Café et demi-brioche avec Allison Van Rassel

Des journalistes en chair et en os vivent dans nos quartiers. Anglophone qui a grandi à Québec, Allison Van Rassel s’est déplacée à Toronto et à Montréal pour exercer son métier de journaliste. De retour dans la Vieille Capitale depuis plusieurs années, c’est dans Saint-Sauveur qu’elle s’installe. Portrait d’une journaliste qui tend à repousser les frontières de la profession.

Café et demi-brioche avec Allison Van Rassel | 30 avril 2022 | Article par Elizabeth Jean-Allard

« Tout est un plan A pour moi » – Allison Van Rassel

Crédit photo: Sam St-Onge

Des journalistes en chair et en os vivent dans nos quartiers. Anglophone qui a grandi à Québec, Allison Van Rassel s’est déplacée à Toronto et à Montréal pour exercer son métier de journaliste. De retour dans la Vieille Capitale depuis plusieurs années, c’est dans Saint-Sauveur qu’elle s’installe. Portrait d’une journaliste qui tend à repousser les frontières de la profession.

Dédiée à une carrière en enseignement, Allison Van Rassel décide de laisser tomber son baccalauréat à la dernière session pour faire un Certificat en journalisme à l’Université Laval. C’est que durant ses études, elle animait déjà à CHYZ, la radio étudiante. Une passion trop forte pour y résister. Elle prend donc le chemin de Toronto pour y faire ses armes de jeune journaliste.

Réputée aujourd’hui pour ses chroniques sur l’alimentation, elle fait toutefois ses débuts dans un domaine un peu moins glamour : l’économie, du point de vue de la construction. Une expertise qui lui servira dans le futur pour décrocher un emploi à CBC. Toutefois, c’est à Toronto que sa fibre journalistique s’éveille vraiment. De jour, elle travaille au journal et elle découvre la diversité culturelle de sa ville d’adoption.

Les fins de semaine, elle s’occupe dans les festivals de musique. Un cocktail qui lui permet de développer sa curiosité, son intérêt pour l’Autre et son désir de raconter. Des problèmes de santé la poussent à se rapprocher de sa famille et à migrer vers Montréal.

« Alors, je travaille à temps plein de jour. J’écris pour un journal de Montréal. Le week-end, j’anime la nuit à CHOM FM, parce que je veux garder cette passion-là ouverte. Et de jour, une fois de temps en temps comme remplaçante, ben en fait régulièrement une journée par semaine, des fois des remplacements, je donne des cours en journalisme dans une école privée à Montréal! Je pète au frette! »

Ralentir pour aller plus vite

« Fait que je suis revenue à Québec et j’ai complètement tassé les médias de ma vie. Je suis allée faire du service à la clientèle. Je suis allée apprendre l’écoute », explique Allison Van Rassel. Cela représente aussi un temps de remise en question pour la journaliste.

« J’aime beaucoup la profession, mais les journalistes sont des “bébittes” très particulières […]. La passion, l’éthique du travail, le désir de la vérité, de mettre en lumière des enjeux, de partager des histoires qui sont des enjeux publics, qui ont de l’intérêt public aussi, ça me parle! C’est le fondement de mon travail, mais la façon de le faire pour moi était toujours un peu questionnable », détaille-t-elle.

Après quelque temps hors du journalisme, elle est engagée à CBC pour animer à la radio. Un environnement où elle avait une grande liberté dans sa manière de raconter : « On me laissait carte blanche ». C’est dans ces années qu’elle commence à travailler en français. Un défi de taille pour une anglophone de langue maternelle, mais qu’elle relève continuellement. Les débuts de Bien dans son assiette lui permettent de mettre de l’avant sa passion : raconter l’alimentation autrement.

Pour l’amour de la bouffe

Allison Van Rassel est journaliste, mais avec un sujet qu’elle considère plus « l’fun ».

