À une prochaine, M. Tourangeau

Jean Tourangeau a passé son adolescence dans le quartier Saint-Sauveur et toute sa vie, il est resté très attaché à la Vieille Capitale, qui l’a vu faire ses premiers pas dans le milieu culturel.

À une prochaine, M. Tourangeau | 26 août 2019 | Article par Catherine Breton

Jean Tourangeau

Crédit photo: Gracieuseté de la famille

Jean Tourangeau a passé son adolescence dans le quartier Saint-Sauveur et toute sa vie, il est resté très attaché à la Vieille Capitale, qui l’a vu faire ses premiers pas dans le milieu culturel.

Jean Tourangeau aimait avant tout les gens. Il adorait faire des rencontres. Il était curieux et passionné. Il a pratiqué plusieurs métiers tout au long de sa vie. Il a commencé sa carrière dans le milieu des arts visuels comme journaliste, animateur de radio, poète, critique d’art, artiste en art performance, distributeur en vidéo d’art.

Je l’ignorais, mais il fut un des cofondateurs de la Chambre Blanche. Plus tard, il a rejoint l’industrie télévisuelle pour y occuper différents postes : distributeur, producteur de contenu, scénariste, script-éditeur.

Esprit innovateur, en 1995, il a scénarisé et coproduit le premier docusoap au Québec : Pignon sur rue. L’année suivante, l’émission est devenue la première série à proposer un volet sur le Web.

Comment vont tes projets?

Jean Tourangeau n’hésitait jamais à entrer en contact avec des gens dont il avait entendu parler.

Valérie Hénaire, qui œuvre aussi dans le milieu de l’audiovisuel, dit qu’un jour, Jean l’a contactée par Messenger parce qu’il avait entendu parler d’elle et qu’il voulait tout simplement faire sa connaissance. Elle dit de lui, avec justesse je crois, que c’était un « marieur ». Il aimait entrer en relation avec les gens. Les mettre en contact. Créer des mariages.

Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’ouvrir mon Messenger et de trouver un message de Jean dans ma boite : Comment vont tes projets? Tu travailles sur quoi ces temps-ci? Ou juste un Comment vas-tu?

Le directeur du Festival de cinéma de la ville de Québec, Ian Gailer m’a confié qu’il avait été son premier patron dans le milieu de l’audiovisuel. Et qu’une chose que Jean Tourangeau lui avait transmise, c’est l’importance d’avoir confiance en la relève et de s’y intéresser. Pas étonnant qu’il ait par la suite enseigné, entre autres à l’UQAM et à l’UQAT.

Il était curieux de l’autre. Insatiable découvreur. Ouvert. Bien que parfois intransigeant. Mais dans ce milieu très compétitif, les exigences dont il faisait preuve sont une qualité. Il possédait également une capacité de travail, d’analyse et de concentration remarquables.

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Lorsque j’ai fait sa rencontre, il y une dizaine d’années, c’était comme conseiller et mentor. Et je ne suis pas la seule à avoir bénéficié de son regard critique, toujours sans malice. S’il y a une chose que j’ai personnellement appréciée chez cet homme, c’est qu’il donnait toujours l’heure juste, sans écraser, sans dénigrer. Il était parfois un peu piquant, mais c’était toujours fait avec humour.

Plusieurs de mes comparses du milieu de l’audiovisuel gardent un bon souvenir de Jean Tourangeau. Elias Djemil en dit ceci :

« Expéditif, pragmatique, sensible, pressé, ambitieux, un peu vieux jeu tout en étant visionnaire… ce sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à Jean. Je ne me rappelle pas très bien comment on s’est connus, je me rappelle que c’était par Facebook, il appréciait beaucoup mon travail, me le disait constamment. Je me rappellerai toujours la première chose qu’il m’avait dite quand nous nous étions rencontrés en vrai : « Comme ça, vous êtes de la gauche? » Je ne m’attendais pas du tout à cela, j’étais déstabilisé. C’est à partir de ce moment que je me suis dis « Ok, le gars est vraiment direct, j’aime ça! » Quelques mois plus tard, quand j’étais dans une des périodes les plus difficiles de ma jeune carrière, Jean est réapparu, en voulant, tout simplement, me donner un coup de pouce pour réaliser mes rêves et surtout des films. »

Je fais également partie des chanceuses à qui il a donné un coup de pouce. Il m’a référée comme scénariste sur de nombreux projets et m’a fait décrocher quelques contrats pour lesquels je lui suis reconnaissante.

Un homme d’action

Jean Tourangeau avait le sens de la communauté et du travail collectif. Sa nature profonde le poussait à être au service des artistes, des collègues, des étudiant.es et des communautés qu’il a côtoyés. Les propos suivants viennent de sa famille :

« Il avait toute une énergie ! Nous nous souviendrons de sa sensibilité, de son intelligence vive, de son grand talent d’orateur, de son humour unique, de ses propos vindicatifs, de ses écrits percutants et de son impeccabilité à faire les choses autrement. »

Jean Tourangeau était un homme d’action. Il fallait que ça bouge et que des projets voient le jour. Il en a semé tout au long de sa vie. Parmi ses plus récents, on retrouve La Gazette numérique, qu’il a cofondée et dont il était le rédacteur en chef.

Je suis parfaitement consciente que j’aurais pu faire participer un plus grand nombre de personnes à cet article pour lui rendre hommage. En fait, la tâche serait devenue colossale puisqu’il connaissait tant de gens qui lui sont également très attachés. En leur nom :

Merci Jean pour tout. Tu vas nous manquer. Ton sens du partage et de l’entraide demeurent parmi nous comme un exemple à suivre. Paix et amour, mon ami.

Jean est parti durant son sommeil. Il vivait depuis peu avec une insuffisance cardiaque et il s’est probablement endormi sans savoir que c’était pour la dernière fois. Paisiblement. Dans un endroit qu’il adorait et qu’il appelait son petit coin de paradis.

La famille remercie les gens qui se sont présentés aux funérailles – plus d’une centaine de personnes de tous âges étaient présents.es – pour rendre un dernier hommage à M. Jean Tourangeau, qui repose maintenant au cimetière Saint-Charles.

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