Tel un marchand de prose, Dominique Sacy a livré de la poésie à des résidents du quartier Saint-Sauveur dans le cadre d’un projet de médiation culturelle.
L’artiste de Limoilou s’est rendu chez les participants pour leur réciter des poèmes et entamer des réflexions avec eux sur les textes lus.
« Je voulais recréer cette ambiance intime d’une discussion entre amis », explique le jeune homme de 28 ans.
En un mois, il a offert 14 représentations. Des spectacles poétiques qu'il qualifie de belles rencontres.
« Il y a quelque chose de très informel dans le spectacle. Je m’installe chez les gens, je m’assois à la même hauteur qu’eux, il n’y a pas de scène. Au final, on passe plus de temps à jaser des poèmes qu’à les réciter », précise Dominique Sacy.
La poésie, un art accessible
L’objectif de sa démarche était d’initier des personnes du quartier à ce genre littéraire.
Dominique a rencontré les participants au Marché Saint-Sauveur. Les gens recrutés l’ont été en raison de l’intérêt démontré envers le projet.
Comme celui-ci est financé par Action Culture Saint-Sauveur, il ne leur en a rien couté d’y participer. Ce moment a toutefois donné lieu à des prises de conscience et à des éclairs de génie.
« Ce que je préfère du show, c’est quand les gens réalisent qu’ils sont capables de lire de la poésie, de vivre des choses à travers cet art et de l’expliquer aux autres », souligne celui qui a rencontré des personnes de tous âges et de tous horizons.
Des individus dont le parcours de vie et la situation économique diffèrent beaucoup l’un de l’autre, ce qui a rendu l’expérience encore plus intéressante.
« Honnêtement, mes shows préférés sont ceux que j’ai faits avec des gens, qui non seulement ont eu peu accès à la poésie dans leur vie, mais qui ont eu peu accès à la littérature tout court », partage-t-il.
« Les gens plus calés en littérature vont sortir des trucs techniques, alors qu’eux, ils sortent des choses simples de leur vécu, des trucs tellement spontanés, que ça n’en est hot! »
De l’introspection à l’état pur
Dominique a lu autant des poètes classiques, comme Hector de Saint-Denys Garneau, que des auteurs contemporains comme Catherine Dorion, par exemple.
« La poésie, c’est de plonger en soi-même. La manière dont les auteurs écrivent de la poésie, généralement, c’est ouvert à l’interprétation. En fin de compte, tu ne penses pas à ce que l’auteur a voulu dire, comme on nous disait toujours de faire à l’école. Souvent, tu réussis plutôt à sentir ce que ça te faire vivre, à quoi ça te fait penser », explique-t-il.
« C’est tellement vaste qu’inévitablement, tu finis par trouver quelque chose qui te rejoint toi, dans ta vie. Sans qu’ils le nomment ainsi, les gens finissent toujours par parler d’eux-mêmes. »
Si des poèmes peuvent être interprétés de façons différentes, certaines choses ne changent jamais vraiment.
« J’ai vécu un autre moment incroyable quand j’ai demandé aux gens pourquoi on parle autant d’amour toxique dans les poèmes contemporains. Il y a eu un petit silence et une personne âgée m’a répondu "Ben l’amour, ça toujours été difficile!" », raconte-t-il.
Le syndrome de l’imposteur
Dominique a commencé à travailler sur ce projet il y a deux ans.
Auteur-interprète de spoken word, de slam, de rap et d’ovnis théâtraux, ce dernier n’avait lu que très peu de recueils de poèmes à ce moment.
Bien que sa pratique se rapproche de la poésie, il se sentait comme un imposteur quand les gens le présentaient en tant que poète. C’est de là que tout est parti et qu’il s’est plongé dans l’univers de la poésie.
Le soutien financier de 4 500 $ d’Action Culture Saint-Sauveur a finalement rendu possible cette idée un peu dingue.
La question à 100 piasses maintenant : se sent-il toujours comme un imposteur?
« Ça a vraiment guérit mon sentiment d’imposteur », répond le poète de Québec, qui se plaît toujours à lire des poèmes dans ses temps libres.
D’ailleurs, Dominique Sacy planche présentement sur un projet de recueil de poésie pour les enfants sous forme de spectacle.
Décidément, il a de la suite dans les idées!