Histoires de dépanneurs (1) : Épicerie Jeanne, l’irréductible gauloise!
« C’est barré. »« Pousse plus fort. »La lourde porte d’origine s’ouvrit alors. On entre dans la pièce. L’espace est relativement petit, mais optimisé. Derrière le comptoir, un jeune homme, approximativement de mon âge. Plus loin, un homme d’une cinquantaine d’années à l’air sévère et peu bavard.Tandis que je réglais mes achats au jeune homme : « Je me demandais… C’est vieux ici? »Ma question sous-entendait la réponse. L’homme plus âgé tourna alors son regard vers moi, avec un sourire perceptible.À travers nos échanges, j’appris que le père de celui-ci, Rolin Robin, avait acheté le lieu en 1943 et avait nommé l’épicerie de quartier en l’honneur de sa femme : Jeanne.Converti en dépanneur depuis plusieurs années, le lieu a beaucoup changé. Propriétaire depuis 1989,M. Robin se souvient parfaitement du temps de son père : de la chambre froide jadis utilisée pour l’entreposage de la viande, des divisions d’origine, alors que l’épicerie occupait environ 15 mètres carrés de superficie (une superficie au moins trois fois plus grande aujourd’hui). Jadis, les portes et fenêtres n’étaient pas sécurisées, M. Robin dut y remédier à la suite d’un triste épisode de vandalisme.
M. Robin a toujours vécu au-dessus de son commerce, de sa vie, de son histoire, de son patrimoine.Cet homme qui n’a jamais eu à rédiger un C.V. et qui, avec raison, se perçoit comme un « irréductible gaulois » tient à ses principes de la vieille école : argent comptant seulement, aucun retour de bouteilles consignées, fermé le dimanche.Comment voit-il les habitants du quartier?Comme des gens fiers.L’heure de fermeture passée depuis 30 minutes, on s’apprête à sortir. M. Robin termine en disant qu’il craint pour l’avenir, ne sachant s’il aura un jour à vendre l’entreprise familiale à un étranger. Derrière le comptoir, son fils eut un air surpris et timide à ces paroles. La relève de l’Épicerie Jeanne serait-elle assurée? Seul l’avenir nous le dira.D’ici là, lorsque je passerai la porte pour m’acheter une « pinte de lait », j’aurai toujours un regard admiratif pour cet irréductible gaulois situé à deux pas de chez moi.
Épicerie Jeanne598, av des Oblats418 523-4819