Histoire de l’aqueduc de Québec – 1
Québec connaît en 1845 une année terrible. Deux incendies majeurs rasent les deux tiers de la ville. Le 28 mai, le faubourg Saint-Roch est détruit et le 28 juin, le faubourg Saint-Jean subit la même épreuve. Le bilan est désastreux : plus de 2 000 maisons, magasins et entreprises détruites laissant 20 000 personnes sans-abri sur une population totale de 35 000 personnes. Les deux incendies provoquent également une soixantaine de décès.
La ville doit aussi affronter au cours de l’été 1847 une grave épidémie de typhus. Une famine éclate en Irlande, provoquée par une maladie affectant la pomme de terre, amène plus 100 000 immigrants à Québec à la station de quarantaine de Grosse-île. Cette épidémie transmise par les poux et l’absence d’hygiène entraîne la mort de plus de 17 000 immigrants, dont 5 000 à Grosse-île et plus de 800 à l’hôpital de la Marine de la Pointe-aux-Lièvres. L’hôpital reçoit alors jusqu’à 600 patients par jour.
À l’époque, les résidents de la ville s’approvisionnent en eau potable à même l’eau de qualité douteuse de la rivière Saint-Charles et du fleuve Saint-Laurent. Cette eau est transportée, distribuée et vendue sept sous du gallon par des charretiers dans tous les quartiers de la ville. Certains citoyens bien nantis dans la haute-ville possèdent une source d’eau privée qui permet de consommer une eau de meilleure qualité. Sans égout et sans aqueduc, les conditions sanitaires dans la ville favorisent le retour périodique des épidémies de choléra et une mortalité infantile très élevée.
Pour faire suite aux nombreuses épidémies de choléra et aux incendies majeurs qui ont affligé Québec, George O’Kill Stuart (photo), premier maire anglophone de la ville de Québec (1846-1850), demande au gouvernement du Canada-uni des pouvoirs pour construire un aqueduc municipal. Ce projet devient urgent avec la croissance importante de la ville. Le Parlement du Canada-uni adopte une loi pour fournir l’eau à la cité de Québec. La Ville obtient le pouvoir d’emprunter 200 000 $ dans le but d’exproprier et d’entreprendre des travaux pour un aqueduc.
Au printemps 1847, un ingénieur de Boston, George Rumford Baldwin, est choisi pour étudier la faisabilité d’un tel projet. Il a travaillé comme ingénieur sur de nombreux projets d’aqueduc et de chemins de fer aux États-Unis. Une année plus tard, dans un rapport au maire Stuart, il recommande à la ville de choisir comme source d’approvisionnement, soit la rivière Saint-Charles ou la rivière Montmorency. Mais l’ingénieur Baldwin recommande le choix de la rivière Saint-Charles, car le lac Saint-Charles constitue un grand réservoir naturel qui pourra garantir un approvisionnement en eau régulier autant durant les grandes sécheresses estivales que durant les hivers les plus froids. Il reste, selon le maire, à convaincre les citoyens de Québec d’accepter le principe d’une nouvelle taxation sur l’eau avant d’entreprendre la construction de l’aqueduc dont le coût est évalué à près d’un million de dollars.
À suivre le 27 janvier : La construction de l’aqueduc
À découvrir aussi : une capsule radio sur le sujet.
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