pour exiger qu’un conducteur immobilise son véhicule », a rappelé le militant anti-raciste, Alain Babineau.

De plus, le regroupement suggère qu’un récépissé soit remis au conducteur intercepté. Ce document écrit indiquerait le motif et les circonstances de l’interception ainsi que la race ou l’origine ethnique du conducteur.

« Dans sa forme actuelle, le Code de la sécurité routière est insaisissable et très sournois puisqu’il repose sur une pratique policière trop souvent détournée de ses faits par des préjugés individuels, conscients ou non, a dénoncé l’ex-policier. Nous croyons que la modification de l’article 636, tel que proposé aujourd’hui, permettra à notre société québécoise d’exercer un leadership au niveau national », a conclu M. Babineau.

Selon les intervenants du regroupement, cette proposition aiderait les policiers, étant donné que les balises faciliteraient leur travail. Ces derniers ont formulé leurs demandes dans une lettre envoyée au nouveau ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. Dans les prochains jours, ils sensibiliseront aussi les élus de l’Opposition à ce sujet. L’enjeu doit bientôt refaire surface à l’Assemblée nationale, dont les travaux débutent le 29 novembre.

Profilage racial : une étude en cours à Québec

Soit dit en passant, la Ligue des droits et libertés documente actuellement le profilage racial à Québec. Même si la collecte de données n’est pas encore terminée, un fait s’avère déjà une évidence. Ce phénomène est plus présent sur la route que dans l’espace public.

Le coordonnateur de l’organisme a d’ailleurs décoché une flèche à l’endroit de  la Ville. En novembre 2021, l’arrestation musclée de jeunes noirs à Québec avait soulevé un tollé. Maxime Fortin reproche à l’administration municipale de n’avoir « rien fait pour régler le problème ».

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« On aurait pensé que l’équipe du maire Marchand aurait valorisé une culture de données. Et pourtant, l’an passé, il y a eu tout le scandale avec le SPVQ. Cela a amené une certaine réflexion à la Ville de Québec. Une conseillère avait suggéré de mener une étude qui ethnicisait les personnes interpellées. Malheureusement, la Ville a rejeté du revers de la main cette proposition », a déploré M. Fortin.

Le porte-parole de la Ligue des droits et libertés, Maxime Fortin, a critiqué l’inaction de la Ville de Québec face au profilage racial.
Crédit photo: Thomas Verret

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