Un nouveau départ pour La Maison de Marthe

Source : Le Soleil, Normand Provencher, 9 mars 2015  Le chemin a été laborieux, les moments de découragement, nombreux, mais Rose Dufour a finalement déniché dans le quartier Saint-Sauveur la demeure idéale pour déménager sa Maison de Marthe. «Merci la vie! Ç’a été tellement dur…» lance avec soulagement la directrice générale de cet organisme qui aide les femmes à sortir de la prostitution. La vaste maison, dont la vocation est unique au Québec, a été achetée au terme d’une saga bénie par la providence.C’est avec enthousiasme que l’infatigable sexagénaire accepte de faire visiter la résidence au Soleil. Seule exigence : ne pas divulguer le nom de la rue ni aucun indice permettant de la situer. Simple question de sécurité. (…)La maison a beau être très vaste et qualifiée de «milieu de vie» par sa fondatrice, elle n’est pas un refuge. Les femmes ne peuvent y dormir. Elles viennent le jour suivre des programmes de réinsertion et obtenir l’aide susceptible de les ramener à une vie normale. Rose Dufour, une anthropologue spécialisée en santé publique, est toujours sur place pour leur donner un coup de pouce. (…)Se décrivant comme une femme «obstinée», capable d’avoir «mauvais caractère», la directrice générale retourne toutes les pierres pour obtenir des sous. Elle passe des heures à remplir des formulaires pour expliquer son projet, encore et encore. «Je me suis souvent chicanée avec des gérants de banque et des gestionnaires.»Générosité aidant, la cagnotte monte à 200 000 $, mais il manque encore la moitié pour acheter la maison. Les banques rechignent à lui avancer la somme manquante. C’est alors que la soeur supérieure de la communauté propriétaire de la maison offre de lui avancer l’argent à titre de balance de paiement, sans intérêt pendant 10 ans. (…)Elle ne se gêne pas pour exprimer son ras-le-bol à l’égard du sort réservé aux organismes communautaires comme le sien.

On vit encore dans le même esprit de charité qu’au XVIIIe siècle, c’est ridicule. La société trouve normal que les organismes communautaires soient pauvres, que leurs employés ne soient pas payés à moitié, comme si on devait rester dans un état de pauvreté permanent. En même temps, on attend tout de nous. On doit être des entrepreneurs. Mais pour être entrepreneurs, il faut avoir les moyens.» (…)

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