Forum sur l’acceptabilité sociale : vers un plat de résistance

Mardi, Votepour.ca tenait son Forum sur l’acceptabilité sociale, rassemblant à l’Université Laval une centaine de personnes issues de l’administration publique et d’organisations concernées par le développement — urbain, immobilier, commercial, industriel —, l’environnement, la participation citoyenne. En plus d'entendre une dizaine de panélistes, elles se sont confrontées, en atelier, aux défis des processus consultatifs.

Forum sur l’acceptabilité sociale : vers un plat de résistance | 17 mars 2018 | Article par Suzie Genest

Marc Jeannotte, Bastien Beauchesne, Guillaume Lavoie, Katie Gagnon et Myrabelle Chicoine lors du panel « Qu’apprenons-nous de vos échanges » au Forum sur l’acceptabilité sociale.

Crédit photo: Sébastien St-Onge

Mardi, Votepour.ca tenait son Forum sur l’acceptabilité sociale, rassemblant à l’Université Laval une centaine de personnes issues de l’administration publique et d’organisations concernées par le développement — urbain, immobilier, commercial, industriel —, l’environnement, la participation citoyenne. En plus d’entendre une dizaine de panélistes, elles se sont confrontées, en atelier, aux défis des processus consultatifs.

Une langue rapaillée?

L’Atelier 3 nous invitait à imaginer, à partir d’un projet fictif si désiré, la planification, la conception, la mise en œuvre de mécanismes pour favoriser la participation citoyenne dans un processus. Notre table regroupait une nouvelle élue d’une municipalité de Lanaudière; une directrice des communications et du développement d’une municipalité de la Côte-de-Beaupré; la présidente d’un conseil de quartier impliqué dans le suivi d’un programme particulier d’urbanisme (PPU); un ingénieur forestier oeuvrant en aménagement durable; le président d’une firme de gestion des transports et des milieux de vie. Et une rédactrice en chef de médias web de quartier qui participe à des initiatives de verdissement urbain dans ses loisirs.

Dès le départ, une sorte de barrière du langage a bloqué notre tablée jusque dans l’interprétation de la consigne. La participante de la Côte-de-Beaupré, familière avec la cocréation et ses impératifs, discernait mal les contours des conseils de quartiers, tout comme la nouvelle élue lanaudiéroise, étrangère aux PPU. Les premiers référents de l’ingénieur forestier étaient liés à des territoires ruraux, des projets industriels. Ceux, plus urbains, de l’expert en transports et milieux de vie touchaient la mobilité et les déplacements.

Nos échanges, d’abord laborieux, ont progressé vers une intercompréhension. Mais le temps filait. Nous avons pu coucher sur papier quelques étapes cruciales de planification d’un processus, des notes pour sa mise en oeuvre.

Des ingrédients pour mettre la table

Notre tablée se composait de quarantenaires, cinquantenaires, soixantainenaires aux profils socioéconomiques similaires, scolarisés, vivant et travaillant au Québec, intéressés par l’aménagement du territoire et la participation citoyenne. Imaginons rejoindre, informer, consulter, faire participer la population d’un territoire. Des centaines, des milliers de gens de tous âges et profils démographique, social, économique, culturel. Aux horaires, aux obligations professionnelles et familiales diversifiées. Qui s’informent à divers degrés, auprès de sources différentes, faisant un usage variable des technologies numériques…

C’est un des grands constats qui s’est dégagé des panels aussi bien que des interventions des participants : le processus consultatif en soi pose des défis de taille. On tend peut-être à les sous-estimer. Outre la diversité des outils, stratégies, activités, canaux d’information, outre l’adaptation des approches aux différents profils, quels seraient les ingrédients de réussite d’un processus vers une éventuelle acceptabilité sociale?

  • L’identification et la présentation claires des enjeux, de l’objectif du processus, des parties prenantes.
  • L’intégration des parties prenantes le plus tôt possible en regard de l’échéancier du projet, le dévoilement de toutes les étapes du processus dès sa mise en branle.
  • La reconnaissance de la crédibilité et du droit respectifs des citoyens, des gens d’affaires, des promoteurs, des élus, des fonctionnaires concernés.
  • La rétroaction, la diffusion de l’information et de la documentation, un suivi jusqu’à la fin du projet, pour renseigner sur celui-ci et sur les motifs des décisions.

Des suites?

Dans la perspective d’une suite  – souhaitée par Votepour.ca, a laissé entendre Marc Jeannotte lors du Forum – plusieurs sujets abordés en panel mériteraient d’être approfondis. La table est mise… On pourrait consacrer un atelier à l’identification des enjeux et objectifs d’un processus, aux définitions et au piège du « vocabulaire confortable » signalé par l’entrepreneur en politiques publiques et conférencier Guillaume Lavoie : délais raisonnables, parties prenantes, bonne foi, mauvaise foi… Comment les mesurer, qui en décide?

Une présentation plus détaillée de cas types, comme ceux de l’Office de consultation publique de Montréal, apporterait un éclairage sur les bonnes pratiques. Des ateliers pourraient permettre de les expérimenter, ou d’étoffer des idées lancées mardi. Pensons au « lab ou bureau de projet » suggéré durant l’Atelier 3 : un espace physique (assorti d’un pendant web) où, de l’amont à la mise en œuvre d’un projet, tout un chacun trouverait toutes les informations à son sujet et sur le processus en cours, illustrées, expliquées, accessibles.

Il y aurait certes lieu de poursuivre la réflexion suscitée par les échanges entre Stéphane Dion, directeur régional à l’Institut de développement urbain du Québec, et Marie-Ève Maillé, professeure associée au Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement et coauteure de L’acceptabilité sociale : sans oui, c’est non. Difficile d’aspirer à l’acceptabilité sociale tant que citoyens et promoteurs seront campés dans des positions irréconciliables, et que les préoccupations pour la santé, l’environnement, la qualité de vie seront vues comme des menaces à la vie économique d’un territoire.

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