
Mardi, les organismes locaux d'aide aux personnes itinérantes joignaient leurs voix pour interpeller en conférence de presse les gouvernements provincial et fédéral sur la situation de débordement critique dans les refuges.
Un débordement jamais vu
Pour les seuls mois de janvier et février 2017, les refuges de Québec ont dû refuser 233 hommes et 120 femmes, malgré l'ajout de lits de camps d'appoint, voire de sacs de couchage dans des salles de conférence. Le débordement est tel que, depuis 2013, leur taux de refus a augmenté de 67 % pour les hommes et 56 % pour les femmes. C'est, entre autres, ce que révèle un rapport préliminaire du Regroupement pour l'aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ), qui rassemble 36 organismes dont l'Armée du Salut, la Maison Revivre, le Projet L.U.N.E., Lauberivière.Le directeur général de Lauberivière Éric Boulay indique n'avoir jamais vu une telle situation en 18 ans. Même son de cloche du côté de Stéphanie Lampron à la YWCA, un refuge pour femmes seulement qui déborde même s'il a doublé l'an dernier son nombre de lits de dépannage.De plus en plus de jeunes et d'aînés cognent aux portes des refuges. Devant l'ampleur de la demande, des organismes dont ce n'était pas la mission accueillent désormais des personnes consommatrices de drogues ou présentant des problématiques de santé mentale non diagnostiquées ou non traitées.
Des trous dans le filet social
Coupes dans certains services et infrastructures publics, manque de logements abordables, effritement du filet social : les facteurs du débordement sont multiples. Si les organismes font valoir un besoin criant de ressources pour répondre à la situation d'urgence, ils soulignent aussi l'importance du travail de plus longue haleine, en prévention et en accompagnement des personnes à risque d'itinérance.Ils mettent également en lumière certaines transitions à parfaire dans le système de santé et de services sociaux. À leur sortie des centres d'hébergement jeunesse, certains jeunes n'ont plus nulle part où aller. Pour des personnes à faible revenu et isolées, notamment des aînés, une chirurgie, une maladie et une hospitalisation peuvent entraîner une perte de logis. Comme le rappelle ponctuellement le RAIIQ, l'itinérance ne touche pas que des sans-abri correspondant au stéréotype populaire.Amélie Bédard du RAIIQ et Stéphanie Lampron de la YWCA étaient ce matin parmi les invités de Mickaël Bergeron À Québec, réveille ! pour discuter de la situation et des avenues de solution sur les ondes de CKIA FM 88,3.https://soundcloud.com/quebecreveille/entrevue-amelie-bedard-et-stephanie-lampron-les-refuges-durgence-debordentÉcouter l'entrevue à Québec, réveille! sur SoundCloud.