De la Halle Saint-Pierre au Centre Durocher
Au coeur de la vie communuataire du quartier Saint-Sauveur : le Centre Durocher
Très tôt vers 6h30, le matin du 17 janvier 1945, le gardien de la Halle Saint-Pierre, Alphonse Frédéric, fait sa tournée d’inspection comme à l’habitude lorsqu’il constate que le feu s’est déclaré dans le bâtiment. Il n’a que le temps de sonner l’alarme et de réveiller sa famille qui habite dans la halle avant que le feu ne se répande. À leur arrivée, les pompiers, malgré un combat de deux heures, doivent constater leur impuissance. La bâtisse est entièrement détruite, causant plus de $100,000 de dommages. En plus de la halle de marché, l’incendie a fait disparaître la salle de réunion qui a servi pour toutes les réunions politiques et civiques dans la Ville de Québec depuis la fin du XIXe siècle. La plupart des partis politiques ainsi que les candidats à la mairie viennent finir leur campagne électorale dans le quartier le plus populeux de Québec. Même le communiste Tim Buck y a tenu une réunion particulièrement houleuse en 1938.La Halle de marché Saint-Pierre est construite par l’architecte Elzéar Charest en 1888, à la veille de la fusion municipale de Saint-Sauveur. Elle devient avec le temps le cœur commercial et communautaire du quartier. Lors de la fusion avec Québec en 1889, les résidents se sont fait promettre un parc public autour de la halle. Mais devant l’obligation d’exproprier de nombreuses propriétés pour réaliser le projet de parc, le maire de Québec, Simon-Napoléon-Parent, décidera en 1896 de s’entendre avec les religieuses de l’Hôpital-Général pour créer le parc Victoria.Après l’incendie de janvier 1945, les autorités de la Ville doivent décider de l’avenir de cet ancien marché. Deux conceptions s’affrontent : le conseiller du quartier, Pierre Bertrand, croit que le montant des assurances de $50,000 doit servir à une reconstruction immédiate de la halle. Le maire Lucien Borne, pour sa part, souhaite construire à cet endroit un centre récréatif entouré d’un parc de quartier. Il pense que le marché public devrait déménager en face de l’Hôpital du Sacré-Cœur, près de la rue Marie de l’Incarnation.Le maire Lucien Borne tient à son projet. Il fait d’abord asphalter en juillet 1945 le terrain de la halle. Il entreprend du même souffle des négociations avec les Pères Oblats qui dirigent la paroisse de Saint-Sauveur. Une entente est conclue en 1947 alors que la Ville cède une partie du terrain gratuitement pour la construction du Centre Durocher, en l’honneur de Flavien Durocher, curé oblat fondateur de la paroisse.Le nouveau centre de loisirs avec sa salle de quilles moderne est inauguré le 29 septembre 1950. L’édifice est béni par l’évêque de Québec qui affirme « l’importance des loisirs sains et honnêtes pour tous les membres d’une paroisse ». Le maire Lucien Borne est reconnaissant aux Oblats « qui grâce au don de la ville d’un terrain ont donné aux citoyens de Saint-Sauveur un monument ».L’historien de l’art Luc Noppen affirme en 2000 que le Centre Durocher constitue un monument de la modernité à Québec. Il écrit :
L’édifice avec ses ornements et ses éléments sculptés qui ponctuent ses élévations est un bel exemple de l’art déco à Québec. »
[ À lire aussi : Démolition du Centre Durocher : quel avenir pour le parc ? et Un samedi matin au Marché Saint-Sauveur. ]
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