Le 12 décembre 2012, afin d’alimenter ma page Facebook Notre-Dame-des-Laurentides : histoire et patrimoine, je rencontrais monsieur Roland Langlois (1928-2015) à sa résidence de l’avenue de la Rivière-Jaune, arrondissement de Charlesbourg. Venu pour des photos de mon quartier, je suis reparti de chez lui avec des souvenirs de Saint-Sauveur et de Limoilou.
Les pilotes et luthiers de Saint-Sauveur
Le 12 décembre 2012, afin d’alimenter ma page Facebook Notre-Dame-des-Laurentides : histoire et patrimoine, je rencontrais monsieur Roland Langlois (1928-2015) à sa résidence de l’avenue de la Rivière-Jaune, arrondissement de Charlesbourg. Venu pour des photos de mon quartier, je suis reparti de chez lui avec des souvenirs de Saint-Sauveur et de Limoilou.
Les maquettes de navire
Lors de ma rencontre avec M. Langlois, ce retraité de Montcalm Automobiles, ancien concessionnaire situé sur la 1re Avenue à Limoilou, m’a montré avec fierté des maquettes de bateaux qu’il avait lui-même assemblées. Son intérêt pour la navigation lui avait été transmis par son père, Eudore Langlois junior, ancien pilote du Saint-Laurent, de Pointe-au-Père, Rimouski, à Port-Alfred, Saguenay[1]. Son grand-père, Eudore Langlois senior, ainsi que son arrière-grand-père, Cyprien Langlois, époux de Marie Destroismaisons dit Picard, étaient également d’anciens pilotes du Saint-Laurent.
Le pilote de Saint-Sauveur
En 1892, Eudore Langlois senior (1861-1926), natif de Saint-Jean, Île d’Orléans, épouse à cet endroit, Lumina Gagnon[2]. L’année suivante, ces nouveaux mariés, résidant à Sainte-Anne-de-Beaupré, donnent naissance à leur premier enfant, Eudore Langlois junior, père de Roland[3].
Trois ans après avoir reçu sa licence de pilote, Eudore Langlois senior achète en octobre 1903, d’Antoine Boutin, pour la somme de 1 900 $, un immeuble à logements situé du côté sud de la rue Boisseau, à l’angle de la rue Victoria[4]. En 1910, jouissant d’un bon revenu, le « pilote de Saint-Sauveur[5] » effectue pour 3 000$ de travaux sur sa propriété, soit l’actuel 275 à 283, rue Boisseau[6].
Pilote l’été, luthier l’hiver!
En 1919, un an après avoir obtenu sa licence de pilote pour le Bas-Saint-Laurent[7], Eudore Langlois junior, épouse à Saint-Georges, en Beauce, Émilia Nadeau[8]. Celle-ci vient alors rejoindre son époux sur la rue Boisseau, dans un logement appartenant à son beau-père[9].
Selon M. Roland Langlois, son père et son grand-père, qui ont résidé dans le même immeuble jusqu’en 1925, profitaient de la saison froide, de l’arrêt de la navigation, pour fabriquer des violons. Une très jolie photo, prise vraisemblablement vers 1920, montre ces pilotes, arborant la barbe et la moustache, dans leur atelier de lutherie.
On déménage à Limoilou
Lorsque son père rend l’âme en 1926[10], Eudore Langlois junior réside depuis peu à Limoilou, dans une maison en brique, à deux étages, au coin de la 1re Avenue et de la 9e Rue, qu’il a fait construire, l’année précédente, au coût de 8 000$[11]. Le 15 février 1928, six jours seulement après avoir donné naissance à son fils Roland, Émilia Nadeau, âgée de 32 ans, décède à l’hôpital Saint-François d’Assise[12]. Elle laisse dans le deuil son époux et quatre jeunes garçons, Paul-Émile (1920-2007), Louis-Georges (1922-2006), Maurice (1926-2014) et Roland.
Quand l’amour vient de Notre-Dame-des-Laurentides
Peu de temps après le décès de son épouse, le « pilote de Limoilou » se marie en secondes noces à sa belle-sœur Laura Nadeau. Afin probablement d’alléger la tâche de celle-ci, Lumina Gagnon, veuve d’Eudore Langlois senior, s’occupe d’élever son petit-fils Roland. En 1958, ce dernier, âgé de 30 ans, épouse à Notre-Dame-des-Laurentides Lilianne Pelletier (1927-2018), fille de Sem Pelletier et de Valéda Auclair.
M. Roland Langlois aurait-il rencontré son épouse en raison de l’oncle maternel de celle-ci, Joseph Cloutier? Marié à Marie-Anne Auclair, ce sacristain de l’église Saint-Esprit résidait au 752, 1re Avenue, soit à quelques pas de la maison d’Eudore Langlois junior, du 894, 1re Avenue[13].
« À Québec, le 10 mars 1976, à l’âge de 82 ans et 10 mois, est décédé M. J. Eudore Langlois, ex-membre de la Corporation des pilotes du Bas-Saint-Laurent, époux en premières noces de feu dame Émilia Nadeau et en secondes noces de dame Laura Nadeau. Il demeurait au 894, 1re Avenue, Québec. Les funérailles auront lieu samedi, le 13 mars, à 10 heures. Départ du Funérarium de l’Anse, 280, 8e Rue à 9h50 pour l’église Saint-Esprit et de là au cimetière Saint-Charles[14]. »
En conclusion, le partage de cette histoire a permis à la famille de feu Roland Langlois de retrouver son ancienne résidence du quartier Saint-Sauveur. De fait, lorsque je passe devant l’immeuble à logements au coin des rues Boisseau et Victoria, je vois désormais deux pilotes du Saint-Laurent fabriquer des violons.
[1] Le Soleil, Québec, 29 mars 1900, p. 8.
[2] Registre de l’église Saint-Jean-Baptiste, Île d’Orléans, 12 juillet 1892, folio 15.
[3] Celui-ci a été baptisé Joseph-Eudore Langlois. Registre de l’église Sainte-Anne-de-Beaupré, 12 mai 1893, folio 7v.
[4] BAnQ, Québec, CN301,S458, Notaire Joseph-Louis Savard, 23 octobre 1903, n° 292.
[5] Le Soleil, 10 décembre 1907, p. 10.
[6] https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/bati/fiche.aspx?fiche=15655
[7] Le Soleil, 3 mai 1918, p. 14.
[8] Leur mariage a eu lieu le 25 février 1919.
[9] Édouard Marcotte, Québec-Adresses, 1919-1920, p. 126.
[10] Le Soleil, 3 mars 1926, p. 7 et 15.
[11] Archives de la Ville de Québec, urbanisme, permis 10075, 25 avril 1925.
[12] Le Soleil, 14 février 1928, p. 3 et 17.
[13] Annuaire Marcotte de Québec de 1958, Annuaires des chefs de maison […], p. 3.
[14] Le Soleil, 12 mars 1976, p. C-13.
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.