Des poneys, des chevaux et des hippomobiles sur Saint-Luc
Dans les années 1920, deux jeunes frères sont assis dans une charrette tirée par un poney sur la rue Saint-Luc. La photo a été prise devant la maison familiale d’Émile, père, (« La shop » au fil du temps). La maison se situe entre les rues Dollard et Sainte-Thérèse, aujourd’hui Raoul-Jobin. Mon oncle se trouve à gauche sur la photo.
La rue Saint-Luc
Le Répertoire des toponymes indique que « la rue Saint-Luc, qui apparaît sur une carte de 1875, est nommée ainsi en l’honneur de saint Luc (1er siècle), auteur du troisième Évangile. (…) Saint Luc est le patron des peintres et des médecins. »¹ La rue part de l’Hôtel-Dieu du Sacré-Cœur de Jésus (aujourd’hui Centre d’hébergement Sacré-Cœur) jusqu’au cap.
Au même endroit, l’aîné des jeunes, endimanché, pose fièrement à côté d’un cheval de course qui porte des bandes de polo. Le prolongement de la rue Saint-Luc en direction sud, vers le cap, s’affiche sur la photo.
En 1901, l’annuaire Marcotte² indique que la maison du coin de rue, au 2e étage, abritait un commerçant de chevaux.
Les poneys, des chevaux de petite taille
La littérature explique qu’un cheval de moins de 1,48 m non ferré au garrot est un poney. S’il est ferré, la taille limite augmente de 1 cm. Et au-dessus, c’est un cheval.
Dans les années 1930, les enfants sont photographiés en hiver. Ils sont assis dans un traîneau à deux patins attelé à un poney devant chez eux. Les rênes sont tenues par mon oncle.
Les années 1940 et après
En mai 1943, la photo montre un corbillard tiré par trois chevaux sur l’avenue des Oblats au coin de la rue Saint-Luc. Le cocher et un autre homme, peut-être M. Laberge, portant manteau noir et chapeau haut de forme, sont assis sur un banc plus haut à l’avant. Derrière le corbillard, se trouve un landau, une voiture hippomobile³ menée par un cocher vêtu de même façon. Une partie du nom de l’entreprise sur l’enseigne à la verticale y apparaît, de même que le numéro d’immeuble 185. L’annuaire Marcotte indique « Laberge Wilfrid, entrepreneur de pompes funèbres (bureaux). »
Le corbillard hippomobile se retrouve près de l’église Saint-Malo sur la photo suivante. Le landau, fort probablement utilisé pour transporter les proches d’Émile, sa veuve et leurs filles, est devant. Les porteurs du cercueil d’Émile et le cortège funèbre se dirigent vers l’église de la paroisse pour la cérémonie d’adieu. Émile sera amené ensuite à sa dernière demeure.
« Il jouissait de l’estime de tous ses concitoyens et en particulier des paroissiens de St-Malo qui perdent en lui l’un de leurs bienfaiteurs », lit-on sur l’avis de décès.
En terminant, l’image de la jeune Beaulac sur le bel étalon (ou la belle jument) m’apparaît avec les propos de mon cousin Michel :
« L’histoire des chevaux sur et autour de Saint-Luc s’étend jusque dans les années 1960, voire 1970 par l’écurie Beaulac sur la rue Dollard, près de Saint-Luc. De mémoire, dans les années soixante, on pouvait y louer un cheval à l’heure et se promener librement dans les rues. »
De fait, l’annuaire Marcotte indique Beaulac, Cyrille / Beaulac, Paul, louage de chevaux, en 1946. Et, en 1970, Beaulac & Frères Enr. (Paul Beaulac), école d’équitation.
¹ Le Répertoire des toponymes, ville de Québec
² Annuaire Marcotte
³ Les voitures hippomobiles de la collection Paul-Bienvenu, par Anne Bernatchez et al., Québec, Musées de la civilisation, dir. des communications, 2015
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