Les foodies à la rescousse des quartiers centraux
Ceux qui connaissent bien le quartier Saint-Roch savent qu’il y a deux rues Saint-Joseph : celle à l’est de la rue de la Couronne et celle à l’ouest de celle-ci.La première mise depuis plusieurs années sur une stratégie de développement axée sur la présence de boutiques haut-de-gamme tels Baizenville, EQ3 ou Philippe Dubuc qui visent surtout à attirer une clientèle de l’extérieur du quartier et de la ville. La seconde, dont le développement a été plus graduel, recèle aujourd’hui une impressionnante concentration de commerces dédiés à la nourriture.À l’ouest de la rue de la Couronne, on a en effet vu naître ces dernières années de nombreux cafés, boulangeries, restaurants cotés et magasins d’aliments spécialisés tels Jef poissonnerie prêt-à-manger, la boutique de la Ferme Eumatimi ou la saucisserie William J. Walter. Même l’Intermarché de la rue Saint-Joseph offre désormais plusieurs produits spécialisés sur ses tablettes. Cette vocation gastronomique déborde d’ailleurs jusque dans Saint-Sauveur, avec notamment la présence de Patente et Machin et du Pied Bleu aux limites du quartier.Et cette stratégie semble fonctionner! Après 17 h, alors que le reste du quartier donne souvent l’impression d’être assoupi, ce secteur de la ville continue de bourdonner d’activités. En se transformant en véritable paradis pour les foodies, le secteur de la basse-ville compris entre les rues de la couronne et Saint-Vallier est même en passe de devenir une attraction touristique!
Vous avez dit foodies?
Sylvie Isabelle, chroniqueuse culinaire attitrée de Monsaintsauveur.com, connaît bien les foodies. Elle considère d’ailleurs en être une :
Tu vas avoir autant de définitions de « foodie » qu’il existe de foodies. Certains foodies vont valoriser les expériences dans les restaurants haut-de-gamme; d’autres vont se définir par la maîtrise de techniques de cuisine avancées et de réalisation de recettes complexes. D’autres vont se définir par la recherche de produits authentiques, du terroir, ou rares. Personnellement, comme d’autres foodies, je me définis davantage comme quelqu’un qui aime profondément la nourriture, sous toutes ses formes, du grilled cheese au foie gras, de la bière au champagne, de la binerie de quartier au restaurant 5 étoiles. »
Selon elle, ce qui motiverait avant tout le foodie serait sa soif de découvertes. Il choisirait ses lieux de consommation en fonction des mets disponibles bien sûr, mais aussi de l’ambiance ou de la personnalité des gens qui les accueillent. Surtout, le foodie serait sensible à une certaine « personnalisation du service ».« Cela peut-être par exemple la possibilité de goûter à des plats qui ne sont pas encore au menu ou le chef ou le proprio qui vient leur dire bonjour », explique-t-elle.C’est d’ailleurs dans cette personnalisation que les commerces de quartier peuvent se démarquer et tenter de concurrencer les grandes chaînes d’alimentation et de restauration, presque toujours avantagées au niveau du prix. En réinventant l’expérience du client, loin de l’anonymat de la restauration rapide et des grandes surfaces, ils attirent une clientèle avide de nouveautés. C’est certainement pour cette raison que ce secteur de la ville commence à séduire de plus en plus de gens.
Et si la revitalisation des centres-villes passait par le ventre?
Le projet de revitalisation du quartier Saint-Roch a débuté dans les années 1990 par la construction du parc Saint-Roch sur le boulevard Charest. Ce parc symbolisait la détermination de la Ville de Québec à s’investir dans un secteur de la Basse-Ville qui avait été laissé pour compte durant de nombreuses décennies. La véritable renaissance d’un quartier central « dévitalisé » ne se mesure toutefois pas uniquement à ses infrastructures, mais surtout au fait que les gens veulent y habiter, y travailler, s’y divertir et y dépenser.À cet égard, et si on se fie à l’expérience de Saint-Roch et de plusieurs autres quartiers de Québec, la nourriture semble constituer une stratégie payante. Il pourrait être intéressant d’en poursuivre le déploiement tout au long de la rue Saint-Vallier. Imaginez un parcours piétons pour foodies qui irait de la rue de la Couronne à Marie-de-l’Incarnation. De quoi faire dépenser bien des calories pour mieux pouvoir se remplir le ventre!
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