J’ai échoué un bon nombre de fois chez Jos Dion. En fin de soirée avec les copains, en 5 à tard avec des collègues ou encore très tard, juste pour prendre un dernier shooter avant le dodo. Pourtant, contrairement au titre de mon billet qui fait référence à la chanson thème de Cheers, personne ne connaît mon nom chez Jos. Mais une chose est sûre, à chaque visite, j’ai été séduite par la franche camaraderie qui anime la plus vieille taverne du Québec.« Es-tu sûre que tu devrais t’en reprendre? » Me dit cet homme attablé qui exhibe fièrement sa coupe Longueil, alors que je plonge mon petit panier de plastique vert forêt dans la machine à pop-corn. Dans d’autres circonstances, je lui aurais fait savoir ma façon de penser, mais chez Jos, c’est un peu comme dans les partys de famille, on se taquine. Même les employés ne se gênent pas non plus pour nous charier un peu.
Jeune depuis 1933
Pousser la porte de la Taverne chez Dion, c’est tourner une page sur le passé. En entrant, on pourrait se croire à l’époque où Saint-Sauveur était un quartier ouvrier et que la rue Saint-Vallier était encore pavée de shops de chaussures. Merci aux propriétaires qui, après avoir racheté l’endroit en 1999, lui ont redonné son charme antique, car si l’on se fie à cette vidéo, ce n’était pas aussi cute en 1995.Du plancher au plafond, tout est d’origine. Derrière le bar, trois lampes, dont une vraie de vraie, rachetée par les propriétaires et deux répliques. Sur les murs de bois, des photographies d’époque se mêlent aux vieilles publicités de bière et aux trophées de chasse et au-dessus de la toilette des dames, un derrière de chevreuil empaillé, qui nous rappelle que l’entrée des femmes dans la taverne en 1986, n’a pas l’affaire de tous, notamment celle du propriétaire de l’époque qui aurait préféré mettre la clef sous la porte!
Du sel, des femmes et d’la bière nom de Dieu!
Des tapas chez Jos Dion, vous ne verrez jamais ça. Quand on y va, on mange de la vraie bouffe de taverne : des œufs dans le vinaigre, des langues de porc dans le vinaigre et des tresses au fromage ultra salées. Et pour être bien sûr de faire plafonner votre taux de sodium dans le sang, on vous sert en accompagnement une poignée de biscuits soda avec ça. Tout pour attiser votre soif et vous encourager à prendre un autre pichet.On peut compter plus d’une douzaine de lignes de bière en fût, mais comme à Rome, on fait comme les Romains, chez Jos Dion, on fait comme les habitués, on se commande une grosse quille de Labatt 50. Pas besoin d’ajouter du sel là-dedans et en plus, ça vient avec un beau verre givré. On sait vivre quand même!Pour moi, La Taverne chez Jos Dion c’est comme une capsule temporelle. Pas le choix de faire « comme dans le temps ». Pour moi, ça se traduit par le fait de mettre une pièce de 2 dollars dans le jukebox en fin de veillée et d’enligner quelques morceaux de The Beatles, Depeche Mode ou encore de Iron Maiden pour réveiller ceux qui dorment la face dans leur buck.
De génération en génération
Avec le temps, la clientèle du Jos Dion est devenue plus éclectique. C’est devenu vachement in de sortir à la taverne. Les vieux habitués côtoient maintenant les hipsters! Même les gars de Billy Talent et Green Day ont déjà payé une visite à notre vieux Jos.Maintenant pourvue d’écrans de télé à plasma, la taverne est aussi devenue l’endroit de prédilection des amateurs de hockey et de boxe. Si vous voulez regarder un match dans une ambiance survoltée, je vous suggère de vous y prendre de bonne heure parce que y’a du monde!
Le champagne des pauvres
Fut un temps où le petit verre de bière coûtait 10 sous et où le client demandait au tavernier de lui remplir sa table de verres. Alors si vous souhaitez vivre l’expérience Jos Dion à fond, je vous suggère de commander « une table de draft », comme avant! Je vous le dit, il faut au moins le vivre une fois dans sa vie. Sur ce, santé!