Melvyn Flórez et les défis de Réunion
L’artiste Melvyn Flórez achève l’oeuvre d’art public Réunion qui prendra place sur les deux rives de la rivière Saint-Charles, à Saint-Sauveur et à Vanier, près de la passerelle des Trois-Soeurs. Nous l’avons visité dans les ateliers de L’Oeil de Poisson.
La fierté des défis
Melvyn Flórez a effectué lui-même presque tous les travaux pour la production et l’installation des quatre ensembles de bancs-sculptures d’aluminium : la structure, l’assemblage, la soudure, la finition, les ancrages. Pour la coupe laser, il a engagé comme dessinateur numérique Robin Dubois, architecte et ancien technicien de L’Oeil de Poisson. Ce dernier « a fait un travail de moine », dit le sculpteur. « J’ai d’abord fait tous les plans, moi aussi [comme un] moine, et on a envoyé à une compagnie, c’est la seule sous-traitance ». Puisqu’il faut couler des dalles de béton pour installer les bancs-sculptures, les services d’un entrepreneur et d’un excavateur sont retenus.
Si l’assemblage et le soudage des différentes pièces impliquent un travail de précision, la finition, du sablage à la « petite lime », exige de la minutie. L’aluminium doit être lisse pour que petits et grands le touchent et s’y assoient sans risque. Pour leur sécurité comme pour la pérennité de l’oeuvre, les sculptures-bancs doivent être solidement ancrées. « C’est très technique, mon affaire », dit le sculpteur en dévoilant les ancrages sous les bancs. Il possède aussi une formation de monteur-soudeur. Lorsqu’il conçoit une oeuvre, dès le départ il pense autant à la technique qu’à la forme, précise-t-il.
Les défis de réalisation d’une oeuvre comme Réunion sont pour Melvyn Flórez une grande source de motivation et de fierté. Se fixant des objectifs quotidiens, il termine ses journées avec la satisfaction de les avoir atteints. « C’est de la fierté, pas tant égocentrique, mais la fierté du défi », illustre-t-il.
Bauhaus et rivière
L’artiste achève actuellement le dernier des quatre ensembles de bancs-sculptures. Dans les ensembles, certains adoptent le format chaise et d’autres, le format banquette.
Je me suis inspiré des deux mats de soutien de la passerelle qui forment un triangle. Ensuite si on remarque le plancher de la passerelle, il est en zig zag; c’est une forme avec laquelle je travaille beaucoup.
À l’étape de maquette, le sculpteur a constaté que ses formes lui rappelaient quelque chose. « Je me suis dit : j’ai déjà vu ça… c’est la chaise zig zag de l’école Bauhaus ! C’est la même forme, mais ce sont différents piétements pour l’assise et le dossier ». La finition évoque un peu la rivière : les reflets du soleil sur l’aluminium s’apparentent à ceux à la surface de l’eau calme.
Melvyn Flórez avait déjà réalisé des oeuvres d’intégration d’art à l’architecture auparavant, mais surtout pour des particuliers. Il espère que Réunion ouvre la voie à de prochaines occasions.
Je souhaite que ça casse la glace pour faire des projets. […] Ce qui me dérange, c’est que j’ai l’impression qu’on est encore catégorisés : les métiers d’art, on fait du mobilier, et en arts visuels, on se la pète avec les projets artistiques! Je suis tanné de ça.
Des sculptures faites pour s’y asseoir, placées dans l’espace public, sont facilement accessibles pour un public large et diversifié qui ne fréquente pas forcément les centres d’art. Le sculpteur s’en réjouit.
C’est ça qui me plait de l’art public : l’art doit appartenir à tout le monde. […] C’est autant aux gens qui, supposément, n’ont “pas de culture”, qui sont gênés d’entrer dans les musées.
Réunion de Melvyn Flórez sera installée et inaugurée sous peu près de la passerelle des Trois-Soeurs.
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