Révision majeure des hauteurs dans Saint-Sauveur
À la demande du Conseil d’arrondissement, le Conseil de quartier de Saint-Sauveur tenait mardi soir une consultation publique concernant un important changement au zonage touchant les hauteurs autorisées pour les bâtiments du quartier. En excluant le parc industriel Saint-Malo, le règlement R.C.A.1V.Q.289 vient augmenter les hauteurs permises sur environ 80% de la superficie du quartier.
Le règlement
Sauf certaines exceptions, entre autres le long du boulevard Charest, le zonage limite actuellement la hauteur des bâtiments à 10 mètres dans la plus grande partie du quartier Saint-Sauveur. Le règlement viendrait autoriser une hauteur de 13 mètres pour plusieurs zones qu’il touche, surtout dans l’est du quartier. Le secteur des bungalows de l’armée (à l’ouest de Marie-de-l’Incarnation) est épargné par ce règlement.Trois mètres, c’est un étage selon les standards de construction d’aujourd’hui.
Un règlement justifié ?
Selon Lydia Toupin, urbaniste à la Ville de Québec, l’objectif de ce règlement, proposé suivant une analyse minutieuse du cadre bâti de Saint-Sauveur, est d’harmoniser le zonage aux hauteurs de nombreux bâtiments existants.Les hauteurs permises dans le quartier avaient été modifiées à la baisse en 2009 lors de l’harmonisation des règlements d’urbanisme réalisée comme suite aux fusions municipales. Plusieurs centaines de bâtiments avaient alors été rendus dérogatoires.Selon Mme Toupin, cette situation entraîne des délais et des frais supplémentaires pour les propriétaires de bâtiments dérogatoires désirant effectuer certaines rénovations ou modifications à leur propriété. Elle entraînerait également un surplus de travail du côté de la Ville, qui doit gérer ces cas par « droits acquis ».Les propriétaires doivent ainsi obtenir une dérogation mineure pour pouvoir effectuer leurs travaux, un processus relativement complexe. Depuis 2009, dix-sept autorisations de dérogations mineures ont été accordées par la Ville dans Saint-Sauveur, mais Mme Toupin souligne que de nombreux propriétaires de bâtiment dérogatoires ont été découragés de faire une demande à la Ville.Le règlement proposé rétablirait la plupart des hauteurs qui avaient cours avant 2009 et rendrait ainsi conformes la quasi-totalité des bâtiments résidentiels du quartier.
Un sujet sensible
En plus des membres du Conseil de quartier, la consultation de mardi soir réunissait une dizaine de citoyens.Plusieurs interventions ont touché aux caractéristiques du quartier, dont la densité importante, la relative étroitesse des rues et l’absence de marges de recul entraînent des limites à l’ensoleillement, un manque d’intimité pour certains résidents et certains problèmes de stationnement. Il est craint que les modifications proposées par le règlement ne viennent encore accroître ces problématiques.Selon Mme Toupin, ces craintes ne seraient pas fondées puisque le règlement vient s’ajuster au cadre bâti existant. Elle n’entrevoit pas de surenchère de la part des promoteurs.La conseillère municipale Chantal Gilbert, présente lors de la consultation, a semblé prêter une oreille attentive aux commentaires des citoyens.Après une longue délibération, le Conseil de quartier a finalement recommandé l’adoption du règlement d’urbanisme, mais en limitant la hauteur permise dans la plupart des zones à 12 mètres plutôt qu’à 13.
Au-delà du règlement
Comme l’ont fait remarquer des citoyens présents, il est étonnant que la Ville cherche à régulariser les exceptions en faisant de celles-ci la norme. Treize mètres, c’est la hauteur autorisée sur le site de l’ancienne église Saint-Joseph, un projet dont le gabarit s’insère mal dans le quartier.Comme l’a souligné Mme Toupin, il y a peu de risques que le quartier change rapidement de visage à cause de ce règlement. Mais mis à part les inconvénients administratifs que le zonage actuel cause à la Ville, la démonstration qu’il pose un réel problème pour les citoyens n’a pas été faite lors de la soirée de consultation. Aucun propriétaire de bâtiment dérogatoire ne s’est d’ailleurs manifesté lors de cette soirée.Les consultations prévues par la loi ne sont pas simplement une obligation de la Ville : elles sont également une occasion de mettre à contribution les citoyens dans la préservation et l’amélioration de leur qualité de vie. C’est d’ailleurs le cœur de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.Alors que la hauteur des bâtiments est probablement l’enjeu urbanistique le plus sensible dans les quartiers centraux, il était étonnant de constater qu’à peine une dizaine de citoyens s’étaient déplacés mardi soir. Est-ce par désintérêt, manque d’information ou de compréhension des documents très techniques ? Ou à cause d’une soirée d’élections historique chez nos voisins du Sud ? Difficile à dire.Chose certaine, lorsque des modifications aussi importantes touchent un quartier, la Ville aurait tout avantage à mettre plus de moyens pour favoriser la participation. Un citoyen faisait d’ailleurs remarquer que l’harmonisation des règlements d’urbanisme en 2009 avait donné lieu à de nombreux ateliers de consultation. Il s’étonnait que l’on écarte aussi facilement les réflexions qui avaient alors amené les citoyens à proposer d’abaisser les hauteurs permises dans le quartier.Les détails du règlement sont disponibles sur le site de la Ville de Québec. Il est à noter que celui-ci est susceptible d’approbation référendaire, ce qui signifie que les citoyens touchés peuvent s’y opposer.
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