Saint-Sauveur s’habille : Karkass, la désinvolte du quartier

Saint-Sauveur s’habille : Karkass, la désinvolte du quartier | 25 mai 2017 | Article par Ann-Sophie Harvey

Crédit photo : Sébastien Cottinet

Mine de rien, il y a dans Saint-Sauveur des boutiques, des ateliers de designers et d’autres entreprises associées au vêtement et à la mode. La série « Saint-Sauveur s’habille » explore cette facette du quartier, en s’arrêtant cette fois-ci chez Karkass.

Fondé en 1999, Karkass est établi dans le quartier Saint-Sauveur depuis 2007, sur la rue Saint-Bernard. Depuis deux ans, la porte de l’atelier Karkass est ouverte pour faire place à un coin boutique afin « d’occuper l’espace en vendant sur place », commente Sébastien Cottinet, vice-président affaires chez Karkass et conjoint de la créatrice Caroline Castonguay. L’atelier est d’ailleurs ouvert trois weekends de mai (les 13-14, les 20-21 et les 27-28 mai, de 10 h à 17 h) pour tester le terrain.

Crédit photo : Sébastien Cottinet

D’atelier à atelier-boutique

Karkass fait maintenant face à une réalité : la gestion de la décroissance. Le commerce de détail, moins heureux ces dernières années, n’a pas épargné les grossistes comme la marque Karkass. La designer et fondatrice de la marque, Caroline Castonguay, a donc eu l’idée, en complémentarité avec les boutiques où ses collections sont vendues, d’ouvrir son atelier. Le service devient ainsi très intime et personnalisé, raconte-t-elle.

« De vendre nous-mêmes [pignon sur rue], c’est une façon de s’assurer d’un certain roulement et de faire de la publicité », affirme M. Cottinet. Il souhaite diminuer les intervenants entre le produit et le client pour que Karkass soit rentable et « tisse des liens plus serrés avec les commerces et les clientes ».

Avoir des employés pour les weekends de mai devient le grand défi. La conciliation travail-famille chez les Cottinet-Castonguay est plus difficile, car l’entreprise demande beaucoup de temps. Par contre, les clientes sont contentes, la nouvelle plage horaire de la boutique n’entre pas en conflit avec les horaires de bureaux.

Crédit photo : Sébastien Cottinet

La traçabilité

Savoir d’où vient son vêtement, qui l’a fait et comment est un phénomène de plus en plus répandu. « C’est intéressant pour nous et pour le quartier », lance Sébastien Cottinet, alors que l’entière confection des vêtements Karkass se fait ici sur Saint-Bernard. Pour eux, le coin boutique se veut en quelque sorte une « éconoboutique », où les clientes peuvent voir comment se passent la création et les retouches de leurs vêtements à une table de confection.

La designer souligne que sa clientèle change beaucoup.

Avant, elles étaient fières d’investir dans des produits québécois. Leur priorité s’en va ailleurs. Les plus jeunes n’ont pas d’intérêt à acheter quelque chose du Québec. Peut-être, ils trouvent ça cool, mais ils n’investiront pas dans les vêtements.

Même si l’atelier de Karkass, n’est pas sur la rue Saint-Vallier, Caroline et Sébastien sont très fiers de faire partie du mouvement d’effervescence de Saint-Sauveur. L’emplacement de l’atelier à la base était uniquement un choix financier. Aujourd’hui, le couple trouve Saint-Sauveur très rafraîchissant grâce à sa vie de quartier enracinée et sa grande diversité des classes sociales. Ils verraient même la rue devenir une destination touristique locale avec un parcours mode. Pour faire en sorte que « les gens se déplacent pour venir ici », suggère Sébastien Cottinet. Commerces de destination, les boutiques de designers doivent rejoindre une clientèle plus nombreuse, au-delà de leur voisinage, que les commerces de proximité où l’on s’approvisionne chaque semaine :

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[Les clientes] ne viennent pas ici par hasard, elles viennent pour acheter. […] On n’aurait pas installé un commerce pour les gens du coin, la logique n’est pas là. C’est un lieu de production d’abord.

Collection Karkass printemps-été 2017. Crédit photo : Isabelle Howard, Mode é Arto.

La double face du Web

Internet, pour Karkass, n’influence pas le comportement d’achat des clientes. « C’est rare qu’elles vont commander une robe ajustée Karkass sans l’avoir essayée », assure Caroline. Par contre, c’est l’endroit idéal pour feuilleter le catalogue des collections.

En ce qui concerne les réseaux sociaux, le couple derrière Karkass utilise l’identité de la marque, lentement mais sûrement. « On joue le rapport à la marque assez intime. »

Karkass
715, rue Saint-Bernard
418 683-5984

À lire aussi dans la série Saint-Sauveur s’habille : Lucia F. et  L’atelier-boutique Caméléon.

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