Pimp tes mollets
« Regarde la fille là-bas. Elle a vraiment des beaux mollets. » « Les mollets? » « Oui, les mollets. J’aime ça des mollets sportifs, bien découpés. »La première fois que j’ai entendu un commentaire comme ça, je suis resté un peu surpris. Après j’ai entendu plusieurs fois des gars et des filles parler de leur fascination pour les mollets. Ça me fait toujours un peu rire. Je ne sais pas s’il existe un nom pour ça. J’en ai pas trouvé.Une fois, un collègue avec qui je travaillais à Montréal m’a dit qu’on était chanceux les gars de Québec. Selon lui, les filles de Québec avaient des plus beaux mollets qu’ailleurs.« C’est à cause des escaliers. À Québec, c’est plein d’escaliers. C’est pour ça que les filles de Québec ont des beaux mollets. Elles sont toujours en train de marcher dans des escaliers.»J’étais encore plus surpris que la première fois. Je lui ai dit que je ne pouvais pas garantir sa théorie, mais que je pouvais lui dire dans quels quartiers les filles aux beaux mollets restaient.Ce qui est certain, c’est que des beaux mollets, on n’a pas fini d’en voir dans le quartier Saint-Sauveur. Depuis quelques années, les escaliers du coteau Sainte-Geneviève sont devenus des vrais gyms en plein air. Victoria (139 marches), Des Franciscains (178) et Belvédère (133) sont les plus populaires, mais certains « marcheurs » se font aussi un circuit en passant par Colbert (98) et la passerelle. Pour les aventureux, il y a aussi moyen de pousser jusqu’à Joffre (144), dans St-Malo, ou encore d’aller du côté de Saint-Roch pour se taper Lavigeur (157), Badelard (66) et du Faubourg (99). Plus de 1000 marches au total le long du coteau*. Que du choix, que du bonheur.Cette popularité peut se comprendre. C’est juste à côté, c’est efficace et ça ne coûte rien. Le problème, c’est que ça fait atrocement mal. À la course à pied, c’est pas trop difficile de faire semblant. On court pas trop vite, on marche au besoin. Un peu d’eau dans le visage et on a l’air d’un sportif qui s’entraîne quand on croise quelqu’un. Les escaliers, ça ne pardonne pas beaucoup. Quand on arrive en haut, on est presque violet, on souffle et on sent notre coeur battre jusqu’au bout des oreilles. Quand un gars arrive en haut avec le sourire et prêt à jaser, c’est parce qu’il commence à être pas mal en forme.Je connais un groupe de filles qui y vont régulièrement. Elles en profitent pour bitcher au max. Faire des escaliers ça met en forme, mais ça défoule encore plus. Ça fait sortir le méchant. Après ça, en plus, zéro culpabilité à prendre un mojito ou un verre de vin. Moi je préfère y aller seul avec de la musique de pouilleux dans le iPod. L’effet est presque le même, je prends une bière en revenant!C’est certain que le « Défi des escaliers » a augmenté la popularité de l’entraînement dans les escaliers. Beaucoup de monde va au Cap-Blanc parce que c’est le plus long et c’est sur les Plaines. Je dis beaucoup parce que quelquefois, il y a un peu trop de monde. Dans Saint-Sauveur, c’est moins fashion alors on ne se bouscule pas trop. Pour la longueur, c’est pas un problème. On a juste à les faire 2 ou 3 fois à la place et ça fait pareil.Pour un cardio du tonnerre, les escaliers c’est dur à battre. C’est au coin de la rue, c’est gratuit et c’est sûrement un des meilleurs ratios de calories brûlées à la minute. Il faut juste faire attention en descendant pour pas se casser la gueule et aussi parce que ça cogne un peu dans les genoux quand on va trop vite.Évidemment, un beau cardio c’est personnel. Personne ne s’en rend compte, excepté quand on arrive en haut de l’escalier. C’est un peu comme dire qu’on est beau en dedans. C’est un peu bidon. Les autres en ont rien à faire de ton dedans parce qu’ils le voient pas ton dedans. Les mollets on les voit par exemple!* Les marches, je les ai comptées en les montant. C’est possible que j’en aie passé une ou deux. J’étais peut-être occupé à reprendre mon souffle et à roter ma vie.
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