Voilà, ça y est, ma famille et moi avons quitté Saint-Sauveur. Un peu à regret, pour ma part. Je m'étais attachée à ce quartier et à plusieurs de ses résidents. C’est donc un adieu sans prétention pour souligner sept années dans un quartier grouillant de vie, où il existe un véritable esprit communautaire.
Saint-Sauveur 2009
Nous avons emménagé, pleins d’appréhension, dans un quartier où l’on n’avait jamais habité. Premier condo, première cour (le bonheur !), de drôles de voisins dont la proximité nous dérangeait parfois. Un enfant à venir, l’autre qui poussait à vue d’œil. Et puis petit à petit, nous nous sommes approprié le territoire : nous avons découvert les parcs un après l’autre (Durocher, Victoria, Dollard... l’Anse-à-Cartier dans Limoilou), marché sur les trottoirs un peu déglingués et dans les rues sales et transversales qui ne sont pas toujours les plus belles, mais que nous avons appris à aimer. Et, au fil du temps, nous avons développé une relation, plus forte qu’on ne pensait, avec la faune, l’école, les voisins immédiats et plus éloignés.
Des gens et des lieux
Nous avons fait des découvertes. Le CPE Pomme d’Api, ses éducatrices incroyables, compétentes, chaleureuses. Puis, le personnel de l’école Marguerite-Bourgeoys, une école coup de cœur dont on a aimé tous les professeurs et plusieurs éducateurs. À chaque fête ou rassemblement dans sa cour trop asphaltée, nous avons senti que nous faisions un peu plus partie d’une communauté, que nous tissions, année après année, un réseau social et amical auquel nous étions de plus en plus soudés. Nous la quittons à regret, cette école, sauf peut-être les quatre paliers de marches qui mènent au service de garde !La JoujouthèqueCet organisme communautaire, dont nous avons tout de suite apprécié les jouets à petits prix, est devenu un lieu rassembleur pour les parents du quartier avec sa petite équipe chaleureuse, ses activités de bricolage au Cercle et son camp de jour, que nous n’avons malheureusement pas pu fréquenter mais dont on dit tant de bien. Le jardin communautaire Tourne-Sol
Nous l’avons découvert avant même d’habiter le quartier. C’est le joyau de Saint-Sauveur. Même les quartiers de la Haute-Ville ne peuvent se vanter d’en avoir d’aussi grands et beaux, d’autant qu’il est bio. Il contient un étang, une gloriette, un saule pleureur, des nénuphars, des abeilles et des milliers de fleurs : des trésors, quoi! C’est le poumon du quartier, avec ses allées d’arbres matures et ses 2 hectares divisés en des centaines de parcelles cultivées avec amour. Pour avoir été dans le conseil d'administration, je peux affirmer que cet organisme est bien en vie, question démocratie !La troupe-école V’là l’Bon VentDeux ans que mes enfants trottent tous les samedis jusqu’au Centre Édouard-Lavergne pour y découvrir leur voix, la musique, des pas de danse et, surtout, le répertoire chansonnier québécois et français. Après avoir fait le tour des écoles de danse où toutes les chorégraphies se font sur de la musique pop anglo, c’est un vrai baume pour moi. J’admire le travail des jeunes et moins jeunes passionnés de cette troupe qui apprennent aux enfants que leur culture et leur langue sont encore dans le vent.
Souhaits pour Saint-Sauveur
Après tout ce temps passé à le parcourir, je souhaite à ce quartier un centre culturel digne de ce nom dans un Centre Durocher rénové dont on aura conservé l’intégrité. Il s’agit du cœur du quartier et d’un lieu historique qui mérite une nouvelle vocation. La jeunesse de Saint-Sauveur en a un grand besoin : je pense à ces jeunes de différentes origines qui viennent en meute à l’anneau de glace du centre, l’hiver, et qui tiennent à peine quelques mètres sur des patins empruntés ! N’ont-ils pas eux aussi besoin d’endroits rassembleurs pour se cultiver, apprendre et se désennuyer ?Sinon, je souhaite longue vie au Marché Saint-Sauveur ainsi qu’à d’autres initiatives comme SPOT ou cette nouvelle place publique qui verra le jour bientôt en juillet. Peut-être que Saint-Sauveur n’est pas tant en train de s’embourgeoiser, comme le redoutent certains, que de rattraper un certain retard pour se faire un peu plus attrayant. Pour ma part, je trouve que la mixité sociale du quartier fait partie de ses atouts et je crois qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter : ce quartier ouvrier gardera longtemps son authentique simplicité.Ah, j'oubliais ! Je souhaite aussi que plusieurs valeureux blogueurs se joignent à ceux et celles qui écrivent déjà pour l'animer et y ajouter leur couleur.