Les ordures – matières à réflexion…
On vante souvent Québec pour sa qualité de vie, sa beauté, sa propreté et sa sécurité. Depuis que je vis dans Saint-Sauveur, je suis régulièrement surprise par la présence, la variété, la quantité et la taille des déchets sur mon passage. Sacs de plastique avec cacas de chiens suspendus aux branches des arbres, matelas, bureaux en mélamine, rebuts de construction, carcasses de divans aux couleurs fanées, luminaires tordus, lecteurs de vidéocassettes vétustes, poussettes brisée, bases de téléviseurs cathodiques, pèse-personnes, raquettes de badminton défoncées, chaises d’ordinateur, bibelots, fauteuils Ikea…Sur les terrains « vagues », sur les trottoirs, dans la rue, des déchets «monstres» sont régulièrement abandonnés et exposés aux regards pendant plusieurs semaines. Ne sont-ils jamais signalés à la Ville ?
Voir plus loin…
La saleté, la pollution, les déchets, c’est laid, c’est désagréable, c’est insécurisant, c’est frustrant. Ça peut finir par rebuter les gens de venir s’installer dans le quartier, ou d’y demeurer. Ils peuvent finir par croire que leur quartier ne vaut pas grand-chose, que ceux qui le critiquent ont peut-être raison… Les perceptions et discours négatifs qui entourent le quartier Saint-Sauveur sont tenaces, mais c’est possible de voir plus loin.Comme pour les graffitis, il est important d’agir rapidement pour éviter que les déchets se multiplient et que leur présence devienne la normalité. Saint-Sauveur, c’est un peu comme une grande colocation : chacun doit faire sa part pour que les aires de vie commune soient propres et accueillantes. Cela implique de ramasser les cacas de son pitou, mettre au recyclage une canette vide ou un Publi-Sac abandonné. Ce peut être aussi d’appeler la Ville, un ferrailleur (comme celui de la rue Saint-Ignace) ou un organisme (Recyclage Vanier, Emmaüs…) lorsqu’on change de laveuse ou de futon.Vivre ensemble implique de penser aux autres et de poser des petits gestes qui contribuent au bien-être de tous. Ces dernières semaines, on a pu apprécier l’attention de sympathiques voisins à souffleuse. On voit également des résidents plus proactifs ou irrités qui s’occupent d’enlever les déchets sur leur bout de rue. Au quotidien, des commerçants, des entreprises et des résidents s’investissent concrètement dans la revitalisation du quartier. Leurs initiatives inspirantes rapportent beaucoup, même s’il est difficile d’en calculer la valeur. Que ce soit par un sourire, un merci ou autrement, ces gestes méritent d’être soutenus.
Les facteurs d’hygiène
En management, les facteurs d’hygiène, ce sont les choses qu’on prend souvent pour acquises – comme l’électricité, des égouts fonctionnels, l’eau potable – mais dont l’absence cause beaucoup de frustrations. Pour rendre les gens heureux, il faut parfois revenir à la base : des rues propres, des trottoirs dégagés, des gros déchets ramassés rapidement… Au-delà des grands projets, il faut multiplier les petits investissements dans des infrastructures, des aménagements, un environnement qui répondent aux besoins de la population, à l’échelle humaine.La Ville a pris la bonne décision en revenant à la collecte des ordures de jour. Les camions d’ordures font un boucan épouvantable, mais c’est la nuit que le bruit est le plus dérangeant. Les logements dans Saint-Sauveur ne sont pas tous bien insonorisés, le sommeil des petits comme des plus grands peut être perturbé par le passage des camions. Il suffit de voir la mine des parents de nouveaux-nés pour apprécier la valeur d’une bonne nuit de sommeil… Se faire réveiller semaine après semaine, ça finit par peser lourd sur la qualité de vie. Si on souhaite retenir les familles et les nouveaux résidents dans Saint-Sauveur, il faut offrir du confort ou de « l’agrément » pour qu’ils s’y sentent bien.Pour trouver des solutions créatives, il faut expérimenter et revoir sa manière de travailler. Le quartier Saint-Sauveur est un laboratoire intéressant pour ce genre d’idées. S’attaquer aux petites nuisances du quotidien, c’est aussi essentiel que les plus grands projets pour la revitalisation d’un quartier.
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