Être piéton en hiver, à nos risques et périls!
Mardi 12 janvier, 17 h 30. Une personne que je connais (qui préfère rester anonyme) se fait klaxonner puis renverser au coin des rues des Oblats et de l’Aqueduc. Le chauffeur du pick-up freine brusquement après l’impact, mais quitte prestement sans vérifier si la piéton est sain et sauf.
Le chauffard a clairement vu la personne puisqu’il l’a klaxonnée. Trouvait-il que c’était à elle de se tasser, pas à lui ? Le piéton marchait dans la rue… Avant de le blâmer, considérons la situation : il avait décidé de marcher dans la rue car les trottoirs étaient glacés et mal déneigés par endroits.
Aménagements mal adaptés
Plusieurs segments de trottoirs du quartier Saint-Sauveur ne sont simplement pas déneigés. La neige entassée se durcit et des portions glacées rendent les déplacements difficiles. Si un jeune homme en forme et ayant le plein usage de ses deux jambes ne se sent pas en sécurité sur le trottoir, imaginez les personnes à mobilité réduite ou âgées, les parents avec des poussettes, de jeunes enfants…La seule solution est de déposer une plainte à la Ville de Québec. Or il faudrait en faire pour toutes les portions de trottoirs mal déneigées. Ce serait interminable, il y a un obstacle tous les dix mètres environ : poteaux d’électricité, paliers de maisons, poubelles, bacs de recyclages, etc. Parfois, ce sont même des panneaux d’interdiction temporaire de stationner qui font obstacle.C’est un problème que j’ai remarqué dans le quartier Saint-Sauveur, mais aussi dans Saint-Jean-Baptiste. Quelle serait la solution ? On pourrait enfouir les poteaux d’électricité, mais pour les paliers de maison, c’est plus dur… L’aménagement des rues des quartiers centraux a évolué pour laisser plus de place à l’automobile, en économisant sur les trottoirs. Et si, par exemple, le poteau d’électricité était placé dans la rue ? Il y aurait une place de stationnement de moins, soit, mais des dizaines de piétons pourraient circuler plus librement sur le trottoir, hiver comme été. Si les trottoirs étaient plus larges, on pourrait bien s’y déplacer malgré les panneaux, paliers, poubelles et autres.
Partage de la route
Les accidents arrivent. Un piéton est plus à risque dans la rue, j’en conviens. Cependant, la plupart du temps, si un piéton marche dans la rue l’hiver, ce n’est pas pour irriter les automobilistes ou parce qu’il croit posséder la rue. C’est probablement parce qu’il risquerait de tomber sur le trottoir.Mes souhaits pour une meilleure cohabitationVille de Québec, valorisez les piétons dans l’aménagement des rues et des quartiers ! Construisez de plus larges trottoirs et assurez-vous qu’ils puissent tous être déneigés mécaniquement.Automobilistes, ralentissez lorsque vous voyez un piéton sur le bord de la rue ! Donnez-lui l’espace que vous accorderiez à un cycliste. Le code de la sécurité routière invite à attendre le moment le plus sécuritaire pour dépasser un cycliste, à laisser au moins un mètre et demi entre le véhicule et lui. L’hiver, puisque certains trottoirs sont inutilisables, les mêmes règles devraient être observées avec les piétons. Et si vous frappez quelqu’un, de grâce, arrêtez-vous ! Ayez de la compassion, vérifiez s’il a tous ses morceaux, prenez vos responsabilités. Fuir la scène donnerait l’impression que vous avez quelque chose de plus grave à vous reprocher…Piétons, marchez en sens contraire des véhicules, pour les voir arriver. Sans vouloir accuser notre marcheur, cela aurait pu lui éviter une semaine d’arrêt de travail sans salaire… Soyez visibles et, idéalement, restez sur les trottoirs – même si en théorie, on devrait tous partager la route.Plusieurs facteurs expliquent que notre marcheur de Saint-Sauveur se soit retrouvé accidenté de la route. Les automobilistes doivent comprendre la réalité des piétons; la Ville doit faire plus d’efforts pour s’assurer que les trottoirs soient sécuritaires; les piétons doivent prendre les mesures nécessaires pour se protéger en situation vulnérable.Malgré le délit de fuite assez scandalisant, notre piéton a été chanceux dans sa malchance : il aurait pu passer sous les roues du véhicule, subir des fractures, ou pire encore.Ensemble, partageons la route pour s’assurer que tout le monde puisse marcher avec plaisir et sans angoisse.
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