Après l'exploration en trois temps de ses origines gaspésiennes, l’artiste photographe Guillaume D. Cyr crée une nouvelle trilogie sur le quartier Saint-Sauveur où, depuis 8 ans, il vit et travaille.
Guillaume D. Cyr, de la route 132 à l’avenue des Oblats
Après l’exploration en trois temps de ses origines gaspésiennes, l’artiste photographe Guillaume D. Cyr crée une nouvelle trilogie sur le quartier Saint-Sauveur où, depuis 8 ans, il vit et travaille.
Une révélation
Jeune, Guillaume D. Cyr s’intéresse au sport, pas aux arts – ni à l’école. Après son secondaire, il entre au Cégep de Matane en tourisme, un choix de carrière raisonnable et propice au voyage. L’établissement, reconnu pour sa technique en photographie, lui révèle toutefois une passion qu’il s’ignorait. Celui qui n’avait « jamais touché à une caméra ni à un pinceau » se réoriente. Tous les jours, de 8 h jusqu’en soirée, il travaille sur ses photos et va aussi « gosser dans les ateliers de bois ». Technicien de soir au département de photo, il reçoit un prix d’excellence pour son travail. Sans croire qu’il vivra de la photographie, il complète son DEC dans ce domaine qui le passionne. « On verra… », se dit-il.
Sur le conseil de ses professeurs, il s’inscrit en arts visuels à l’Université Laval. En 2008, il obtient son baccalauréat et commence déjà à se faire connaître. En 2010, il enseigne une session au Cégep de Matane. On lui offre un poste à temps complet, qu’il décline. Sa carrière en photographie – corporative, publicitaire, culinaire, événementielle, architecturale… – va bon train et sa démarche d’artiste prend son envol.
Guillaume D. Cyr obtient des bourses Première Ovation, réalise oeuvres et résidences artistiques, présente plusieurs expositions de photographie documentaire et des installations. Il produit des livres, magazines, journaux issus de ses projets. En 2016-2017, il crée sa première oeuvre d’art public, La barque no 1, 2 et 3 au parc de l’Îlot-McCartney, dans l’arrondissement Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge.
La nature et l’humain, par temps gris
« J’aime bien délimiter un territoire et travailler dedans », résume l’artiste. Il l’a fait à Tchernobyl, au Japon, à Vendée, sur la rue du Pont et dans l’ambitieuse trilogie Gaspésie Human Less avec Yana Ouellet, sa conjointe. La première partie s’attarde aux maisons inhabitées bordant la route 132; la seconde, aux écoles, constructions, machines industrielles abandonnées de la Baie-des-Chaleurs. Pour la troisième, des gens de son New Richmond natal ont partagé un moment marquant de leur vie. Plusieurs galeries et centres d’artistes au Québec ont accueilli l’une ou l’autre, ou l’ensemble, des trois parties réalisées de 2010 à 2014, qui circulent encore.
La naissance d’un fils en 2014, le 150e anniversaire de la paroisse de Saint-Sauveur cette année ont nourri la démarche de l’artiste photographe. Après ses origines, c’est son milieu de vie et de travail que Guillaume D. Cyr veut aborder en trois parties. « Le plus dur, c’est de trouver l’angle esthétique, le langage visuel », dit-il.
La première partie, concentrée sur l’avenue des Oblats, sera « noir et blanc, minimaliste, épurée, très graphique ». Avant la fin 2017, il compte en terminer les prises de vue et commencer la seconde partie, probablement aussi en noir et blanc, qui élargira le focus sur Saint-Sauveur.
Je consacre mon temps quand il fait beau à la photographie commerciale et quand il ne fait pas beau, à ma photographie artistique. J’ai besoin du temps gris. […] J’ai eu l’idée de la nature urbaine. La nature qui reprend ses droits, la dualité entre l’humain, toujours en train de bâtir, et la nature qui repousse chaque année et prend toujours plus de place.
La troisième partie, Guillaume D. Cyr continue de la mûrir, comme la diffusion du projet. Il songe à une première exposition à Vaste et Vague, en Gaspésie. Par la suite, il aimerait développer une présentation sous forme d’art urbain éphémère pour Saint-Sauveur. Mais pour le moment, il sillonne les rues avec sa caméra sous le ciel blanc.
J’essaie de redécouvrir mon quartier. J’apprends à essayer de voir des choses que je vois tous les jours sans les voir nécessairement.
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