À la recherche du mot perdu

Source : Le Soleil, Normand Provencher, 19 avril 2015 

L'organisme Atout-Lire propose trois cours d'alphabétisation par semaine. LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVERita s’exécute entre deux ricanements de timidité. « Lé-a nous quit-te-ra le 19 mars pour son congééé de ma-ter-ni-té. On lui sou-hai-te la… oh! ça, c’est un mot difficile… la meil-leu-re des chan-ces. »

En ce lundi après-midi de mars, dans un local de l’organisme communautaire Atout-Lire, dans le quartier Saint-Sauveur, la femme de 79 ans est attablée avec quatre autres participantes pour l’un de ses trois cours hebdomadaires d’alphabétisation. Au programme aujourd’hui dans cet atelier pour débutants, la lecture du bulletin d’information du CA. (…)

Honte et humiliation

Un adulte qui ne sait ni lire ni écrire doit composer avec un fort sentiment de honte et d’humiliation. Beaucoup vont déployer mille et un stratagèmes afin que leur entourage n’en sache rien.« Lorsque j’étais professeure, explique Diane Mockle, présidente de la Fondation pour l’alphabétisation, un homme venait aux ateliers avec sa boule de bowling et ses souliers pour faire croire qu’il allait jouer aux quilles. Sa femme et ses enfants n’en savaient rien. Il y a des gens qui vont traverser la ville pour être certains de ne croiser personne qui pourrait les reconnaître. » (…)

Un problème de société

« Le jour où un jeune obtient son diplôme, c’est souvent aussi la journée où il ferme son dernier livre. Dans sa perspective, la lecture devient un geste utilitaire et contraignant », déplore la présidente de la Fondation pour l’alphabétisation, Diane Mockle. À son avis, une vaste réflexion doit être engagée sur l’importance de la lecture pour mieux affronter les nouveaux diktats du monde du travail, où les exigences ne cessent de croître.Les problèmes sont de plus en plus complexes. Il existe un monde entre ce qui était exigé il y a 30 ans et ce qui est maintenant demandé pour fonctionner dans la société, avec l’omniprésence des nouvelles technologies. De plus en plus de gens ont du mal à suivre le courant. »Le gouvernement, les entreprises, le système scolaire, la famille, tout le monde devrait se sentir interpellé par ce « problème de société » qui commande une « stratégie nationale » pour en venir à bout, insiste Mme Mockle. (…)[ Tout l’article. À lire aussi : Atout-Lire (2 et fin). ]

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