À toi, pour toujours, ton dépanneur…

D’aussi loin que je me souvienne, on a toujours été à la Tabagie. Ma mère y achetait ses cigarettes et j’avais droit à ma slush aux fraises. Des fois je la prenais à la gomme balloune ou au melon d’eau, mais jamais aux raisins.

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D’aussi loin que je me souvienne, on a toujours été à la Tabagie. Ma mère y achetait ses cigarettes et j’avais droit à ma slush aux fraises. Des fois je la prenais à la gomme balloune ou au melon d’eau, mais jamais aux raisins.

C’est là que j’ai volé ma première barre de chocolat – une boîte de Smarties à trois ans – et que j’allais perdre mon temps dans l’allée des films de Disney. Au primaire, j’y passais mon argent de poche en bonbons à 5, 10, 15, 20 et 25 cennes. J’ai déjà gagné 25 $ en grattant un 7 chanceux. Pis ça a fini par devenir illégal pour les moins de 18 ans.

C’est là qu’on attendait ma tante qui arrivait de Montréal par Orléans Express. En arrivant pis en partant, j’avais toujours droit à un jus Fruitopia et un Kinder Surprise (ou tout autre caprice spontané). Les gangs de secondaire 5 s’y attroupaient sur l’heure du midi et après les cours. Le « rack à bécyk », c’était là. Les polices allaient souvent les disperser… Mon père criait « maudits jeunes! ».

Vers 12 ans, c’est là que j’ai commencé à m’acheter le magasine Filles d’aujourd’hui, à 13, c’est là que j’ai frenché mon premier chum, pis c’est là, l’été de mes 15 ans que j’ai acheté ma première caisse de 24 – une caisse de Coors light.

À 16 ans, c’est là que j’ai attendu le bus pour quitter mon village et me rendre au Cégep pour la première fois. Le dépanneur m’a littéralement vu grandir.

Un peu d’histoire

depanneursOn en compte 5897 au Québec (en 2010). Les dépanneurs, tels qu’on les connaît ici au Québec, sont uniques au monde. Les Français ont leur « arabe », les Américains ont leur « corner store », mais le Québec a son concept unique.

À tous âges, on y trouve son compte : bonbons, slush, chips, chocolats, bières, pintes de lait, papiers de toilette, cartes de bonne fête, magasines porno, lave-vitres, cigarettes, loterie, casquettes, feux d’artifice, etc. On y trouve absolument de tout. Et le gars ou la dame du dep, généralement, on finit par bien les connaître. Autant à la ville qu’à la campagne. Suffit de parler de nombre de pouces de neige reçue la veille ou de la game des Canadiens du soir!

Ils sont nés un peu par hasard dans les années 70 alors que le « bill 24 » permet aux magasins d’accommodation de trois employés ou moins d’ouvrir les soirs et les fins de semaine. C’est alors que des magasins réduisent leur nombre d’employés (pour suivre le règlement) et réduisent la hauteur des étagères pour pouvoir surveiller la boutique du comptoir. Si la plupart des dépanneurs sont des chaînes, il reste encore dans certains quartiers des dépanneurs indépendants dont la beauté témoigne à la fois de l’histoire du Québec.

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La guerre des marques entre Coca-Cola, Pepsi, Budweiser, Molson, etc. tapisse les murs de l’établissement au travers des affiches faites à la main – avec des fautes d’orthographe attendrissantes – ont contribué à bâtir un commerce de renom, bien ancré dans notre identité collective. S’ils survivent encore aujourd’hui, c’est qu’on s’y sent un peu chez soi. Et qu’on s’y présente dans son pyjama le plus laid ou dans sa plus belle robe de soirée, c’est probablement encore le seul endroit où personne ne nous jugera!

Mes incontournables

depanneursÀ Québec, le premier « dépanneur » que j’ai fréquenté assidument, c’est l’Épicerie Couillard dans le Vieux-Québec. Située à côté de chez nous, j’y achetais ma pinte de lait le matin, le soir, une grande variété de bières de microbrasserie du Québec. En allant travailler, j’arrêtais me prendre un sandwich frais du jour, et en revenant, une baguette de pain pour le souper. Quand j’ai quitté le quartier après trois ans, c’est laisser derrière moi cette épicerie qui m’a fait le plus de peine.

Dans Saint-Sauveur, le quartier pullule de dépanneurs, à mon grand plaisir. Je ne les ai pas encore tous découverts, mais ce n’est qu’une question de temps avant que mes promenades m’aient amenée dans toutes les rues. C’est somme toute le Club vidéo Carl (aujourd’hui Accommodation Saint-Joseph) que j’aurai encouragé le plus en chips et en bières. La surabondance des produits dans les allées en fait un endroit très charmant que j’aime beaucoup visiter, mais c’est le dépanneur On connaît le tabac, quant à lui, qui m’aura vu dans mes plus laids atours plus d’une fois!

Et vous, quelle place occupent les dépanneurs dans votre quotidien?

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