Ça roule ma poule !

Un ami à moi qui reste dans le quartier Saint-Sauveur est venu faire un tour à la maison dernièrement pour partager un poulet BBQ. Il m’a raconté la curieuse expérience qu’il a entreprit dans sa cour arrière. Soucieux de l’environnement et amateur d’œufs en tout genre, il s’est mis dans la tête de faire de l’élevage de poules en ville. La première réaction des gens autour de la table a été d’affirmer que c’était interdit. Mon ami est un rebelle sans cause et, pour une fois, on dirait qu’il en a trouvé une. Il entend prouver au  monde entier, et en particulier à nos élus municipaux, que l’élevage de poules en milieu urbain, c’est quelque chose de possible qui a fait ses preuves ailleurs.À Québec, il est interdit de posséder des animaux d’élevage, sauf si le zonage le permet. La Ville «tolère» cependant quelques initiatives à condition que les voisins ne portent pas plainte. En clair, ça veut dire que si on sait comment s’y prendre et qu’on s’occupe bien de notre projet, on peut se retrouver assez vite auto-suffisant en délicieux cocos. Alors pourquoi se casser la tête à produire ses œufs quand on peut les acheter à l’épicerie ?Mon ami a été simple et direct. Il veut savoir ce qu’il mange. Il veut investir ses dix dollars d’œufs bios par semaine dans quelque chose de différent. Il veut pouvoir partager cette denrée avec son entourage tout en respectant ses voisins. Il veut se soustraire à l’industrialisation. « Ça permet d’installer une forme de respect envers ce que l’on mange et ça me donne aussi une certaine fierté » m’a-t-il dit. Sans tomber dans le «retour à la terre» des années 70, il me parle plutôt d’une réappropriation de celle-ci par le micro-élevage d’animaux et l’agriculture urbaine.Il y a cent ans, il y avait des étables, des poulaillers et des jardins partout à Saint-Sauveur. Maintenant, on fait venir nos fruits et légumes génétiquement modifiés de la Californie et on mange des poulets qui ont passé leur vie dans une minuscule cage gavés d’antibiotiques. Nous avons peu à peu perdu l’expertise de la culture que nos ancêtres se transmettaient de génération en génération. Nous avons moins la notion de saison, de saveur et de terroir quand tout ce que nous achetons est emballé dans du plastique, lavé, modifié, préparé par des compagnies anonymes. Certes, ils sont là pour nous aider à nous nourrir et ainsi nous donner plus de temps pour nos obligations quotidiennes… Mais qu’est-ce qui est donc plus important que de choisir comment manger ?Il est drôle ce rebelle sans cause. Il me fait penser à moi. Peut-être que son idée fera du chemin. Peut-être que dans un avenir rapproché, la ville de Québec va encourager cette pratique. Bienvenue dans le quartier les cocottes ![ À lire aussi : Avoir son poulailler en ville ]

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