Vendre sa maison dans Saint-Sauveur : mode d’emploi

StJoAvantPlan

J’ai un couple d’amis, Anne-Marie et Luc, qui ont acheté récemment une maison dans la paroisse Notre-Dame-de-Pitié. Leur maison se situe dans le quartier de la « Wartime Housing Limited », entre la rue Saint-Vallier Ouest et la rivière Saint-Charles. Quand on habite un vieux quartier, on trouve plein de bizarreries en creusant son terrain.

Au printemps, Luc bêchait dans la cour pour se faire un jardin. Par hasard, il a déterré un objet emballé dans une vieille guenille. C’était une statue de saint Joseph. Luc ne s’est pas trop posé de questions et l’a envoyée promener dans le bac à vidanges.

Plus tard, Luc, pris d’un léger remord, a parlé de sa découverte à Anne-Marie.

– Qu’est-ce que t’en as fait?

– Ben, je l’ai mis aux vidanges.

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– Va le chercher, je suis sûre que ça veut dire quelque chose.

En moins de deux, elle a trouvé un guide intitulé Comment enterrer une statue de saint Joseph pour vendre votre maison. Sérieusement, ça ne s’invente pas.

CimetiereEn gros, le guide explique que pour vendre sa maison, on enterre une statue de saint Joseph d’une certaine manière sur le terrain. Après, on fait des prières quotidiennement jusqu’au jour de la vente. Si on n’a pas de cour, on peut mettre la statue à l’intérieur, dans une plante ou sur une tablette. Toutefois, elle doit regarder vers la pancarte « À vendre ». Ouf.

Pour y voir plus clair, j’ai décidé de consulter deux spécialistes en la matière.

Jean Picher, curé de la paroisse de Saint-Sauveur [au moment de la publication initiale en 2016] :

« Ah, c’est la première fois que j’entends parler de ça. Ça a peut-être à voir avec le fait que saint Joseph était charpentier. Néanmoins, je doute un peu de l’efficacité de la méthode. Je ne pense pas que ça puisse nuire, mais je m’assurerais tout de même d’avoir un bon agent immobilier. À chacun son métier. »

Frère Robert « Bob » Larouche, animateur de pastorale au Patro Laval :

« Ouin, je crois pas vraiment à ça ces affaires-là. Mets un chapelet sur la corde à linge, récite tant de fois une prière, etc. C’est pas vraiment mon truc ce genre de recette. Rien n’empêche de demander l’aide de saint Joseph, mais juste une prière faite avec conviction, je pense que ça peut faire pareil. En plus, il ne faut pas oublier de s’aider un peu soi-même. Faire le ménage et prendre un agent, ça aide aussi à vendre sa maison. »

PassantAinsi, mes deux sources semblaient fortement douter de la technique de vente avec plantation de saint Joseph. Néanmoins, plusieurs connaissances à qui j’ai parlé de cette histoire semblaient très au courant de cette méthode. Ça me laissait perplexe.

Qui avait bien pu inhumer un saint Joseph chez mes amis? Les propriétaires précédents n’y avaient pas habité très longtemps, mais ceux avant eux y étaient restés plusieurs décennies. Or c’est là que ça devient intéressant. Selon le guide, saint Joseph doit absolument être déterré une fois la maison vendue. Autrement, elle sera revendue continuellement jusqu’à ce que la statue soit exhumée.

Que serait-il advenu si la statue n’avait pas été exhumée et que Joseph avait séjourné trop longtemps dans le potager? Mystère…

PontScottDe plus, Anne-Marie, c’est peut-être les prénoms de la grand-mère et de la mère de Jésus, mais c’est surtout ceux de la belle-mère et de l’épouse de saint Joseph lui-même. Et Luc, qui malgré lui a mis fin au cycle de vente, ne porte-t-il pas le nom d'un des évangélistes par qui arriva la bonne nouvelle? Tout est dans tout.

Et quelle est cette bonne nouvelle? C’est que saint Joseph n’est plus sous terre et qu’il pourra maintenant aider mes amis à s’installer à leur goût dans leur maison de Saint-Sauveur. Un charpentier, c’est meilleur en rénovation.