Alors que le parc linéaire de la rivière Saint-Charles est habituellement un lieu de prédilection pour les coureurs du quartier, il devient nettement moins hospitalier pour eux une fois la première neige tombée. Les accros à l'endorphine qui comme moi veulent continuer à pratiquer leur sport en plein cœur de l'hiver doivent trouver des alternatives, ce qui n'est pas toujours évident dans un quartier aussi dense que Saint-Sauveur.
Un nouveau parc pour le quartier?
Alors que le parc linéaire de la rivière Saint-Charles est habituellement un lieu de prédilection pour les coureurs du quartier, il devient nettement moins hospitalier pour eux une fois la première neige tombée. Les accros à l’endorphine qui comme moi veulent continuer à pratiquer leur sport en plein cœur de l’hiver doivent trouver des alternatives, ce qui n’est pas toujours évident dans un quartier aussi dense que Saint-Sauveur.
C’est pourquoi j’ai été heureux de découvrir dans les environs un endroit où je pouvais continuer à m’adonner en toute tranquillité à mon sport favori durant la morne saison : le cimetière Saint-Charles.
Ce que je déteste lorsque je cours l’hiver, ce n’est pas tant le froid, ni mon nez qui coule, ni le fait que mes fichues lunettes s’embuent constamment (quoique…). Non. C’est plutôt de devoir courir dans la rue. J’ai beau m’être équipé de crampons, tenter de courir plusieurs kilomètres les deux pieds dans un mètre de poudreuse devrait automatiquement vous valoir la non-responsabilité criminelle pour cause de folie. Je dois donc me résoudre à courir là où c’est relativement bien déneigé, c’est-à-dire dans la rue. Et dans les rues de Saint-Sauveur, il y a de nombreuses intersections. Et aux intersections, des voitures. Et dans les voitures, des conducteurs pas toujours patients. Et dans les conducteurs pas patients, toujours une bonne raison de détester les coureurs qui courent dans la rue. Donc, les rues de Saint-Sauveur, ce n’est pas non plus l’idéal.
C’est donc avec soulagement que par un soir de novembre de l’an dernier, au lendemain d’une de ces bordées de neige hâtives dont Québec a le secret, j’ai découvert un endroit doté de longues boucles de sentiers déneigés, abrités du vent et oubliés des automobilistes, bref, un véritable paradis pour les coureurs… le cimetière Saint-Charles.Situé à l’extrémité ouest de la rue Saint-Vallier et bordé au nord par la rivière, le cimetière Saint-Charles fait face à autre cimetière plus petit, celui de Saint-Sauveur, qui date lui-même de 1867. Durant ce premier hiver, enthousiasmé par ma découverte, je suis retourné courir chaque semaine dans le plus grand des deux cimetières. Les longues allées étaient souvent déneigées plus rapidement que les trottoirs du quartier (ça, c’est une autre histoire…). C’était si agréable que j’ai été surpris de ne pas y croiser davantage de gens. J’avais souvent ce terrain de jeu pour moi seul.Le printemps revenu, j’ai bientôt repris mon parcours favori le long de la rivière Saint-Charles. Puis, par un beau soir d’été, pour changer un peu la routine, j’ai voulu faire un détour par le cimetière histoire de voir si c’était aussi agréable d’y courir en été qu’en hiver. Quelle ne fut pas ma surprise de me buter à un portail fermé! Après vérification auprès de la corporation qui gère le cimetière, on me confirma pourtant que les heures d’ouverture n’avaient pas changées.
« Mais je venais y courir le soir l’hiver dernier! »La dame au bout du fil m’informa que c’était tout simplement parce que les portails n’étaient pas verrouillés durant la saison froide afin de faciliter le déneigement. Officiellement, le cimetière avait toujours été fermé à partir de 16h30.Pourquoi les heures d’ouverture ne seraient-elles pas augmentées, au moins durant l’été? Les cimetières Saint-Charles et Saint-Sauveur sont magnifiques à cette période de l’année (j’y suis finalement retourné lorsqu’ils étaient ouverts). Pour faire bonne mesure, on ajoute quelques bancs, peut-être une fontaine pour se désaltérer et voilà un nouveau parc sans presque aucun sou dépensé, tout ça en plein centre-ville.
Au Québec, nous n’avons pas tellement l’habitude d’utiliser les cimetières à des fins récréatives, mais il y a des exemples. À Montréal, le cimetière du Mont-Royal est aménagé et ouvert jusqu’à 20h durant l’été, permettant à tout un chacun de s’y promener tranquillement après le travail et aux familles de visiter leurs disparus sans devoir se presser. Les cimetières Saint-Charles et Saint-Sauveur ne sont pas moins beaux, moins historiques ou moins agréables que celui du Mont-Royal. En assurer une meilleure accessibilité constituerait une façon simple et peu coûteuse d’améliorer la qualité de vie des gens du quartier. Des preneurs?
[ À lire aussi : Au fil des saisons (5): cimetière Saint-Charles ]
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