Après Lanterne récemment, notre regard se pose cette fois sur une autre boite d'architectes du quartier partageant les même valeurs : la firme ultralocal, qui œuvre dans les secteurs résidentiel, commercial, institutionnel et agrotouristique.
Comme exprimé sur sa page Web, « ultralocal [avec un « u » minuscule] s’intéresse au savoir-faire local en visant des solutions architecturales durables, de qualité et imprégnées de leur contexte ». « Cela va du détail de la construction jusqu'au design intérieur, en valorisant des bâtiments bien identifiés à leur quartier », ajoute Véronique Barras-Fugère, qui a cofondé l'entreprise avec Alexis Ruelland il y a un peu plus d'un an.
Une « pratique différente » de la profession

Crédit photo: ultralocal architectes
Après avoir gradué en 2016 à la maîtrise de l'École d'architecture de l'Université Laval, Véronique a développé un intérêt particulier pour le design intérieur, enrichi d'une expérience en gestion de projets. Durant ses études, elle a pu profiter d'un échange d'étudiants à Montpelier pour visiter, pendant un an, nombre de villes européennes.
« Étrangement, c’est davantage les gens qui ont teinté ma vision de la profession, par leur façon de prendre le temps de vivre et leurs relations interpersonnelles. », témoigne-t-elle.
À la même époque, Alexis a aussi complété sa deuxième maîtrise en architecture : son mémoire portait sur « l'histoire de la construction à Lévis, d'un point de vue social et économique », raconte celui qui enseigne aussi à l’université l’emploi du bâtiment, tout en étant membre de la Commission d'urbanisme de la Ville de Québec.
C'est en travaillant sur le projet de Lab-École chez Coarchitecture que les deux nouveaux architectes natifs de Québec décident d'unir leurs talents. Certes, leur proposition n'est pas retenue, « mais c'est là qu'on s’est rendus compte qu’on avait vraiment des atomes crochus », souligne Alexis, qui partage avec Véronique le même souhait de « pratiquer différemment » :
« On a donc fondé ultralocal, un nom qui prend tout son sens au fil de notre pratique. On propose une architecture près des clients, qui fait du bien, écologique, tout en nous impliquant dans notre communauté », enchaîne-t-elle.
Le partenariat entre autres valeurs centrales

Crédit photo: ultralocal architectes
Depuis août 2020, ultralocal occupe le deuxième étage d'une jolie maison de la rue Arago ayant appartenu à une historienne. Propriété « coup de cœur » de Véronique, elle y habite avec son conjoint, Jean-Thomas Baillargeon, en plus d'y opérer au sous-sol leur petite entreprise de savon Nu :
« La maison avait été rénovée en gardant son cachet. Nous avons fait un bureau à domicile pour notre firme qui en était à l'étape d'occuper un lieu physique. Nos collaborateurs et clients peuvent même profiter d'une terrasse! »
Deux stagiaires à temps partiel prêtent main-forte au développement de l'entreprise, ainsi qu'un directeur technique. Ce dernier, le père d'Alexis, technicien senior en architecture, « nous aide pour des projets qui nécessitent plus d’audace », précise-t-il avec reconnaissance. Forte de cette équipe, « ultralocal veut se rapprocher des entreprises du milieu en se fournissant localement des matériaux, en organisant un réseau d’entraide et de partage d’expériences et de projets », ajoute Véronique en citant par exemple leur association avec Quinzhee, Lanterne et Perron Design.
Toujours sur cette idée de réseautage, Alexis fait remarquer que la nouvelle génération d'architectes « évolue dans un marché qui va très bien, et doit donc composer avec le manque de main d’œuvre, ce qui les motive à collaborer ».
De l'écoute des clients à l'engagement social

Crédit photo: ultralocal architectes
Peu actif pour l'instant sur les réseaux sociaux, ultralocal, grâce aussi au bouche à oreille, compte déjà suffisamment sur « les amis du milieu qui nous donnent certains projets pour remplir notre carnet de commandes », explique Véronique
Parmi les réalisations de la firme qui débordent des quartiers centraux, l'architecte souligne notamment une maison unifamiliale dans Saint-Sauveur, la Résidence St-Ignace, implantée sur un lot redécoupé. « Nous avons conçus une maison chaleureuse à l'image du couple franco-brésilien en créant des aires de vie baignées de lumière naturelle aux tonalités qui rappellent le Brésil. »
« Le besoin de lumière et de végétation est comblé par une emprise au sol du bâtiment qui est la plus compacte possible afin de libérer une cour arrière généreuse et verdie et de minimiser l’ombrage sur les cours arrière du voisinage. Le bâtiment reprend également les caractéristiques d’implantation du quartier avec une marge avant minimale et des façades latérales suggérant la mitoyenneté dans un esprit de densification et de consolidation du milieu. », peut-on lire dans la description tirée du portfolio de la firme.
Un autre exemple illustré dans ce reportage en est Logements Ste-Foy, du développeur Erige construction, une entreprise spécialisée dans la restauration pour laquelle ultralocal planche aussi sur plusieurs autres projets :
« Huit logements seront aménagés dans un agrandissement et dans la réfection d’un immeuble patrimonial sur le chemin Sainte-Foy. Les tranches de circulation forment des silences qui assurent une transition claire et évidente entre l’existant et le nouveau. Il en résulte un projet en trois volumes, dont l’un est la maison existante qui préserve son autonomie et ses caractéristiques d’origine. »
Par ailleurs, le projet des Bureaux Maguire concernait une rénovation intérieure complète pour aménager les espaces d’une entreprise de canneberges sur la rue Maguire. « On a aussi des projets institutionnels, et nous travaillons entre autres sur l’agrandissement d’une coop funéraire et sur une maison ancestrale de l'Île d'Orléans », poursuit Véronique.
Revenant sur leur expérience commune du SPOT de 2017 au sein de Coarchitecture, Alexis souligne de plus leur intérêt au développement, sur une base bénévole, des installations éphémères de la ville comme celle en préparation au coin de l'avenue Cartier. Cela, dans cette volonté de s'engager davantage dans la communauté comme lui-même l'a fait au conseil de quartier Montcalm.
Défis et temps de réflexion

Entreprise en démarrage, ultralocal n'a pas peur de relever des défis complexes en exigences écologiques ou patrimoniales. « Mais on veut aussi prendre notre temps pour réfléchir sur nos choix tout en explorant l’aspect recherche », exprime Véronique Barras-Fugère. Elle ajoute ainsi sa voix à celle de son coassocié qui s'interroge, lui aussi, sur une définition claire de ce qu'est l’architecture contemporaine québécoise.
Comme beaucoup de nouvelles firmes d'architectes, ultralocal veut aussi se libérer du temps pour participer à des concours d’architecture, « un processus intensif pour un jeune bureau comme le nôtre », concède Alexis Ruelland. Enfin, un autre gros défi que veut relever ultralocal est sa qualification dans les appels d'offre publics :
« On vise par exemple les musées et bien sûr, la rénovation patrimoniale. En ce sens, le Lab-École nous a un peu pavé la voie. Ça montre encore une fois l'importance, pour nous de penser consortium avec d’autres bureaux de notre réseau afin de pouvoir un jour toucher à ces bâtiments », conclut l'architecte.
À lire aussi : Lanterne architectes : l’art de rénover dans une perspective de développement durable.