Saint-Sauveur, comme un vieux chum !

Boris PerronPour moi, le quartier Saint-Sauveur c’est comme un vieux chum. Celui avec qui on parle comme si on avait pris une bière avec lui la veille, mais qu’on n’a pas vu depuis des mois. Il donne l’impression d’être toujours le même et c’est comme ça qu’on l’aime.Il avait une drôle de tête, le quartier Saint-Sauveur, quand je l’ai connu. C’était dans les années 90. Une rivière bien bétonnée, un boulevard Charest bien gris, des commerces qui ne roulaient pas fort avec des trous de balles dans les vitrines, des incendies plutôt louches, des règlements de compte. J’ai tout de suite adoré ça!J’étais jeune étudiant et je n’avais pas vraiment d’attache. Je me mélangeais peu aux gens du quartier et je me perdais quelques fois dans certains secteurs. J’étais comme un gars de la campagne pour qui le quartier donne l’impression d’être la grande ville, au cœur de l’action. Je trouvais ça grisant.J’ai quitté plusieurs années pour le travail. À mon retour, ma situation avait pas mal changé. J’avais une famille et envie de m’installer pour un bon bout de temps. Mon vieux chum de quartier avait l’air en forme. Des projets de restauration pour la rivière et le boulevard Charest, des nouveaux commerces, des citoyens qui rénovaient ou qui construisaient. Ça roulait son affaire et c’était parfait pour moi. Je le trouvais toujours aussi chouette.Le quartier Saint-Sauveur changeait mais pas tant que ça. C’était encore un quartier populaire de la Basse-Ville, avec des citoyens tissés serrés, des maisons collées les unes sur les autres et des voitures stationnées dans la rue. Le genre de quartier qui fait peur à certaines personnes de la banlieue. Ça lui donnait un charme irrésistible.Ça fait maintenant plusieurs années que j’y habite. À vrai dire, c’est l’endroit où je suis resté le plus longtemps de toute ma vie. Je connais les rues par cœur et je peux difficilement aller quelque part sans croiser quelqu’un que je connais. Je suis comme un gars de la ville pour qui le quartier donne l’impression d’être dans un petit village, un coin paisible. J’aime ça.C’est vrai qu’il a pris du mieux mon quartier. La rivière est magnifique, le boulevard est plein de verdure, c’est plein d’édifice aux façades coquettes. Mais au fond, il est toujours aussi authentique. En fait, c’est peut être juste moi qui a changé un peu en même temps que lui, et c’est probablement pour ça qu’on est encore des vieux chums.

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