¡Arriba! Un mariachi dans Saint-Sauveur
Depuis son arrivée dans Saint-Sauveur dans les années 1980, Lauro Vega a occupé divers emplois en usines. Il a décidé, en 2012, de tout lâcher pour se consacrer à temps plein à la musique mariachi.
Après un accrochage avec des collègues, il est revenu à la maison et a annoncé à sa femme : « Je ne retourne pas travailler. Maintenant, c’est moi le patron. » Depuis, son succès a dépassé toutes ses attentes. En plus de jouer dans des événements privés et dans les festivals, il a été invité à performer dans des spectacles d’envergure. On aura aperçu Lauro Vega et ses acolytes sur la scène du Grand Théâtre aux côtés d’Éric Salvail, à l’été 2014. En juin dernier, ils ont assuré la première partie du groupe Les Trois Accords, à l’Impérial Bell.
Les producteurs m’ont appelé. Quand ils m’ont dit que c’était pour faire la première partie des Trois Accords, j’ai été surpris. Je les connaissais, ces gars-là ! Ma fille était très fière que son vieux père joue avec eux. Le soir même, j’étais très nerveux. Un de mes musiciens a oublié sa chemise. Il est arrivé douze minutes avant de commencer, parce qu’il ne trouvait pas de stationnement. Une corde de ma guitare a lâché. Cela dit, malgré leur popularité, les gars des Trois Accords ont été très sympathiques. Ils ont pris la peine de nous remercier un par un. »
Lauro m’apprend que, chaque année, il accompagne beaucoup de gens alors qu’ils font la grande demande. Il affirme que, jusqu’à maintenant, toutes ont répondu « oui ». La seule fois où il a douté, c’est lorsqu’une femme a choisi d’initier les fiançailles : « J’ai trouvé ça vraiment spécial, car nous, les hommes, on tend à être plus lents. Quand elle s’est agenouillée, il lui a dit qu’il l’aimait comme ça : entreprenante. Et il a accepté. »
La passion des gens
Lauro décrit son travail comme étant essentiellement relationnel. Il doit s’assurer de bons rapports tant avec ses employés qu’avec les clients :
Les gens pensent que les Mexicains sont des gens tranquilles qui passent leur temps à faire la fête. Alors certains musiciens ne prennent pas leur travail au sérieux. Je dois les ramener à l’ordre. C’est le mauvais côté du fait d’être patron. »
Il doit aussi poser ses limites auprès de ceux qui voudraient abuser de sa bonne volonté :
Il arrive qu’on essaie de nous offrir à boire pour qu’après quelques verres, on continue à jouer gratuitement. J’ai pour philosophie de respecter ce qui est dans le contrat. Pas plus, pas moins. Sinon, on ne travaille plus pour la même paie. En plus, c’est facile de perdre le contrôle quand on boit. Si ça commence à brasser, comme on dit, vaut mieux quitter. »
Concernant le quartier Saint-Sauveur :
Même si nous sommes au centre-ville, c’est un milieu très accessible et très agréable, où les gens savent se défendre. Je connais plusieurs latinos qui trouvent que Québec est trop calme, trop propre. Moi je trouve que c’est signe que Québec est une ville en bonne santé. J’espère que ça va rester longtemps comme ça. Certains disent que les Québécois sont racistes. C’est pas vrai. Les gens ne sont pas agressifs. Même dans mon pays, au Mexique, le racisme est plus fort. »
À la fin de l’entretien, Lauro m’annonce qu’il a arrêté le café il y a trois semaines. De quoi surprendre encore son épouse. Aujourd’hui, il se demande pourquoi il a attendu si longtemps avant de se lancer dans sa passion. Pourquoi il n’a pas eu le culot de s’y mettre plus tôt. Il me demande encore pour quel média j’écris, et m’invite à persévérer :
Regarde-moi. Des gens m’ont offert des opportunités. Je les ai prises et, au fur et à mesure, ça s’est mis à grossir. J’ai encore de la difficulté à y croire. Pourtant, c’est loin d’être terminé ! »
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.