Le chant des chars : chronologie de bruits de voitures
L’avantage de vivre à Saint-Sauveur, c’est d’avoir tout à proximité et de ne pas y avoir toujours besoin d’une voiture…
Même si la trame du quartier se prête mal à la circulation routière, les aménagements urbains inadéquats et la « culture du char » de Québec engendrent la vitesse, les manœuvres dangereuses, le manque de courtoisie.L’insouciance ou la délinquance au volant dans nos rues nuit à la qualité de vie. Certes, il y a la menace qu’elle constitue pour les piétons, cyclistes et les plus vulnérables – personnes âgées, enfants, familles avec poussettes. Il y a aussi les effets de la pollution des voitures sur l’environnement et la santé. Cependant, on oublie souvent la pollution sonore : sa plus grande source dans Saint-Sauveur, c’est le bruit des chars !Des gros moteurs, des camions, des pick-ups, des motos, des remorques, des autobus, des voitures sport, des camions de constructions, des véhicules d’entretien… qui traversent nos rues en grondant. Toute la journée, ils se déplacent et font du bruit. Ils klaxonnent, accélèrent en rugissant, ralentissent serré, bippent en reculant ou traînent avec eux le son de leur moteur.Cette cacophonie constitue la trame sonore agressive de notre milieu de vie. De mon petit bureau sur la rue des Oblats, près de Saint-Vallier, on pouvait bien l’apprécier. J’en suis même venue à remarquer une constance chronologique des bruits de voitures :
8 h 30 : Un autobus passe et s’éloigne en sifflant.
8 h 45 : On entend le bruit tranquille des sabots des chevaux et la rotation des roues des calèches.
9 h : Pour nettoyer les rues et les trottoirs, un camion-brosse de la Ville de Québec fait fonctionner son équipement avec un volume sonore assommant.
9 h 30 : Un gros camion-remorque chargé de matériaux de construction patiente à la lumière. Son gros moteur ronronne, puis gronde bruyamment en accélérant à l’arrivée de la lumière verte.
9 h 45 : Passage assourdissant des camions d’ordures dans les rues voisines, l’opération du camion fait résonner la porte de métal des conteneurs dont on ramasse le contenu. BANG !
10 h : Des employés dans un pick-up avancent à toute allure pour passer juste à temps sur la lumière jaune.
10 h 30 : Une vieille voiture au muffler « sonnant la cacanne » fait crisser ses pneus sur l’asphalte en prenant un virage un peu trop rapidement.
10 h 45 : La lumière passe au vert et un autre pick-up se dépêche de peser sur le champignon pour s’élancer dans la rue.
10 h 50 : Un camion de livraison prend un raccourci par la rue des Oblats pour éviter d’avoir à passer sur Saint-Vallier.
11 h : Deux jeunes conducteurs au volant de leurs chars s’amusent à faire rugir leurs moteurs. Un peu comme dans un jeu de course, ils s’élancent bruyamment lorsque la lumière passe au vert.
11 h 30 : Un conducteur impatient accélère pour contourner un camion qui effectue sa livraison dans un commerce.
12 h : C’est l’heure du lunch et les gens sont pressés. Une voiture klaxonne d’impatience alors que la voiture en avant tente de se garer en parallèle.
12 h 15 : Un autre camion 18 roues s’arrêtent à la lumière. Son moteur ronronne en attendant le passage au vert.
13 h : Un camion de Qualinet s’installe près du presbytère. Ce modèle-là est équipé d’une sorte de tuyau ressemblant un peu à une trompe d’éléphant. Les techniciens font descendre le tuyau dans un puisard et retirent les détritus avec un bruit d’aspirateur ultra-puissant.
13 h 30 : Un autre pick-up prend l’intersection de la rue de notre bureau en accélérant pour faire son virage.
13 h 45 : Quelques amateurs de motos s’amusent à faire pétarader leurs moteurs en roulant vers l’ouest.
14 h : Un jeune conducteur en voiture sport attend la lumière et son système de son boosté nous bombarde de musique techno stridente.
14 h 30 : Un camion de livraison traverse la rue sans faire son stop. La voiture qui devait passer à l’intersection freine nerveusement avec le bruit du frottement des pneus sur la chaussée.
15 h : Une voiture se dépêche de contourner un cycliste en accélérant
15 h 30 : On entend à plein volume les paroles d’une chanson de Éric Lapointe qu’écoute le conducteur d’une voiture attendant son tour à la lumière.
15 h 45 : Un conducteur attend sa chance pour tourner dans le stationnement du Jean-Coutu et au moment opportun, il fait rugir son moteur pour y entrer. Les autres conducteurs derrière font de même pour tenter de rattraper les secondes perdues.
16 h – 17 h : C’est l’heure du trafic, on attend sans cesse les bruits des moteurs, des accélérations et des freinages.
* * *
On peut rire des sons étranges des véhicules et de la rue : c’est si bruyant parfois que c’est absurde ! Au quotidien, ça devient vite désagréable, pénible. Je ne dois pas être la seule irritée par les bruits et la circulation dangereuse…Un peu plus de civisme et de changements dans les aménagements urbains, ça ne ferait de tort à personne !
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