Les hirondelles et martinets crient au secours

Avec un déclin allant de 60 % à 98 %, les hirondelles et martinets du Québec sont menacés d’extinction à courte échéance. Cependant, les résidents des quartiers centraux peuvent renverser la vapeur en utilisant des moyens simples pour protéger ces oiseaux, explique Ludivine Quay de Nature Québec.

Les hirondelles et martinets crient au secours | 10 septembre 2018 | Article par Geneviève Morin

Ludivine Quay, spécialiste des hirondelles à Nature Québec.

Crédit photo: Geneviève Morin

Avec un déclin allant de 60 % à 98 %, les hirondelles et martinets du Québec sont menacés d’extinction à courte échéance. Cependant, les résidents des quartiers centraux peuvent renverser la vapeur en utilisant des moyens simples pour protéger ces oiseaux, explique Ludivine Quay de Nature Québec.

Deux familles d’oiseaux rares

C’est après avoir observé à quelques reprises des oiseaux aux ailes pointues dans le quartier Saint-Roch que m’est venue l’idée d’écrire un article « spécial faune » sur les hirondelles. Au moment de contacter madame Quay, spécialiste de ces volatiles pour l’organisme sans but lucratif Nature Québec, j’étais, je l’avoue, loin de me douter de leur déclin alarmant.
Ludivine Quay commence par me poser la question suivante : est-ce que les oiseaux que j’ai observés volaient de façon éparse ou en groupe? Mes volatiles ayant utilisé un vol groupé, j’apprends avec stupeur qu’il ne s’agissait pas d’hirondelles, mais de martinets ramoneurs, une espèce dont la population a chuté de 92 % ces 40 dernières années. J’ai donc été très chanceuse d’en apercevoir!

Une extinction due en partie à l’intervention humaine

Elle m’explique que martinets et hirondelles ont en commun de dépendre de l’action citoyenne pour leur survie, car ce sont, pour un part non négligeable, les changements d’habitudes chez l’humain qui expliquent le déclin de ces oiseaux. Bref, ce que l’humain a abîmé, l’humain pourrait le réparer, à condition de travailler sur plusieurs fronts. C’est-à-dire, de faire des actions à la maison et de presser les élus d’en mener à plus grande échelle, me précise la biologiste.

Parmi les facteurs d’extinction des hirondelles et des martinets, on retrouve l’utilisation des pesticides (qui tuent les insectes dont se nourrissent ces oiseaux), les changements climatiques, la lumière vive émise par les villes (qui désoriente leur vol migratoire), le manque de végétation, la destruction des berges naturelles (habitat de l’hirondelle de rivages) et la disparition ou démolition des constructions où ces oiseaux nichent (ex : granges à charpentes de bois, cheminées de maçonnerie).

Afin de redonner des plumes aux populations de volatiles en péril, Nature Québec a créé les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Les ZICO sont des programmes qui appuient les initiatives de conservation et qui impliquent les communautés locales dans la protection des milieux naturels. Par exemple, il y a une ZICO aux Battures de Beauport. On y trouve une précieuse colonie d’hirondelles des rivages, une de nos espèces les plus menacées (sa population connaît un déclin de 98 %).

Des actions faciles

En milieu urbain, des actions simples mais efficaces sont à la portée de tous les citoyen.ne.s, me dit Ludivine Quay. À la maison, on peut, par exemple :

• Prendre en photo les oiseaux qu’on observe et apprendre à les identifier (à l’aide de sites tels que Oiseaux du Québec)

• Lorsqu’on observe une hirondelle, un martinet (ou tout autre oiseau rare), signaler notre observation sur le site e-bird. Ceci est très important pour surveiller le déclin ou la remontée des populations, car les données du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs s’appuient sur les observations des citoyen.ne.s.

• Verdir son balcon ou sa cour avec des plantes et fleurs comestibles (en pot ou en pleine terre) et les laisser monter en graines pour favoriser les insectes volants dont se nourrissent les oiseaux.

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• Éviter ou limiter au strict minimum l’utilisation des pesticides et herbicides.

• Si on est propriétaire d’une grange à charpente de bois, laisser au haut de la grange une ouverture de 5 par 7 centimètres afin de permettre à l’hirondelle rustique d’y faire son nid.

• Dans les granges à charpente de bois ou les bâtiments possédant une cheminée de maçonnerie, attendre la fin de période de reproduction des oiseaux pour réaliser des travaux à proximité du nid.

• Installer un nichoir sur son balcon, le toit vert de son immeuble ou sur son terrain. On trouve sur Internet des plans pour fabriquer les nichoirs, par exemple ceux-ci pour les hirondelles rustiques.

Pour ce qui est des actions plus globales, comme par exemple diminuer la pollution lumineuse de la ville, madame Quay me rappelle l’importance de sensibiliser nos candidat.e.s et nos élu.e.s à la biodiversité. Lorsque les hirondelles et martinets crient au secours, c’est, de toute évidence, aux humains que ce cri s’adresse.

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