« J’ai vu tout changer. Quand je suis rentrée à Bien dans son assiette, on parlait de l’alimentation d’un point de vue super intellectuel. […] Avec le temps, j’ai vu le désintérêt total à, aujourd’hui, tout le monde sait tout, connaît tout sur l’alimentation. Et tout le monde est capable d’en parler alors que c’est totalement faux. »

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Allison Van Rassel a décidé de raconter l’alimentation d’un point de vue humain, tout en conservant la rigueur et la transparence essentielles au métier de journaliste. Une passion qui l’a amenée à animer Ça vaut le détour, sur la plateforme web de Radio-Canada. À travers la province et le pays, elle a goûté à des centaines de plats et mis de l’avant les artisans. La recette préférée de Allison Van Rassel? La lasagne de son beau-père! Comme quoi un bon restaurant n’égale pas la chaleur d’une recette familiale.

Grande consommatrice de café, elle lance en novembre 2020 une entreprise de microtorréfaction avec Pier-Paul Fortin, torréfacteur. Café deTerroir met de l’avant la transparence et la traçabilité du café. Un projet qu’elle a pu mener à terme en quittant Radio-Canada.

Des mythes…

Entre 2013 et 2016, elle travaille à Radio-Canada comme journaliste. Suivant cette expérience dans une salle de nouvelles, Allison Van Rassel se dit qu’elle ne va plus jamais y rentrer. Elle a soif de liberté dans son travail. Bien qu’elle ait travaillé dans une salle de nouvelles, elle s’étonne que plusieurs ne sachent pas comment cela fonctionne.

« Pourquoi est-ce qu’on n’est pas capable de savoir comment ça fonctionne vraiment, une salle de nouvelles? C’est quand la dernière fois que la majorité des gens ont vu comment [ça] fonctionne. C’est avec Scoop. C’est-tu vraiment l’image qu’on veut garder d’une salle de nouvelle? Est-ce que c’est dans la fiction qu’on veut voir le travail réel d’un journaliste? »

Un manque de transparence de rouages n’aide en rien le manque grandissant de confiance de la population envers les médias.

« Le plus grand mythe, c’est que le gouvernement gère tout ce qu’on dit. Tous les propriétaires de nouvelles de papier, de journaux et tout. C’est tous eux qui ont un mot à dire dans la façon dont on fait les choses. Pantoute! Y’a pas de Big boss qui rentre dans les salles de nouvelles et qui décide les sujets. »

Un mythe qui perdure, mais qui ressemble à une patate chaude dont tout le monde reconnaît l’existence sans vouloir s’en approcher.

…et des limites

La déontologie journalistique balise les pratiques des professionnels de l’information. L’absence de conflit d’intérêts est primordiale. Ce sont des jalons qui dirigent encore Allison Van Rassel. Outre ses multiples activités, elle considère sa méthodologie de travail profondément journalistique. Devra-t-elle un jour laisser aller ce titre? Elle-même ne le sait pas.

Assumer plusieurs chapeaux – ceux de journaliste, de chroniqueuse et de copropriétaire d’entreprise – est-il conjugable sur le long terme? « Je suis mon propre médium de communication », lance Van Rassel. Elle n’est plus la « Allison Van Rassel de Radio-Canada ». Pour une professionnelle qui a toujours aimé repousser les frontières qui lui étaient imposées, elle se trouve à poser ses propres fondations.

Un aspect de son travail qui fait peur, mais quoi de mieux que de se lancer dans le vide? Encore et encore. « Y’a toujours des gens qui vont croire en ce que tu fais », sourit-elle. Une affirmation matérialisée par son couple établi depuis 18 ans déjà :

« Elle m’a épaulée beaucoup dans ma prise de décisions. Je pense que si je ne l’avais pas eue dans ma vie, je ne serais pas là aujourd’hui en train de te parler en ce moment ».

Toujours plus de projets

« Salut les gourmands, c’est une phrase que je disais dans une pub qui a été enregistrée à Radio-Canada. C’était une grosse joke », s’amuse la journaliste. C’est d’ailleurs devenu sa marque de commerce, au point où son site internet se nomme ainsi. Tout le contenu qu’elle produit maintenant se trouve sur la plateforme Mordu de Radio-Canada.

Toutefois, Allison Van Rassel n’est pas du genre à se limiter à un seul projet. Elle ne peut pas encore discuter du futur.

« Dans la prochaine année, je vais réaliser un rêve que je ne savais même pas que j’avais. »

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