Présenté dans un lieu inédit pour un spectacle, le local des mystérieuses Éditions du Grand Midi sur le boulevard Langelier, Sorcières allie hypnose, danse contemporaine, théâtre et musique. Une proposition singulière, diffusée par Joker Joker, qui a de quoi intriguer.
Les singulières Sorcières de Joker Joker
Présenté dans un lieu inédit pour un spectacle, le local des mystérieuses Éditions du Grand Midi sur le boulevard Langelier, Sorcières allie hypnose, danse contemporaine, théâtre et musique. Une proposition singulière, diffusée par Joker Joker, qui a de quoi intriguer.
Rappelons que Joker Joker est « diffuseur nomade », c’est-à-dire qu’il cherche un lieu de diffusion en s’adaptant à chacun de ses collaborateurs.
Du théâtre intérieur
Dans le programme du spectacle Sorcières, Carolane Desmarteaux, l’hypnologue à qui l’on doit l’idée originale et la mise en scène, souligne que « l’hypnose est un vaste théâtre intérieur ». Ne vous attendez pas à de grands coups d’éclats comme dans un spectacle de Messmer. Ici, on retrouve des interprètes en leur for intérieur.
Le spectacle se veut inspiré des célèbres « Leçons du mardi » du neurologue Jean-Martin Charcot, lors desquelles le médecin déclenche par hypnose les des crises spectaculaires chez ses patientes, pour la plupart diagnostiquées comme « hystériques ».
Ainsi, trois patientes installées sur leur lit d’hôpital attendent. Carolane Desmarteaux représente le neurologue, la médecine. Elle parle de plusieurs femmes marquantes de l’histoire qui ont été considérées comme marginales, accusées d’être sorcières, ou encore diagnostiquées comme hystériques. Elle hypnotise les interprètes afin qu’elles deviennent ces femmes : Virginia Woolfe, Jeanne-D’arc et Augustine, la plus célèbre patiente du Docteur Charcot.
Hypnose ou jeu?
L’expérience comme spectateur est particulière. Si l’hypnose est un vaste théâtre intérieur, le spectateur a parfois l’impression d’être laissé en plan. Les interprètes « hypnotisées » ont souvent les yeux fermés et expriment les commandes de Desmarteaux, parfois très subtilement. On a bien quelques moments des interprètes mettant en valeur leur talent. Notons le moment d’hypnose de Marie-Chantal Béland, interprète en danse représentant Jeanne-D’arc, ainsi qu’un autre bon moment avec Maude-Hélène Brouard dans le rôle d’Augustine. Pour les hypnotiser, Desmarteaux doit souvent répéter les mêmes phrases, les mêmes mots.
Le fil conducteur dramaturgique n’est pas assez clair; la classe de maître qui est donnée manque de précision. Cependant, la question se pose tout le long à savoir si les interprètes sont vraiment hypnotisées ou si elles sont simplement de bonnes interprètes. On nous suggère au début du spectacle que c’est à nous de voir si elles jouent ou non, et je dois dire que je suis restée perplexe à savoir si Desmarteaux les avait vraiment hypnotisées ou si elles jouaient.
Sorcières est donc une proposition singulière pour un lieu singulier et une expérience qui pour les hypnotiques doit être également fort singulière. Une plus grande attention au fil dramaturgique aurait simplifié l’expérience pour le spectateur. Il manquait une montée dramatique à la proposition pour y adhérer complètement. Cependant, si vous êtes curieux d’assister à un spectacle qui utilise l’hypnose comme outil de création, vous serez bien servis!
Sorcières est présenté de nouveau à 20 h ces 21, 22, 23, 24 et 25 mai aux Éditions du Grand Midi (496 boulevard Langelier). Les billets sont en vente au https://lepointdevente.com/billets/sorcieres
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