De partout jusqu’à nous

Jamais je n’aurais pensé habiter dans Saint-Sauveur. Jamais. C’était loin. C’était plate. C’était gris. Il n’y avait rien à faire.Quand je suis arrivée à Québec pour y étudier au baccalauréat en théâtre à l’université, je ne connaissais pas Québec. Absolument rien. J’ai donc passé ma première année dans le sous-sol d’une résidence rue Myrand… C’était hiver où Québec a battu son record d’accumulation de neige au sol : « 400 cm pour le 400e ! » disaient les gros titres des journaux. Puis, voulant à tout prix fuir Sainte-Foy et les sous-sols, je me suis ramassée dans un 3e étage Boulevard René-Lévesque à la hauteur de Sillery. La neige ne pouvait plus obscurcir mon appartement, mais la vie de quartier était totalement absente… et le quartier n’en était pas vraiment un non plus à vrai dire… J’habitais Québec depuis maintenant trois ans (mon copain depuis un an), je l’avais exploré, lui aussi, nous avions désormais envie de le vivre.Saint-Jean-Baptiste nous a accueilli pendant une année. Nous avons adoré habiter le quartier, nous nourrir du pain de la boulangerie d’à côté et du bon café d’en face… mais les circonstances du logement dans lequel nous vivions nous ont forcés à aller voir ailleurs si on y était. C’est comme ça que j’ai pu réaliser mon rêve d’habiter dans le Vieux-Québec. Passionnée d’histoire et amoureuse de la bonne bouffe, j’y ai vécu trois belles années à ne jamais me lasser de parcourir ses rues, jour et nuit, et à observer la vie qui s’animait par les travailleurs du quartier et ses touristes.Mais l’appartement était devenu petit avec le temps et les touristes de moins en moins plaisants. En trois ans, je ne savais toujours pas qui étaient mes voisins et qui étaient les vacanciers… Et, coup de théâtre, nous avons décidé de visiter l’appartement de quelqu’un qui cédait son bail rue Saint-Vallier, juste pour voir. Nous avons eu un coup de cœur ; nous avons déménagé.C’est comme ça que nous sommes arrivés dans Saint-Sauveur, le 26 septembre dernier. Dès les premières heures — même si les montagnes de boîtes nous empêchaient de circuler normalement — nous nous sommes sentis chez nous. Un vrai « chez nous ». Habituellement, quand on est jeune et qu’on déménage, on sait qu’il y aura toujours un appartement « après ». C’est comme ça. Quand on s’est levés le 27 septembre, on a su qu’on était chez nous. On s’est juste dit : « on est bien ».Quand on regarde devant, nous avons la ville, la rue Saint-Vallier qui bouge continuellement avec au loin les Laurentides qu’on peut voir de notre troisième étage, là où je m’installe pour travailler. À droite, la vue de la haute-ville et ses édifices, et à gauche, l’entrée dans l’authenticité de ce qu’est un vrai quartier avec ses habitants, ses personnages, ses commerces, ses logements, mais surtout son vécu. L’inspiration créative ne manque pas ! Et derrière, nous avons la tranquillité de la campagne… l’odeur des BBQs, le bruit du vent dans les feuilles et les rires des enfants qui jouent dans la ruelle. Si ça c’est pas la vraie vie!C’est de ça dont il sera question dans mes prochains billets. De la vraie vie. Des impressions que j’ai du quartier, des histoires qui germent en moi, des observations pseudo-poétiques ou des anecdotes théâtrales… Parce que Saint-Sauveur est encore trop méconnu… Et parce qu’il y a un feu qui grouille dans l’âme de chaque habitant, et dans l’âme de chaque rue, qui ne demande qu’à exploser pour être connu.Et moi j’aime jouer avec le feu.

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