Histoire de l’aqueduc de Québec – 5
1932 : LA CONSTRUCTION DU RÉSERVOIR D’EAU POTABLE SUR LES PLAINES D’ABRAHAM
Québec connaît au milieu des années 1920 un développement accéléré, particulièrement dans les quartiers Montcalm et Limoilou. Il se construit de nombreuses maisons le long des rues où circulent les tramways de la Quebec Railway. Le réseau d’aqueduc ne suffit plus à la demande. La pression d’eau est insuffisante dans les nouveaux quartiers et la ville connaît des disettes d’eau potable de manière récurrente, suite à des fuites et des ruptures des réseaux d’approvisionnement.
Une commission d’ingénieurs, mandatée par la Ville de Québec en 1925, recommande la construction d’un réservoir sur les hauteurs de la Cité pour mieux protéger la ville contre les incendies et assurer un approvisionnement en eau potable plus sécuritaire. Le projet est évalué alors à 600 000 $. Il propose de construire sur les Plaines d’Abraham, soit un lac artificiel, ou alors un réservoir couvert. La question fait débat dans l’opinion publique de l’époque. Les citoyens voudraient un lac artificiel sur les Plaines alors que les ingénieurs recommandent un réservoir couvert.
La Ville commence à préparer des plans et devis en 1929. Elle décide de réaliser ce projet sur le site de l’usine de munitions de la Ross Rifles qui sera démolie. En août 1930, la Commission des Champs de bataille nationaux donne son accord à la condition que le réservoir soit « construit sous terre en béton et recouvert d’une couche de terre arable de deux pieds afin de permettre des plantations. »
Le maire de Québec Henri-Edgar Lavigueur, élu en février 1930, doit faire face à une situation économique qui se dégrade rapidement. En août 1930, le maire demande au gouvernement fédéral dans un mémoire d’intervenir pour aider les 5 000 chômeurs de Québec. Il propose d’entreprendre dans les plus brefs délais des travaux comme la construction d’un réservoir sur les Plaines, l’installation d’un égout collecteur le long de la rivière Saint-Charles et le projet de rénovation des fortifications. Dès septembre, le gouvernement fédéral vote un montant de 20 millions $ pour aider les chômeurs et en 1932, il crée le programme de Secours direct, ancêtre du programme d’assurance-chômage.
De 1930 à 1934, 2,5 millions $ seront dépensés à Québec en travaux municipaux et en secours direct par les trois niveaux de gouvernement pour faire face à la Crise. La Ville obtient en octobre 1930, le feu vert pour la construction du réservoir d’eau potable d’une capacité de 30 millions de gallons d’eau sous les Plaines d’Abraham. Le projet est évalué à un million de dollars et il donnera du travail à des centaines de chômeurs. Au début de 1931 commencent les travaux de démolition de l’usine de munitions Ross Rifle et par la suite au mois d’août sont entrepris les travaux de creusage du réservoir sur ce même site. Les travaux dureront deux ans.
Le 4 août 1933, les travaux sont terminés et l’on peut commencer à emplir le réservoir d’eau potable. Le maire Lavigueur déclare que « nous n’avons plus à redouter aucune disette d’eau dans la ville ». Les journaux se réjouissent en écrivant que l’on ne verra plus « le spectacle d’une population qui fait la chaîne avec des seaux en arrière des arrosoirs mécaniques » lors des ruptures du réseau. Avec le nouveau réservoir, même si les trois tuyaux d’eau potable qui relient Québec à la prise d’eau de Loretteville – en passant par la rue de l’Aqueduc dans le quartier Saint-Sauveur – se brisaient en même temps, la ville aurait une réserve d’eau pour 24 heures.
Revoir les Partie 1, Partie 2, Partie 3 et Partie 4 de l’histoire de l’aqueduc
À découvrir aussi : une capsule audio sur le sujet.
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